Les Etats-Unis ont-ils oublié que le Japon est un fidèle allié ? Le gouvernement japonais a en tout cas été « surpris » par l’annonce de la décision de Washington de retirer la Corée du Nord de sa liste des Etats soutenant le terrorisme, écrit l’« Asahi Shimbun ». Cette décision « inflige un camouflet » au Premier ministre Taro Aso, qui n’a été informé qu’une demi-heure avant son annonce. Pour le quotidien japonais, elle va compliquer les efforts de Tokyo pour résoudre « l’épineuse question » des Japonais enlevés par les services secrets nord-coréens dans les années 1970-1980 et elle menace « d’ébranler la confiance de Tokyo à l’égard de Washington, son grand allié ». Certes, cette mesure était attendue depuis plusieurs mois, mais le gouvernement japonais avait demandé de la lier à la question des Japonais kidnappés. L’« Asahi » apporte aussi des précisions sur le déroulement de la conversation entre Bush et Aso. C’est à 11 h 30 que le président américain a eu le Premier ministre au téléphone pour une conversation qui a duré dix minutes. Cet entretien a été préparé de toute urgence par l’ambassadeur américain au Japon, Thomas Schieffer. Aso a dû quitter en hâte une réunion de la Chambre internationale junior du Japon, organisée dans un hôtel de Hamamatsu, une ville située entre Tokyo et Kyoto, pour parler au président américain. Ce dernier lui a demandé de transmettre toute sa compassion aux familles des personnes enlevées et a exprimé son désir d’aider à résoudre cette question. Mais, apparemment, cela n’a pas contribué à calmer les familles. Selon le journal, elles ont exprimé « une grande déception ». « Nous sommes choqués et nous avons l’impression d’être impuissants car tout a été décidé sans nous demander notre avis », a affirmé Shigeo Iizuka, le président de l’association des familles des victimes. L’association avait l’espoir que Washington resterait ferme face à Pyongyang tant qu’aucune solution n’aurait été trouvée. Vendredi dernier, le gouvernement japonais a en tout cas décidé de prolonger ses sanctions contre la Corée du Nord pour au moins six mois. « Désormais, le Japon doit compter sur lui-même pour résoudre cette question », a affirmé Shigeru Yokota dont la fille a été enlevée en 1977 à l’âge de treize ans…
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