Trois contentieux territoriaux continuent d’opposer le Japon à ses voisins, dont la Corée du Sud à propos des îlots Takeshima/Dokdo. Le week-end dernier, un vieux plan, établi par le gouvernement nippon en 1951 et qui exclurait ce territoire du Japon, a été rendu public dans la péninsule.

Les rochers Liancourt, ou Dokdo en coréen, ou Takeshima en japonais. Photo : Rachouette, professeur à Seoul, Corée du Sud, 2007.
Les rochers Liancourt, ou Dokdo en coréen, ou Takeshima en japonais. Photo : Rachouette, professeur à Seoul, Corée du Sud, 2007.

En raison des divergences d’interprétation de leur histoire commune, les relations entre le Japon et la Corée du Sud sont toujours difficiles. Si le premier souhaiterait se libérer du passé et regarder vers l’avenir, le second vit toujours dans le souvenir des souffrances liées à l’occupation japonaise (1910-1945) et n’accorde que peu de crédibilité aux excuses exprimées par Tokyo.

Dans cet environnement, le différend territorial relatif aux îlots Takeshima (nom japonais) / Dokdo (nom coréen) persiste, même s’il peut paraître insignifiant au regard de leurs superficies (8 et 12 hectares). Bien que sous administration sud-coréenne depuis le règlement de la Seconde Guerre mondiale, les rochers de Liancourt – nom tiré du baleinier qui les découvrit en 1849 – sont revendiqués par le Japon. Tokyo avance notamment le fait qu’ils ne sont pas mentionnés dans le traité de paix de San Francisco de 1951, qui définit les frontières du territoire nippon.

Depuis le gel de leur différend suite à la signature en 1965 du Traité général de relation entre le Japon et la république de Corée, les deux pays s’entendent sur une zone d’exploitation des ressources maritimes. Mais la publication d’un plan, réalisé par le gouvernement japonais en 1951 et qui exclurait les îlots en question de l’Archipel, revient mettre le feu aux poudres. Cette tension, générée depuis l’indépendance de la Corée du Sud, est régulièrement exacerbée, notamment suite à l’ordonnance du 16 mars 2005 de la préfecture japonaise de Shimane, qui désigne le 22 février « jour de Takeshima », ainsi qu’à la rémanence de l’idée nationale dans la péninsule coréenne la même année. En avril-mai 2006, le Japon a appareillé des navires de recherches pour mener des études autour des deux îlots, suite à quoi la Corée a déployé sur zone plusieurs navires de guerre.

Plus récemment, en été 2012, Lee Myung-Bak a été le premier chef d’État sud-coréen à se rendre sur Takeshima/Dokdo. Quelques mois plus tard, la nouvelle présidente Park Geun-Hye a confirmé durant sa campagne que les rochers ne feraient l’objet d’aucune négociation. Fin 2013, le budget coréen alloué à la promotion des îlots a été augmenté de 60 % dans le but de réaffirmer la souveraineté de la Corée du Sud en la matière. Du côté japonais, le 22 février 2013, une représentante du gouvernement a participé pour la première fois à la journée Takeshima, rappelant que les deux îlots font partie de l’Archipel. Pour l’édition de 2014, le Premier ministre Shinzô Abe a une nouvelle fois envoyé un officiel pour représenter son pays.

Quelques raisons d’espérer

Bien que les hommes et femmes politiques japonais et sud-coréens continuent de camper sur leur position, ils expriment en même temps leur souhait de renforcer les liens qui unissent les deux pays tout en contribuant à la paix et à la prospérité en Asie du Nord-Est. Si aucun des deux camps ne semble faire de pas décisif vers un réchauffement durable des relations nippo-coréennes, il existe d’autres signes encourageants.

En plus de la forte interdépendance économique entre les deux pays, de leur intérêt commun vis-à-vis de la sécurité des voies maritimes et de la menace commune de la Corée du Nord, les produits culturels japonais et coréens se taillent un beau succès dans chacun des deux pays. Les étudiants coréens ont par exemple le niveau de japonais le plus élevé parmi les apprenants étrangers et la « vague coréenne » reste tendance dans l’Archipel, où les jeunes marquent leur admiration pour la mode vestimentaire et musicale venue de Séoul.

Des relations jugées importantes

Selon un sondage réalisé et publié par le gouvernement nippon en 2013, 60 % des personnes ayant répondu estiment que les rochers Takeshima/Dokdo font partie du territoire japonais, en termes d’histoire et de droit international. Ce taux baisse toutefois à 35 % en considérant toutes les personnes interrogées. Compte tenu de cette abstention, il est en outre probable que l’indifférence exprimée par 28 % des Japonais, qui ont indiqué ne pas accorder d’intérêt à ce contentieux territorial, soit en réalité plus générale.

En Corée du Sud, le sentiment antijaponais semble toutefois plus fort, comme le révèle un autre sondage, réalisé conjointement par un groupe de réflexion japonais et un institut de recherche sud-coréen au printemps 2013 : 77 % des Sud-Coréens interrogés disent avoir une opinion négative du Japon, tandis que 37  % des Japonais ont une impression défavorable de la Corée du Sud. Mais dans les deux pays, plus de trois quarts des habitants trouvent que leurs relations sont importantes.

Les dirigeants des pays du Soleil levant et du Matin calme prendront peut-être la mesure de leurs décisions l’année prochaine, lors du cinquantième anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques. Il va sans dire qu’une entente relative aux îlots de Liancourt serait bénéfique pour l’environnement géopolitique dans cette région et l’image des deux nations dans le monde.

Jean-François Heimburger

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