Au Japon, la plupart des portables permettent de payer des achats et de regarder la télévision. Au point d’avoir saboté le lancement du téléphone d’Apple.

Il manque à l’iPhone la télévision mobile ou encore le très populaire portefeuille virtuel.

A première vue, c’est un mystère. Pourquoi l’iPhone qui embrase l’ensemble de la planète hi-Tech depuis plus d’un an a t-il raté son lancement au Japon ? Malgré 200.000 ventes en deux mois, les analystes ont bien vite révisé à la baisse leurs prévisions après un effondrement de la demande passées les premières semaines. Apple pourrait maintenant ravaler son objectif d’un million de téléphones vendus dans l’archipel cette année et SoftBank, l’opérateur partenaire de la pomme au Japon, commence à casser les prix.
L’explication n’est pas à chercher très loin : les autres « keitai » (téléphones portables) sont de redoutables adversaires. « L’iPhone n’est pas très populaire ici », explique sobrement un confrère Japonais. « Pour nous, c’est avant tout un objet design, très limité dans ses fonctions ». Au Japon, le téléphone le plus basique, que les touristes peuvent louer à l’aéroport pour une poignée de yens, ne paie pas de mine. Mais derrière la simplicité de ces petits modèles à clapet, d’entrée de gamme, se cache de redoutables couteaux suisses multimédia.

Les miracles du « Word Recognizer »

Pour commencer, le son des communications est cristallin et envoyer un mail n’est pas plus compliqué qu’un SMS. Rien de très impressionnant pour le moment… Mais voilà que ces modèles d’entrée de gamme permettent aussi de se connecter à une messagerie instantanée ou d’envoyer vos coordonnées GPS à un ami que vous suspectez d’être dans le même quartier que vous. Il les recevra avec un plan le guidant jusqu’à vous ou, encore mieux, vers le meilleur café du coin.
La liste complète des autres fonctions (télécommande infrarouge, radio, agenda…) est trop longue mais les touristes déroutés par les idéogrammes japonais auront une affection particulière pour le « word recognizer’. En pointant l’appareil photo du terminal vers une inscription en japonais (magasin, tract, ou titre de journal), il vous propose en quelques secondes, une traduction en anglais. Pas suffisamment au point pour entamer la lecture en traduction simultanée des oeuvres complètes de Mishima mais sans aucun doute pratique, voire ludique.

Et pour quelques yens de plus….

Ce modèle est pourtant déjà dépassé. A Tokyo, on ne pense plus à sortir de chez soi sans un portable qui permette de payer sans contact ses emplettes au supermarché et dans les distributeurs de ville (via les systèmes Suica, Edy) ou encore de passer les barrières du métro à la manière du passe Navigo du métro parisien. Mais la fonction qui fait les très riches heures des opérateurs télécom nippons est la télévision mobile. Loin d’être une nouveauté, elle a bien entamé sa phase de généralisation. Les mobiles offerts gratuitement avec la souscription d’un nouveau forfait permettent dans leur grande majorité d’avoir accès à « 1Seg », l’équivalent nippon de la TNT mobile.

Et tous s’y mettent. Aujourd’hui, plus personne ne s’étonne de voir dans le métro une dame d’un âge avancé suivre sa série préférée sur son portable. Ce lundi matin, on observait dans les rames des dizaines de voyageurs absorbés par leurs écrans. Ils pouvaient y suivre au choix, parmi des centaines de programmes, la rediffusion d’un match de baseball, un concours d’outre-mangeage de sushis, ou, sur les chaînes d’info, les dernières gaffes du ministre du travail poussé à la démission une semaine à peine après sa nomination. Pour profiter du format 16/9ème, la plupart des mobiles permettent une rotation à l’horizontale du clapet supérieur. Tirez l’antenne extensible de l’appareil et vous obtenez une réception parfaite, comme à la maison.

Télévision mobile, portefeuille virtuel… Certains des premiers acheteurs de l’iPhone, déçus, continuent à emporter avec eux leurs ancien portables pour ne pas perdre l’avantage de ces fonctions désormais essentielles. Ce sont sans doute le déploiement précoce des réseaux 3G / 3G+ ( le haut débit pour mobile) par les opérateurs japonais (NTT DoCoMo, KDDI), l’accessibilité des forfaits multimedia « tout compris » et une population très avide d’avancées technologiques qui ont permis cette parfaite intégration du portable dans la vie quotidienne. Son utilisation obéit pourtant à des règles sociales strictes . S’il est interdit de se maquiller dans le métro japonais, les voyageurs qui se permettent de passer un coup de fil, même à voix basse, dans les rames n’échapperont pas davantage aux regards accusateurs. Messagerie instantanée, télévision, mails, ou navigation internet, les portables japonais servent maintenant à tous et à tout. Mais de moins en moins à téléphoner…

Olivier LEVARD

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