Le Japon va perdre 30 millions d’habitants d’ici 2050. A cette époque, 40% de sa population aura plus de 65 ans. On comptera alors quatre personnes âgées de plus de 65 ans pour un moins de quinze ans. Le Japon connaît un profond changement de ses structures de population, selon une étude de l’Ined qui préfigure le vieillissement de nombre d’autres pays.

Le Japon devrait passer de 128 millions d’habitants en 2006 – son pic de population – à 95 millions en 2050, soit 33 de moins. Explication : la fécondité qui, depuis les années soixante-dix est très basse, aux environs de 1,3 enfant par femme. Selon l’étude menée par Jacques Véron pour l’Institut national d’études démographiques, l’Ined, la population nipponne devrait encore diminuer de moitié entre 2050 et 2100, tombant alors à 48 millions d’habitants. La diminution présente de la population japonaise aura pour conséquence une profonde modification de sa structure par âge et une réduction de la main d’œuvre disponible. Le démographe s’est demandé comment le Japon avait pu en arriver là alors que les pays occidentaux ont tous connu un important baby-boom. Au Japon, il n’a duré que trois ans dans l’après-guerre. Dès les années 60, la fécondité tombe à 1,58 enfant par femme. Parfois, on choisit même de différer des naissances pour des raisons astrologiques. 1966, année « cheval et feu », s’annonçait maléfique car les filles, nées cette année-là, porteraient malheur à leur mari.

Retard au mariage et montée du célibat
On choisit alors de différer la naissance ou la déclaration de naissance à l’année suivante, puis la fécondité ne cessa de décroître. Son taux le plus bas fut atteint en 2005 avec 1,26 enfant par femme avant de remonter légèrement (1,34) en 2007. Ce sont notamment le retard au mariage et la montée du célibat qui ont entraîné mécaniquement la baisse des naissances. Aujourd’hui six femmes de 25-29 ans sur dix sont encore célibataires contre seulement une sur sept en 1950 (15%). Une femme sur trois est encore célibataire entre 30 et 34 ans contre une sur vingt en 1950. A l’approche de la quarantaine (35-39 ans), une sur six l’est encore contre moins d’une sur trente par le passé. L’autre facteur de vieillissement du pays est l’amélioration spectaculaire de l’espérance de vie féminine et masculine. Elle est de 79 ans à la naissance pour les hommes et de 86 ans pour les femmes. Mais, elle ne cesse de progresser car, observée à 65 ans, l’espérance de vie est aujourd’hui de 18,1 ans pour les hommes et de 23 ans pour les femmes, soit 83 et 88 ans. D’où l’explosion du nombre de centenaires. Ils (elles surtout) étaient 1 000 en 1980 et sont 32 000 aujourd’hui. Le Japon est donc le laboratoire mondial du vieillissement. D’autres pays, l’Allemagne par exemple vont voir leur population diminuer d’ici 2050 mais à un moindre degré. L’Allemagne perdra 15% de sa population alors que celle du Japon aura diminué de plus de 30%. C’est en 2006 que le Japon est devenu un pays « vieux », le nombre de décès excédant alors celui des naissances. Celles-ci étaient deux fois plus nombreuses que les décès en 1950 : caractéristique d’un pays jeune. Elles seront 2,4 fois moins nombreuses que les décès en 2050. En France, l’arrivée au grand âge des très nombreux boomers dans les années 2030-2040 provoquera une vague de décès inédite et aura une incidence positive croissante sur l’industrie du funéraire.

18 millions de septuagénaires
Le Japon est donc passé en un demi-siècle d’une société patriarcale, avec de très nombreux foyers abritant trois générations simultanément, à une juxtaposition de nombreux foyers d’une personne. Le Japon connaît déjà un fort taux d’emploi senior. Mais il devra poursuivre dans cette voie afin de tenter de maintenir une population active de taille satisfaisante. En effet, il comptait 25% de plus de 65 ans (contre 17%) en France en 2007. Il en comptera le double (32%) dès 2030, puis 40% en 2050. A l’époque, un Japonais sur cinq aura plus de 75 ans. Soit plus de 18 millions de personnes à l’échelle du pays. Leur faible taux de fécondité et la politique de l’enfant unique conduisent la Chine et la Corée sur une même voie. Leur vieillissement phénoménal suivra celui du Japon d’une quinzaine d’années, sauf reprise de la démographie. Expert du Japon, le journaliste économique Jean-Charles Gaté (DesignFax) n’y croit pas : « Les jeunes Japonaises vivent et consomment avec ardeur aussi longtemps qu’elles sont des office girls célibataires. Aujourd’hui, elles prolongent cette période plaisante le plus longtemps possible car les relations des Japonaises avec les hommes, qui parfois les ont exploitées, n’ont jamais été faciles. Elles se sont occidentalisées, vivent souvent heureuses seules et ne souhaitent pas forcément convoler. »

La robotique pour compenser l’hémorragie démographique
Actuellement, le taux de Japonaises au travail est de 47%. Il est très inférieur à celui de la France (+ de 60%). Les Japonaises constituent donc la réserve majeure de main d’œuvre du pays, vu qu’elles vont vraisemblablement continuer à délaisser le mariage. 71% d’entre elles devraient être au travail en 2025, selon les hypothèses émises par Jacques Véron. Ainsi, la population active ne diminuerait alors que de quatre millions par rapport à aujourd’hui (63 millions contre 67). En revanche, le vieillissement de la structure de population contient en germe sa disparition à terme. En effet, en 2050, le Japon est constitué de 38 millions de plus de 65 ans, 49 millions de 20-65 ans et seulement 8 millions de moins de 20 ans. Soit deux fois moins que la France actuelle qui compte 16 millions de moins de vingt ans pour un total de 64 millions d’individus. Mais son équilibre démographique existera encore en 2050. Le déclin du Japon sera d’autant plus irrémédiable qu’il a pris la décision de ne pas recourir à l’immigration massive, au delà des deux millions d’étrangers qu’il compte actuellement qui sont essentiellement des Chinois et des Coréens. Les démographes annoncent l’extinction de la population japonaise pour l’an 3000. En attendant, innovation robotique et électronique apparaissent comme des substituts au manque de main d’œuvre déjà enregistré dans les métiers de la santé et du service. Reste à savoir quels aidants professionnels pourront accompagner dans leur grande vieillesse les 9 millions d’octogénaires et les 300 000 centenaires nippons de 2050.

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Jean-Yves Ruaux

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