SENDAI (Japon) – Le Premier ministre japonais a reconnu vendredi que la situation restait « imprévisible » à la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, où les opérations de refroidissement pourraient prendre encore au moins un mois.

Autour de la centrale, les préfectures de la côte Pacifique pansent leurs plaies, deux semaines exactement après le plus grand séisme de l’histoire du Japon et l’énorme tsunami qui a suivi, faisant plus de 10.000 morts confirmés et près du double de disparus.

Les six réacteurs de Fukushima Daiichi (Fukushima N°1, nord-est) ont été en partie submergés le 11 mars par un raz-de-marée de 14 mètres de haut et les systèmes de refroidissement des cuves sont tombés en panne, faisant monter la température des barres de combustible dont certaines ont commencé à entrer en fusion et à émettre des fumées radioactives.

« La situation reste très imprévisible. Nous travaillons à ce qu’elle n’empire pas. Nous devons être extrêmement vigilants », a déclaré vendredi le chef du gouvernement.

Naoto Kan a en outre appelé les Nippons à « unir leurs forces pour faire face à la crise la plus grave vécue par le Japon depuis la guerre ».

L’opérateur de la centrale, Tokyo Electric Power (Teco), a reconnu que les opérations de refroidissement des réacteurs à l’aide de canons à eau et les travaux de rétablissement des pompes à eau électriques avançaient lentement en raison de la dangerosité du site, au lendemain de l’hospitalisation de deux ouvriers gravement irradiés.

« Nous en sommes encore à évaluer les dégâts sur la centrale et nous ne pouvons par fixer une date à laquelle les équipements de refroidissement vont fonctionner. Cela pourrait prendre encore plus d’un mois, qui sait », a déclaré à l’AFP un porte-parole de la société.

Tepco a annoncé en outre que la cuve du réacteur 3 de la centrale, qui contient des barres de combustible, pourrait être endommagée.

« Nous pensons que la capacité de confinement atteint encore un certain niveau, mais il y a un fort risque que le réacteur soit endommagé », a confirmé l’Agence de sûreté nucléaire japonaise.

Cette agence a dans le même temps reproché à Tepco de n’avoir pas pris les mesures nécessaires pour protéger ses techniciens qui luttent jour et nuit au côté de centaines de pompiers et soldats pour éviter une catastrophe et des rejets de radiation plus importants.

Trois ouvriers, chaussés seulement de bottines en caoutchouc, ont été contaminés jeudi par une flaque d’eau très fortement radioactive lors d’une intervention dans la turbine située derrière le réacteur 3. Deux ont dû être hospitalisés avec des brûlures aux pieds. Au total, 17 ouvriers ont été exposés à des radiations supérieures à la limite autorisée depuis le 11 mars.

Le gouvernement a ordonné à Tepco « d’améliorer la gestion du personnel, afin d’empêcher la répétition de ce genre d’accident ».

Des fuites radioactives continuaient sur les quatre réacteurs les plus gravement endommagés, nourrissant la peur d’une contamination de la chaîne alimentaire et de l’eau dans la région de Tokyo, où vivent quelque 35 millions de personnes, et même à l’étranger.

La vente de certains légumes verts et de lait cru dans au moins quatre préfectures autour de la centrale de Fukushima a été interdite, tandis que l’eau du robinet a été déconseillée pour les enfants en bas âge dans une douzaine de localités autour de la capitale.

Le ministère de la Santé a également renforcé les contrôles sur les poissons et mollusques pêchés au large de la centrale.

A Tsukiji, le plus grand marché aux poissons du monde, situé dans la baie de Tokyo, l’activité était ralentie, en raison de la baisse de la fréquentation des restaurants et des grands hôtels de la capitale.

La peur des radiations nucléaires s’étend aussi au reste de la planète.

Le nombre de visiteurs étrangers arrivant à l’aéroport international de Narita, près de Tokyo, a baissé d’environ 60% entre le 11 et le 22 mars, par rapport à la même période de l’an dernier, a indiqué le Bureau de l’Immigration. Quelque 20.000 étrangers ont fuit le pays dans le même temps.

Après les Etats-Unis, l’Australie, le Canada et la Russie, la Chine, la Corée du Sud, plusieurs autres pays d’Asie et les 27 pays de l’Union Européenne ont décrété à leur tour des contrôles sur les produits frais en provenance du nord-est du Japon, qui n’ont désormais pratiquement plus de débouchés à l’étranger.

Signe de la nervosité grandissante, deux Japonais originaires de zones comprises entre 200 à 350 km de la centrale ont été brièvement hospitalisés après leur arrivée mercredi en Chine sur un vol commercial en provenance de Tokyo, parce qu’ils présentaient des taux élevés de radioactivité.

Dans le nord-est du Japon, où le froid persiste avec parfois de nouvelles chutes de neige, les sauveteurs continuent d’inhumer des centaines de corps après leur identification par les familles, sans pouvoir les incinérer faute de carburant.

Le bilan encore provisoire de cette double tragédie était vendredi de 10.066 morts confirmés et 17.443 disparus.

[(©AFP / 25 mars 2011 13h36) – Article Original sur romandie.com->http://www.romandie.com/ats/news/110325123629.nnep16l8.asp]

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