Située près de la tour Eiffel, la Maison de la culture du Japon à Paris (MCJP) est le lieu de rencontre privilégié des Japonais amoureux de la France et des Parisiens « tatamisés », c’est-à-dire férus de culture nipponne. Samedi 27 mars, la MCJP a fait salle comble en consacrant ses travaux à un aspect très particulier de cette relation : le « syndrome de Paris ».

Celui-ci a été défini il y a plus de vingt ans par le professeur Hiroaki Ota. Psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne, il avait constaté que la proportion de Japonais qui nécessitent des soins psychiatriques lors de leur séjour dans la capitale est plus importante qu’ailleurs. Les symptômes sont toujours les mêmes : isolement, repli sur soi, dépression… Principales victimes : des jeunes filles japonaises de bonne famille. Le phénomène est assez important pour que le docteur Ota lui consacre un livre (non traduit en français) mais épuisé au Japon. Depuis, ce spleen inspire romanciers et cinéastes : Philippe Adam a acquis un début de notoriété internationale avec le court roman qu’il lui a consacré en 2005, porté à l’écran en 2008 par une cinéaste japonaise, Saé Shimai (sous le titre Le Syndrome de Paris). Avant de réaliser son film, celle-ci dit avoir rencontré plusieurs Japonaises qui restaient cloîtrées à Paris, incapables de la moindre vie sociale.

Si le retour au pays constitue le meilleur remède, les causes divisent les experts. Les uns expliquent ce syndrome par le décalage entre la vision idéalisée de la France qu’ont les Japonais et la réalité ô combien plus prosaïque. « Je suis honteuse de ne pas être heureuse dans un pays où tout est fait pour le bonheur », témoigne une jeune Japonaise dans un documentaire. D’autres mettent en avant le fossé culturel. Les Japonais, qui ne s’autorisent que très rarement l’emploi du « je », éprouveraient des difficultés particulières à s’intégrer dans une France si individualiste. Habitués à s’exprimer sans être interrompus – en japonais, le verbe est placé en fin de phrase -, certains ne supporteraient pas de l’être par leurs interlocuteurs français.

Mais une dernière catégorie d’experts (essentiellement français) s’interroge. Et si ce fameux syndrome n’existait pas ? « Pour moi, c’est un artefact », estime Jean-François Sabouret, chercheur au CNRS. Le psychiatre Régis Airault n’a-t-il pas montré que certains Français voyageant en Inde étaient pris d’un délire (Fous de l’Inde, Petite Bibliothèque Payot) ? Pour les tenants de cette thèse, l’exil peut se transformer en errance pour chacun, y compris à l’intérieur d’un même pays. Le syndrome de Paris n’est que l’une des conséquences de la conviction des Japonais d’être différents et incapables de s’adapter aux autres cultures.

Qu’il soit réel ou non, ce syndrome prouverait que la France et le Japon entretiennent un lien particulier. Face à la demande, le professeur Ota préparerait d’ailleurs une version française de son livre, comportant un chapitre supplémentaire sur les couples mixtes. Un autre best-seller en perspective.

[Source : lemonde.fr->http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/03/29/voir-paris-et-defaillir-l-etrange-mal-japonais-par-frederic-lemaitre_1325748_3232.html]

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