Le gouvernement a refusé les contrôles systématiques sur les fruits et autres viandes provenant des préfectures proches de Fukushima.

Dans les débats précédents l’élection d’un nouveau Premier ministre, le sujet n’a pas été évoqué. Les articles sur cette thématique sont rares dans les médias. Pourtant, à la sortie des écoles, dans les entreprises ou sur Internet, la population est obnubilée par la peur d’une contamination de la nourriture. Si les autorités ont, dans les jours ayant suivi la catastrophe, interdit la commercialisation de dizaines d’aliments qui avaient été contaminés par les poussières radioactives provenant des « dégazages » des réacteurs de Fukushima-Daiichi, elles ont aujourd’hui tendance à minimiser le risque de transfert de contamination par le sol ou l’eau. Et affirment que la quasi-totalité des produits venant des préfectures proches de la centrale sont « sains ». Car ils contiendraient des doses inférieures à la norme limite de 500 becquerels par kilo choisie par Tokyo.

Mais les consommateurs n’entendent plus ces discours rassurants. Beaucoup de mères de famille ont décidé de ne plus cuisiner qu’à l’eau minérale et de faire le tour des supermarchés pour identifier des aliments venus du sud de l’archipel. D’autres ont banni de leurs menus fruits de mers, champignons ou pêches, jugés trop suspects. « Les contrôles ne sont pas suffisants. Cela entretient la suspicion »,remarque le chercheur David Boilley à la tête en France de l’Acro, un laboratoire indépendant d’analyse de la radioactivité.

Semblant redouter une autre crise économique dans les campagnes du nord-ouest, le pouvoir a refusé les contrôles systématiques de marchandises, prévus dans d’autres pays en cas d’accident nucléaire, et opté pour un filtrage se concentrant sur certains produits et lieux géographiques. Des centaines de fermes à quelques dizaines de kilomètres de la centrale écoulent ainsi leurs productions sans qu’aucun test ne soit réalisé. Les premiers scandales ont éclaté au début de l’été, lorsque de la viande de boeuf contaminée a été écoulée dans des supermarchés du pays. « Le gouvernement a demandé aux préfectures de vérifier les produits et les préfectures ont elles-mêmes délégué ce travail aux municipalités qui sont très proches des agriculteurs et rarement équipées pour effectuer des tests », souffle David Boilley, qui vient de passer deux mois au Japon.

Pointant la légèreté des tests officiels, plusieurs associations indépendantes tentent d’organiser une surveillance plus efficace. Fin juillet, Greenpeace Japan a ainsi retrouvé dans le port d’Onahama des poissons dont la concentration en césium radioactif dépassait les 500 becquerels par kilo. Dans les prochaines semaines, ce sont des cargaisons de riz cultivé à côté de la centrale qui vont être testées par les associations et le pouvoir. Ce dernier veut prévenir tout drame national sur ce produit auquel la population est très attachée. Malgré ces efforts tardifs, 45 % des mères de famille sondées près d’Osaka et de Kyoto affirmaient la semaine dernière qu’elles boycotteraient de toute façon le riz de Fukushima.

YANN ROUSSEAU – Pour les Echos.fr – Le 11/09/11

Article original : LesEchos.fr  © 2011 

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