Depuis le mois de septembre, les îles japonaises Ogasawara, à 950 km au sud de Tôkyô, ont attiré de nouveaux visiteurs. Les dizaines de navires en question, chinois selon toute vraisemblance, ne seraient pourtant pas venus pour admirer ce site naturel, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, mais pour braconner du corail. Japon Infos a interrogé un expert japonais du corail pour en savoir plus.

Localisation des braconniers de corail. © Jean-François Heimburger
Localisation des braconniers de corail.
© Jean-François Heimburger

Les messages visuels des garde-côtes japonais incitant les braconniers à quitter la zone sont restés sans effet. Les quelques arrestations de capitaines pour ramassage illicite n’étaient pas très persuasives non plus – jusqu’à récemment en tout cas. Seule la force de la nature semblait pouvoir écarter efficacement les flottes. Le 20e typhon de l’année les a bien fait partir vers le sud, début novembre, mais pour un temps seulement. Leur objectif était clair : tout tenter pour récolter du « corail précieux », servant à la fabrication de bijoux.

Cette surpêche est un danger pour l’environnement

Trois espèces de corail sont pêchées dans la zone, entre 100 et 300 mètres de profondeur : Corallium elatius (corail pêche ou corail rose), Corallium konojoi (corail blanc) et Paracorallium japonicum (corail rouge). Or cette surpêche, en plus d’être illégale, représente un danger pour ces coraux. Ils ne gagnent que 2 à 6 mm de long et 0,2 à 0,4 mm d’épaisseur par an et mettent plusieurs décennies avant d’atteindre leur maturité. « Les filets à corail utilisés par le Japon et ceux des navires chinois qui pêchent en zone interdite sont fondamentalement identiques, explique Nozomu Iwasaki, professeur à la faculté de science géo-environnementale de l’Université Rissho. Mais les navires corailleurs chinois, de grande dimension, étaient très nombreux, et chacun d’entre eux semblait capturer les coraux avec plusieurs filets. L’influence sur l’environnement est par conséquent importante. »

Dans la zone économique exclusive du Japon, l’autorisation de pêche est donnée par le gouverneur de la préfecture en question. « La règlementation en la matière diffère selon chaque préfecture, précise Nozomu Iwasaki. Celle de Kôchi, par exemple, fixe la zone de pêche, exige une suspension de l’activité durant quatre mois dans l’année et limite le nombre de filin à un par navire. » Il s’agit ainsi d’assurer une exploitation durable du corail, en le préservant au maximum. Or le braconnage pratiqué depuis septembre pourrait anéantir ces efforts, également suivis par d’autres pays, dont la Chine. Pékin a d’ailleurs fait savoir, le mois dernier, qu’elle prendrait des mesures contre cette pratique.

Un commerce juteux

Si le phénomène n’est pas nouveau, il a pris de l’ampleur cette année. Qu’est-ce qui attire tant ces corailleurs ? « C’est surtout le corail rouge qui se vend bien, en Chine, indique Nozomu Iwasaki. Dans ce pays, l’augmentation de la demande en corail a d’ailleurs entraîné une hausse des prix ces dernières années. » Mais la récolte de l’ »or rouge » ne sera bientôt plus aussi rentable, après la récente décision de la Diète japonaise. L’amende maximale pour toute pêche non autorisée dans les eaux japonaises est désormais fixée à 30 millions de yens (200 000 €). Les garde-côtes japonais ont depuis intensifié les arrestations. Le nombre des corailleurs chinois, qui dépassait la centaine en octobre, y compris dans l’archipel d’Izu, serait ainsi passé en-dessous de dix au début de la semaine. Le 27 novembre, pour la première fois depuis deux mois, les garde-côtes ont déclaré n’avoir observé aucun bateau suspecté de pêche illicite au corail.

Jean-François Heimburger, journaliste

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