{{La victoire écrasante des démocrates leur donne les coudées franches pour mener à bien leur programme de réformes. Mais ils devront agir dans la transparence, pour éviter les travers de leurs prédécesseurs.}}

{{{Une nouvelle page de l’histoire politique japonaise}}}

L’extraordinaire volonté populaire vient d’ouvrir une nouvelle page dans l’histoire de la politique japonaise : celle de l’alternance. Les résultats dépassent toutes les attentes. Dans les circonscriptions à scrutin majoritaire, de nombreux dirigeants du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir ont perdu leur siège les uns après les autres.

Le président et le secrétaire général du Komeito [l’allié d’obédience bouddhiste du PLD] ont eux aussi été battus. A leur place, un grand nombre de jeunes candidats et de candidates présentés par le Parti démocrate (PDJ) ont été élus alors qu’ils étaient pratiquement inconnus sur la scène politique.

Les raisons de ce bouleversement sont claires. Le PLD n’a pas su répondre aux problèmes causés par la modification structurelle de la société qu’ont engendrée le déclin démographique et l’épuisement de l’économie nationale provoqué par la mondialisation. Et cet échec lui a fait perdre la confiance des électeurs. A cela est venue s’ajouter la récession mondiale, qui a suscité chez les Japonais une réaction de repli sur soi et d’inquiétude pour l’avenir.

{{{Un profond désir de changement des électeurs japonais}}}

L’avalanche de bulletins de vote qui a déferlé sur le PDJ en dit long sur la lassitude des électeurs et sur leur profond désir de changement. Mais cela ne signifie pas qu’ils fassent entière confiance à un gouvernement démocrate. Selon un récent sondage réalisé par l’Asahi Shimbun, le programme des démocrates est étonnamment peu apprécié. A vrai dire, il doit inspirer un sentiment mêlé d’espoir et d’inquiétude.

Une formation qui n’a jamais accédé au pouvoir s’apprête aujourd’hui à diriger le pays. Elle promet une grande réforme des procédures de décision politique et des liens avec l’administration. Mais il est difficile de tout changer d’un coup et, en voulant obtenir des résultats rapides, le PDJ risque de commettre des faux pas. Pour éviter d’en arriver là, voici quelques propositions qui pourraient lui être utiles.

Le premier tournant décisif se situera fin décembre, date à laquelle s’achèvera l’établissement du budget du prochain exercice [qui débutera en avril 2010]. Une centaine de jours se seront écoulés depuis la formation du nouveau gouvernement, qui devrait intervenir à la mi-septembre. Le PDJ doit considérer cette période comme le temps nécessaire pour asseoir son pouvoir et s’atteler de toutes ses forces suivant un ordre de priorités bien établi.

{{{Apporter de la transparence}}}

Trois grandes tâches l’attendent. Tout d’abord, il doit introduire de la transparence dans la classe politique et dans l’administration. En devenant le parti majoritaire, le PDJ aura facilement accès aux informations détenues par les bureaucrates.

Il devra alors les passer au crible et les rendre publiques – pantouflage, attribution de marchés de gré à gré, collusion avec les milieux d’affaires, scandales de santé publique, conclusion avec les Etats-Unis d’un accord secret sur l’introduction d’armes nucléaires dans l’archipel, accord que les gouvernements libéraux-démocrates successifs avaient cherché à dissimuler…

Comme il l’a déjà fait lors de la disparition de dossiers de retraite [en 2007, on avait appris que les services sociaux avaient “égaré” quelque 50 millions de dossiers], le PDJ devra dévoiler toutes les affaires qui avaient été étouffées jusqu’ici.

{{{Quel avenir pour la politique étrangère japonaise ?}}}

En second lieu, lorsqu’ils définiront concrètement leur politique, les démocrates devront avoir le courage de faire volte-face s’ils y relèvent des erreurs ou des insuffisances par rapport à leur programme électoral.

Il est essentiel que le parti applique fidèlement les mesures promises. Mais il doit tenir compte du fait que, selon un sondage de l’Asahi Shimbun, 83 % des Japonais “s’interrogent” sur le financement de certaines d’entre elles.

Il y a aussi des mesures, comme la gratuité des autoroutes, sur lesquelles le PDJ ne doit pas hésiter à revenir. Il sera particulièrement urgent de vérifier les comptes généraux et les comptes spéciaux du budget, de renoncer aux mesures entraînant des dépenses inutiles ou ayant une importance secondaire et de rendre publics les résultats de ces enquêtes.

A défaut, le nouveau gouvernement aura du mal à établir un budget convaincant. Le futur nouveau Premier ministre, Yukio Hatoyama, assistera à l’Assemblée générale annuelle des Nations unies et au sommet du G20 qui doivent se tenir fin septembre aux Etats-Unis.

Qu’est-ce qui va perdurer et qu’est-ce qui va changer dans la politique étrangère du Japon ? Pour rassurer le peuple japonais et la communauté internationale, le gouvernement va devoir annoncer rapidement ses grandes orientations diplomatiques.

[Source : Courrier International->http://www.courrierinternational.com/article/2009/09/01/les-grands-chantiers-du-parti-democrate]

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