Radiations . Le danger nucléaire fait peur aux artistes français qui annulent en masse leur venue à Tokyo.

Après l’afflux de dons et d’hommages au pays, c’est l’heure du ressac de la scène artistique française au Japon. Les annulations pleuvent : le concert d’IAM, la mise en scène de la Tempête par Lavaudant, pour ne citer que les plus récentes…

«Trois mille concerts annulés, au mois d’avril, sur le territoire japonais, Français et Japonais confondus», selon Robert Lacombe, directeur de l’Institut franco-japonais de Tokyo, nous livrant ses inquiétudes vendredi. C’est beaucoup. Trop, selon lui, pour qu’on puisse attribuer ces défections à une simple cyclothymie française. Sans vouloir pointer du doigt les démissionnaires, Robert Lacombe souligne de fait que leur liste ne se réduit pas au seul cercle musical, le spectacle vivant étant lui aussi «très touché».

Dès lors, comment expliquer cette désertion massive et contagieuse plus d’un mois après le désastre et les soutiens ? «Ceux qui se démobilisent réfléchissent davantage avec leurs tripes qu’avec leur cerveau», juge Lacombe. L’instinct de survie serait à l’origine compréhensible de ce repli, pour l’homme de l’Institut, soulignant à quel point «le spectre du nucléaire effraie». La peur, accrue d’après lui par l’annonce du fatidique «7 sur l’échelle des incidents nucléaires», «a beaucoup contribué à démobiliser». Pure panique, selon Robert Lacombe, vu que «la catastrophe est très localisée» et les risques circonscrits à «un périmètre restreint de 50 à 80 km autour de la centrale». Or, «de nombreux événements ont été annulés dans le sud du pays», déplore-t-il, avant de lâcher : «Comme si le pays était pestiféré…».

Catastrophe locale, peur globale, mobilisation délocalisée… «C’est frappant, de voir combien les artistes français se sont mobilisés en France et pas au Japon», analyse Robert Lacombe, relevant le paradoxe d’une mobilisation pro-japonaise confinée sur le territoire héxagonal. Heureusement, précise-t-il, «il y a eu des exceptions. Des artistes comme Jane Birkin se sont engagés sans hésitation. D’ailleurs ça a été très bien perçu, les gens étaient reconnaissants». Un bémol qui n’enlève rien à la sévère sentence qu’il jette dans la foulée : «Les Japonais perçoivent comme un lâchage cette démobilisation.» Une spécificité française ? Non, les Français ne seraient «pas plus craintifs que les autres. Pour tout dire, les Canadiens et les Allemands sont encore plus démissionnaires que les Français…» Et de citer la défection du Cirque du Soleil (à Kooza), entre autres.

Et le futur ? La démobilisation reste «difficile à évaluer au présent», admet Lacombe. En ce qui concerne les projections sur l’année à venir, il estime que les artistes programmés à partir de l’été prochain «sont inquiets, voire très inquiets» mais «ne remettent pas en question leur venue pour le moment».

Avenir radieux ? Voire. la Folle Journée, festival de musique prévu du 1er au 8 mai, est pour l’heure «absolument maintenue», confie Lacombe. Même si «l’animateur se débat avec les annulations ou menaces d’annulations qui réduiront probablement l’effectif des 700 artistes européens programmés à l’origine».

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Par Clémentine Boulard}} – Article original sur Next.liberation.fr © 2011->http://next.liberation.fr/culture/01012333388-vague-de-demobilisation-artistique-au-japon]

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