La situation diplomatique entre Moscou et Tôkyô s’était déjà dégradée auparavant suite aux sanctions prises par le Japon contre la Russie pour contrer son ingérence en Ukraine. Cette fois-ci, l’escalade a eu lieu de manière concrète lorsque la Russie a décidé de réaliser des exercices militaires sur deux des îles disputées par les deux pays, les îles Itouroup et Kunashir.

Poutine_Abe_Australie_sommet_2007-11Le Japon n’est pas prêt d’en avoir fini avec ses multiples conflits territoriaux. Si la Chine était déjà un adversaire de taille, le Japon peut maintenant s’inquiéter, à juste titre, de la Russie. Avant que la Russie ne s’implique dans le conflit qui divise l’Ukraine, les tensions étaient bien présentes, mais atténuées par une volonté d’ouverture au dialogue. En effet, le Premier ministre japonais, Shinzô Abe, a rencontré le président russe, Vladimir Poutine, cinq fois durant la première année de son mandat. Il n’a jamais pu se targuer d’en avoir fait de même avec ses voisins chinois et coréens.

Mais il semblerait que les sanctions que le Japon a décidé d’appliquer au même titre que ses alliés occidentaux n’a pas été du goût du gouvernement russe. Si la politique étrangère japonaise a été moins dure envers la Russie que ce qu’avait préconisé les États-Unis, cela n’a pas été jugé suffisant et pourrait ne pas jouer en faveur du Japon. La Russie est, après tout, un gros fournisseur d’énergie, dont le Japon a cruellement besoin pour remplacer l’énergie nucléaire manquante depuis la crise nucléaire de Fukushima en 2011.

De ce fait, Vladimir Poutine avait déjà prévenu le gouvernement japonais que les négociations pour les quatre îles des Territoires du Nord (nom des îles Kouriles réclamées par les japonais) pourraient être entravées. Plus de 1 000 soldats ont donc été mobilisés sur les îles Itouroup et Kunashir, ainsi que des hélicoptères de combat et du matériel de guerre. Cet exercice militaire prouve que les efforts de Shinzô Abe à maintenir les négociations sur les îles et sur l’apport de ressources énergétiques ont été réduits à néant.

Claire Bouyssou – source : The Asahi Shimbun

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11 Commentaires

  1. Le Japon compte parmi les « défaits » de la Seconde Guerre mondiale.

    En quoi est-il légitime de lui octroyer « ses » anciennes îles?

    Shinzo ABE joue avec le feu, ces derniers temps…

    • Le Japon a renoncé à tout droit sur ces îles par le traité de San-Francisco, que la Russie ait signé ou pas ne change rien.

      • Bonjour deepslv,
        Dans ce traité de San Francisco, l’article 2 précise en effet que « […] le Japon renonce à tous ses droits, titres et revendications sur les îles Kouriles […] ». Or il existe deux problèmes principaux : il n’est précisé ni le pays bénéficiaire ni l’autorité chargée d’administrer ces territoires ; ces îles Kouriles ne sont pas énumérés. Cela implique donc un vide juridique évident. Le Japon a ainsi signé ce traité, mais considérait que deux des quatre « Territoires du Nord » ne faisaient pas partie des îles Kouriles, mais de Hokkaïdô. En outre, selon les États-Unis, les îles Habomai ne faisaient pas partie non plus des îles Kouriles…

        • Article 2

          (a) Japan recognizing the independence of Korea, renounces all right, title and claim to Korea, including the islands of Quelpart, Port Hamilton and Dagelet.

          (b) Japan renounces all right, title and claim to Formosa and the Pescadores.

          (c) Japan renounces all right, title and claim to the Kurile Islands, and to that portion of Sakhalin and the islands adjacent to it over which Japan acquired sovereignty as a consequence of the Treaty of Portsmouth of 5 September 1905.

          (d) Japan renounces all right, title and claim in connection with the League of Nations Mandate System, and accepts the action of the United Nations Security Council of 2 April 1947, extending the trusteeship system to the Pacific Islands formerly under mandate to Japan.

          (e) Japan renounces all claim to any right or title to or interest in connection with any part of the Antarctic area, whether deriving from the activities of Japanese nationals or otherwise.

          (f) Japan renounces all right, title and claim to the Spratly Islands and to the Paracel Islands.

          Voici l’article 2 en entier, le libellé est le même pour Formose ( Taïwan ) et les îles Kouriles, il n’y a aucune attribution à un autre pays dans les deux cas. Le Japon n’a pas précisé quelles étaient les îles qu’il comptait dans son territoire aussi tout l’archipel des Kouriles selon la cartographie internationale fut pris en compte. C’était peut être une erreur mais le traité à été signé par le Japon, il en accepte donc les clauses.

          • J’espère que vous avez compris le vide juridique évoqué plus haut, lié à l’ambiguïté du texte. Le Japon a effectivement accepté la clause territoriale de ce traité, mais l’interprète différemment (comme les États-Unis, par exemple).
            Il est par ailleurs à noter que ce texte a été rédigé notamment en anglais, français, espagnol et japonais, cette dernière langue ne faisant toutefois pas foi (au contraire des premières) : cela semble donc aussi avoir permis au Japon de « jouer sur les mots ».

  2. Jean François, il n’y a d’ambiguïté que du cote du Japon qui fidèle à son habitude aime réinterpréter les textes qu’il a signé quand ceux ci ne lui conviennent plus, que cela soit sa propre constitution ou les traités internationaux comme la chasse à la baleine. On verra bien si la signature de la convention de La Haye serra respectée dans les termes ou si elle ne fera pas l’objet d’une réinterprétation toute japonaise.

    • Encore une fois, les États-Unis ont déclaré lors de la signature du traité que le gouvernement américain n’incluait pas les îles Habomai dans les Kouriles, les 47 autres signataires n’ayant pas émis d’avis différent.

      • Ce n’est pas exactement les États Unis mais le Sena américain qui a ajouté cette réserve qui en quelque sorte annulait l’accord secret de Yalta entre Staline et Eisenhower sur le partage de cette partie du monde.

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