La 2e édition de la manifestation a débuté ce week-end dans la capitale japonaise…

Au milieu d’une vingtaine de stands et chalets, un écran diffuse des scènes de vie strasbourgeoise: des touristes devant la cathédrale, des usagers du tram prenant 20 Minutes… Attablés autour d’une tarte flambée, des visiteurs commentent les images. Plus loin, d’autres se pressent pour photographier une Alsacienne en costume. Rien de débridé. Ni churros, ni sushis. Excepté la température, 14°C, le 2e marché de Noël organisé à Tokyo par l’office de tourisme de Strasbourg (OT) est identique à ses grands frères alsaciens.

Inauguré vendredi, il se tient jusqu’au 25 décembre, au Tokyo International Forum de Ginza, un quartier chic. «J’espère que l’ambiance que nous créons ici donnera envie aux Japonais de venir au marché de Noël authentique, celui de Strasbourg, lance Jean-Jacques Gsell, le président de l’OT. Des dizaines de milliers de Japonais visitent déjà l’Alsace (30 000 en 2009). L’objectif est qu’ils se transforment en centaine de milliers.» L’an dernier, la première édition avait attiré 622 000 personnes. Nul ne sait combien ont parcouru depuis les 13 000 km qui les séparent de l’Hexagone. Mais, selon des indicateurs (nombre de nuitées, de visites guidées), la clientèle du Soleil levant augmente en Alsace.

Cigognes, vin et boules de Noël à la fête

Au détour d’un chalet, Aki, une vendeuse de 28 ans, sourit: «C’est la première fois que je bois du vin d’Alsace. L’atmosphère, les illuminations, j’apprécie beaucoup.» La magie de Noël opère. «Pour les Japonais, le marché rappelle les matsuri, des fêtes qu’ils font l’été. Elles sont moins commerciales, mais il y a un peu la même ambiance», commente Milène Wolf, une Strasbourgeoise exilée à Tokyo depuis 4 ans. «La plupart ne connaissent pas l’Alsace, mais ils apprécient le marché pour son côté kawai, c’est-à-dire mignon, poursuit Frederik Delsart, un autre expatrié alsacien. D’autres ont une image magique de la région, car ils savent que Miyazaki s’est inspiré de Colmar pour son film Le Château ambulant.»

Eri, 31ans, employée de bureau, raconte qu’elle attendait «avec impatience le marché. J’étais à Strasbourg en avril», dit-elle. Après deux vins chauds, elle lâche avoir «la nostalgie des cigognes» sans expliquer la raison. L’échassier symbole de l’Alsace plait. Il s’en vend des dizaines en peluches à 1 000 yens (9-10euros). «L’an passé, on en a recommandé en urgence après une rupture de stock, tout comme de la tarte flambée, de la bière et des boules de Noël», se souvient Esther Miquel, la coordinatrice du marché.

Le vin aussi est très apprécié. «Les Japonais sont connaisseurs, explique derrière son stand Sébastien Schwach, un viticulteur d’Hunawihr. En 2009, mes 2 500 bouteilles ont été vendues. Cette année, ils en commandé 3000.» Qui? Si une vingtaine d’artisans alsaciens proposent leurs produits sur la manifestation, aucun ne peut les vendre directement. La loi impose qu’ils soient achetés puis commercialisés par un importateur japonais, précise Esther Miquel.

Noël, un concept d’avenir

Point positif de ce protectionnisme, les artisans ne prennent aucun risque. L’importateur, Naoki Haraguchi, le patron de la Century Trading, ne s’inquiète pas plus pour ses deniers. Il a pourtant dépensé «60 millions de yens», près de 600.000 euros, dans l’achat des marchandises, leur transport, les taxes et les frais d’organisation du marché. Résultat, les produits sont vendus 3 à 4 fois leur prix d’achat. Un gewurztraminer vendanges tardives 2007 est affiché 56 euros, le munster (150g) 13 euros, le pot de miel (250 g) 16 euros, un bonhomme de neige (15 cm) en bois 48 euros. Pour autant, les objets s’arrachent.

Naoki Haraguchi table sur «un bénéfice de 20%». Mais l’homme d’affaires voit plus loin. «C’est un investissement sur l’avenir. Le concept de Noël a tout pour se développer au Japon. Cette tradition autour de la naissance du Christ ne veut rien dire ici, mais c’est une façon de faire la fête en famille, entre amis. En cela, il y a des produits qui peuvent plaire et qu’il faut travailler.» Parmi eux, le pain d’épices. Naoki Haraguchi tenterait bien de le vendre toute l’année en boutique. Il compte aussi augmenter les quantités pour le 3e marché de Noël tokyoïte, en 2011, celui-ci étant quasi déjà programmé.

[Article original sur ©2010- 20minutes.fr- Philippe Wendling->http://www.20minutes.fr/article/637665/strasbourg-pas-sushis-marche-noel-tokyo]

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