Accusé de corruption par un hebdomadaire japonais, le ministre de la revitalisation économique, Akira Amari, a décidé de remettre sa démission ce jeudi 28 janvier.

Akira Amari lors du sommet de Davos (Suisse) de 2013 (© World Economic Forum)
Akira Amari lors du sommet de Davos (Suisse) de 2013 (© World Economic Forum)

Fragilisé par une affaire de corruption, Akira Amari, l’un des plus proches collaborateurs de Shinzô Abe et ministre de la revitalisation économique depuis 2012, a été contraint de quitter le gouvernement.

Dans son édition du 21 janvier, le Shûkan Bunshun avait révélé l’existence de plusieurs pots de vin émis par le cadre d’une entreprise de construction de Chiba en litige avec la Toshi Saisei Kikô, une agence semi-publique. Cet argent a été adressé au cabinet d’Akira Amari afin que ce dernier appuie la résolution de ce différend en faveur de l’entreprise corruptrice. Au total, au moins 12 millions de yens (94 000 euros) auraient été envoyés entre novembre 2013 et février 2014.

Lorsque le scandale avait éclaté, le désormais ex-ministre de la revitalisation économique avait nié les faits, soutenu par le Premier ministre. Sollicité à plusieurs reprises par les députés de l’opposition et les médias pour des explications, Akira Amari n’avait eu d’autre choix que d’organiser une conférence de presse durant laquelle il a pu revenir sur les accusations dont il faisait l’objet. Il avait alors reconnu la réception d’un million de yens (7 800 euros) qui lui avaient été directement versés. Seulement cette somme, selon lui, aurait été reportée sur le registre public de contrôle des fonds du ministère, rien d’illicite donc. Cependant cinq autres millions (environ 40 000 euros), dont trois non déclarés, ont été encaissés par des membres du cabinet et utilisés à titre privé.

Prétextant n’avoir commis aucun fait illégal, Akira Amari a pris malgré tout la décision d’être tenu responsable de la mauvaise gestion des comptes opérée par son équipe, et a ainsi présenté avec émotion sa démission.

Ce n’est pas la première fois qu’un ministre d’Abe se voit forcé de quitter le gouvernement pour des malversations. En 2014, les ministres Yûko Obuchi et Midori Matsushima, par exemple, ont été subitement écartées du pouvoir pour abus de fonds publics. Cependant le départ du Ministre de la revitalisation économique est un événement politique bien plus déstabilisant pour Shinzô Abe. Akira Amari a été l’un des artisans de son élection à la tête du pays en 2006 et 2012, et figure ainsi parmi les plus fidèles soutiens de l’actuel Premier ministre. Il était également l’un des hommes les plus influents du gouvernement puisqu’il a conduit les négociations réussies de l’Accord de partenariat trans-pacifique (TPP) et contribué grandement à la création des Abenomics (politique japonaise de relance économique). Sa démission était donc une surprise pour nombre de politologues et journalistes spécialisés.

À quelques mois des élections pour renouveler la chambre des conseillers (chambre haute du Parlement japonais), ce scandale et le départ d’Amari peuvent affaiblir le Parti Libéral Démocrate. Les observateurs de la vie économique japonaise craignent que sa démission ne fasse qu’endiguer les Abenomics, en manque de résultat depuis déjà plusieurs mois et qui ne parviennent pas à être à la hauteur des promesses du gouvernement. De plus, les attaques répétées à la Diète des députés du Parti Démocrate du Japon contre Akira Amari ont démontré en un sens leur faculté à porter une vraie voix d’opposition, un élément qui leur faisait résolument défaut dans la lutte politique nipponne et qui pourrait réajuster le rapport de force.

Le remplaçant d’Akira Amari a été désigné en la personne de Nobuteru Ishihara (le fils de Shintarô Ishihara, ex-Gouverneur de Tôkyô entre autres), ancien ministre de l’Environnement. Il a tenu à se montrer rassurant et s’est engagé à poursuivre dans les meilleures conditions les projets de son prédécesseur. À peine nommé, il compte d’ores et déjà de nombreux détracteurs. Des doutes ont surgi sur sa capacité à prendre la relève d’Amari dans la mesure où il n’a pas pu suivre avec la même attention et implication les dossiers sensibles des Abenomics et du TPP. En outre, Nobuteru Ishihara est coutumier des déclarations polémiques pour lesquelles il est fréquemment la cible de critiques virulentes. Sa nomination est donc loin de faire l’unanimité.

Quoiqu’il en soit, Shinzô Abe perd un homme de confiance qui œuvrait continuellement pour la réussite de sa politique économique. Son éviction impactera probablement le bon déroulement de ses réformes.

Hugo Pelet – The Japan Times

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