Un membre de l’assemblée de Hokkaidô a mis en doute, ce mardi, la légitimité du soutien de la préfecture envers les Aïnous, peuple autochtone du Japon et principalement regroupé sur son île la plus septentrionale.

Représentation de la vie du peuple Aïnou au musée d'anthropologie et d'ethnographie de Saint-Pétersbourg (© Andrew Butko)
Représentation de la vie du peuple Aïnou au musée d’anthropologie et d’ethnographie de Saint-Pétersbourg (© Andrew Butko)

« Je doute que les Aïnous soient un peuple autochtone », a déclaré Masaru Onodera,  membre du Parti Libéral-Démocrate, lors d’une séance de l’assemblée de Hokkaidô. Sa déclaration va à l’encontre de la résolution adoptée à l’unanimité par les deux chambres de la Diète en 2008 reconnaissant les Aïnous comme peuple autochtone du Japon.

Très rapidement, l’Association des Aïnous d’Hokkaidô est intervenue, par le biais de son Vice-Président Kuzushi Abe, pour faire part de son mécontentement au sujet de la remarque. « Comme j’ai participé à la Conférence mondiale sur les peuples autochtones des Nations Unies en septembre en tant que membre de la délégation du gouvernement japonais, je regrette cette remarque ». M. Abe a également ajouté : « Je souhaite qu’il étudie l’histoire avec précision ».

En août dernier, un membre de l’assemblée de la ville de Sapporo, Yasuyuki Kaneko, avait aussi été vivement critiqué après avoir envoyé un message Twitter disant : « Les Aïnous n’existent plus ». Le mois suivant, l’assemblée adopta une résolution lui demandant de démissionner mais en vain. Il quitta le groupe des membres de l’Assemblée, mais refusa de renoncer à son siège.

La préfecture publie des brochures afin de faire connaitre les Aïnous au grand public, elle gère également un système de bourse pour les étudiants d’origine aïnoue. Après avoir subi des discriminations pendant des années, la situation de cette minorité s’est améliorée mais tous les japonais ne sont pas encore prêts à reconnaitre la diversité culturelle du pays.

Pierre-Etienne De Lazzer – source : Mainichi

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13 Commentaires

    • Discrimination : Action de séparer, de distinguer deux ou plusieurs êtres ou choses à partir de certains critères ou caractères distinctifs ; distinction. Donc ce n’est pas de la discrimination.

      « Je doute que les Aïnous soient un peuple autochtone » on voit qu’il voulait dire que les Aïnous sont parfaitement pareil que les tous autres japonais, ce qui est faux d’ailleurs, les Aïnous ont leurs propre langue et culture et on un physique different. En disant cela il nie l’existance des Aïnous, ce qu’il fait c’est du négationnisme (et le PLD est fort pour cela) et pas de la « discrimination ».

      « La préfecture publie des brochures afin de faire connaitre les Aïnous au grand public, elle gère également un système de bourse pour les étudiants d’origine aïnoue. » Par contre la c’est de la discrimination, de la discrimination positive.

      • C’est vrai, pris au sens neutre, discrimination veut dire séparer.
        Mais il ne veut pas dire que les Aïnous sont parfaitement pareil à tous les autres Japonais. Dire que les Aïnous ne sont pas un peuple autochtone veut dire qu’ils ont migré sur les iles du Japon et qu’il ne peuvent se prévaloir d’être les premiers arrivants par rapport aux proto-japonais. S’ils ne sont pas les premiers arrivants, ils ne peuvent être qualifiés de peuple aborigène, ce qui est faux en ce qui concerne Hokkaido. Les Aïnous étant effectivement un peuple aborigène d’Hokkaido qui a été colonisé par les Japonais.
        Dire que les Aïnous ne sont pas un peuple autochtone veut simplement dire qu’ils n’ont aucun droit de propriété sur l’ile d’Hokkaido et c’est cela qui est discriminatoire.

  1. Pire que ça. C’est du négationnisme.
    « Je doute qu’ils soient… »
    « ils n’existent plus. »
    Apparemment c’est de plus en plus tendance de nier les gens et les évènements au Japon.

      • Réécrire l’histoire officielle pour qu’elle se plie à l’idéologie du pouvoir en place est un autre point commun entre le Japon et la France.

        • Il y a une grosse différence, de par les lois mémorielles: non seulement elles interdisent toute remarque, tout propos hors-norme, coupant court à toute recherche, toute réflexion, toute nuance mais de plus elles donnent l’illusion que la France est protégée des apologistes, négationnistes et autres révisionnistes.

          Au Japon, aux USA et dans bien d’autres pays, les nuisibles sont visibles, libre aux autres, aux habitants, électeurs, historiens etc… de les contrer …ou pas. Dans l’hexagone, les rats se reproduisent au chaud, dans la semi-clandestinité des sectes, groupuscules et les chaudes ambiances des PMUs et des vestiaires. La somme colossale des interdits couplée au sophistications délirantes du politiquement correct a exactement l’effet inverse de ce qui était recherché et les pires formes d’extrémisme atteignent toutes les communautés, ethniques, religieuses, éduquées par l’état dans la culture de la faute, ce qui leur permet ainsi de s’ériger plus facilement en victimes . Le réveil sera brutal.

  2. Tiens, je pensais réagir à propos d’un article qui parlait du Japon sur un site qui ne s’appelait pas forcément France Infos.
    Mais je te propose de développer tes propos Hacquinguy…

  3. On voit surtout dans cet article que les minorités ethniques au Japon, dont les Ainous étaient au premier rang, souffrent plus que jamais d’un discours politique opposé au multiculturalisme. On peut effectivement y voir une réaction « nationaliste » (donc un retour vers l’idée d’une ethnie « homogène ») face au déclin démographique des Aïnous.

    Comparer ce cas avec la France manque dès lors de pertinence, lorsqu’on sait que l’Hexagone, contrairement à l’Archipel, a toujours été un pays d’immigration (2e terre d’accueil au début du XXe siècle après les Etats-Unis) et que par conséquent, la question du multiculturalisme y a toujours été prégnante. On pouvait penser que cette tendance s’affirmerait davantage au Japon avec la chute du bloc communiste et l’entrée dans l’ère de la mondialisation.

    Toutefois, le cas japonais, encore et toujours, se place en précurseur de tendances vérifiables dans d’autres pays (notamment en matière de politiques libérales : économie, éducation…). Donc sur la question de la reconnaissance des minorités ethniques, on peut supposer que la tendance va vers le recul, vers le retour au conservatisme…

    • « Comparer ce cas avec la France manque dès lors de pertinence »
      Et tu fais quoi des Basques? Tu oublies qu’il y a plus de 100 ans le français a été imposé au Français par la loi en vu de détruire les particularisme régionaux et le Japon a fait de même avec les Aïnous et les Ryukyu. Il ne faut pas oublier que la France a depuis la révolution une longue tradition totalitaire et constructiviste.

      • La France a une politique centralisatrice certes, mais les régionalismes ont depuis longtemps été valorisés, ne serait-ce que par l’action de l’UE. De plus, la France est le carrefour de l’Europe, du point de vue culturel et humains, et revendique cette position.

        Au Japon, c’est loin d’être le cas, quand bien même des travaux d’historiens comme Amino Yoshihiko ont démontré l’importance des flux extérieurs dans la construction ethno-culturelle de l’Archipel. Il y a eu peut-être un semblant de promotion du multiculturalisme au Japon, avec certains musées ethnographiques, avec les « gaikoku mura », avec les nikkei, et surtout les Ainous/Okinawaïens.
        Or pour reprendre l’exemple des Ryûkyû, il n’y a pas d’enseignement du dialecte local dans l’enseignement public à Okinawa (alors qu’en Corse…). Pourtant, contrairement au cas d’Hokkaidô (et par extension des Ainous), Okinawa n’était pas une colonie de peuplement : il y a eu assimilation de la population, mais pas de volonté à la remplacer par des Japonais métropolitains.
        Aujourd’hui, Hokkaidô ne compte presque plus d’Aïnous, ce qui permet par ailleurs d’éluder la question de la diversité ethnique des premiers peuples de l’Archipel.

        Bref, évidemment qu’on peut trouver des similitudes entre la France et le Japon : pouvoir politique centralisateur, discours nationaliste… Mais les nuances restent nécessaires.

      • Ta remarque pose une question intéressante : jusqu’où faut-il remonter lorsque l’on veut « corriger les erreurs de l’histoire » ?
        Perso je pense qu’à l’heure ou l’on essaie de faire l’Europe, ces combats régionalistes sont des combats dépassés par l’histoire. Attention, je n’ai pas dit qu’il fallait uniformiser tous les pays. Je pense que chaque culture peut exister au sein d’une nation. La culture bretonne me semble en être un bon exemple, à la fois spécifique, vivante mais intégrée à la France.

        • Je ne crois pas que les régionalismes soient dépassés, la Catalogne vient de voter pour son indépendance même si son vote n’est reconnu ni par l’Espagne ni par l’Europe, je crois au contraire que la volonté de faire une Europe fédérale ravive les consciences régionales. La forme actuelle de l’Europe et plus encore des pays qui la compose date de la fin de la deuxième guerre mondiale pour certains, de la première pour d’autres et du 18 eme siècle pour la plupart. ( attention, il y a une différence entre ce que je pense et ce que j’aimerais).

          Les coups de rabots uniformiseurs sont une constante au Japon et moins en France depuis la décentralisation.
          Ce que tu dis, uchinanchû, à propos de Ryukyu est vrai, c’était un royaume vassal principalement du Japon et secondairement de la Chine alors qu’il n’y avait ni de royaume aïnou, ni de pays formé. La colonisation de peuplement est d’un même type que celle des Européens en Amérique du Nord.

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