Le Japon ne connaît pas la trève de Noël et a profité au contraire de cette fin d’année pour arrêter le plus gros budget de son histoire. A 88.548 milliards de yens (720 milliards d’euros) pour l’exercice 2009-2010, le projet du gouvernement est en hausse de 6 % par rapport à 2008-2009. Avant même le débat au Parlement en janvier, ce budget est clairement destiné à lutter contre la crise. « Il faut s’attendre à ce que la situation empire l’an prochain », a prévenu le Premier ministre, Taro Aso. Le chef du gouvernement, fervent partisan de la relance, justifie ce budget par « la situation économique extraordinaire ». Le but affiché est de « bénéficier de la reprise avant les autres ». Pour l’heure, et en dépit de deux plans de relance d’un montant total de 350 milliards d’euros, le Japon n’a pu éviter la récession à partir du troisième trimestre.
Pas de législatives anticipées

Pour relancer la machine et financer ce budget, l’Archipel n’a d’autre solution que de procéder à des émissions obligataires (bons du Trésor +31,3 %), quitte à alourdir un peu plus sa dette, estimée à plus de 170 % du PIB. Fin mars 2010, le montant des bons du Trésor en circulation atteindra le record de 581.000 milliards de yens. Soucieux malgré tout d’éviter une dérive des dépenses, le Japon rogne sur les crédits d’aide au développement (- 4 %) et sur ceux de la défense (- 0,1 %). Mais se montre incapable d’enrayer la chute des recettes (- 13,9 % à 46.000 milliards de yens), conséquence de la contraction des recettes fiscales liée au ralentissement de l’activité. La marge du gouvernement est d’autant plus faible qu’il table sur une croissance nulle en 2009-2010 (- 0,8 % en 2008-2009). En mettant sur pied un budget volontariste, Taro Aso tente de reprendre la main sur le terrain économique et de redorer son blason. Il va, par exemple, distribuer aux ménages une allocation unique, en liquide. Le coût de la mesure est estimé à 2.000 milliards de yens.

Trois mois seulement après son entrée en fonction, le Premier ministre est en chute libre dans les sondages, avec une cote de popularité de moins de 20 %. Son train de vie dispendieux, ses gaffes et surtout son manque d’allant politique ont lassé ses partisans. Comme ses deux éphémères prédécesseurs, Taro Aso n’a pas enclenché de réformes majeures dès sa prise de fonction. A sa décharge, il a été très rapidement absorbé par la crise financière de l’automne. Celui qui est également le président du Parti libéral-démocrate (PLD) – principale formation politique – n’est pas parvenu à museler l’opposition, qui conteste aujourd’hui sa légitimité et réclame sa démission. Le Parti démocrate japonais (DPJ) a remporté les élections sénatoriales en 2007 et fait, depuis, une obstruction systématique aux parlementaires du PLD. Seulement, à ce niveau de popularité, le PLD ne peut se permettre de dissoudre la Diète, sans prendre le risque de perdre également la majorité à l’Assemblée à l’issue de nouvelles élections. Prudent, Taro Aso a rejeté l’hypothèse d’un rendez-vous anticipé tout en sachant que sa propre marge de manoeuvre politique était devenue, à ce jour, inexistante.

MICHEL DE GRANDI

[LesEchos.fr->http://www.lesechos.fr/journal20081226/lec1_international/4812855.htm]

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