Yukio Hatoyama et son Parti démocrate avaient réussi à battre les indéboulonnables libéraux. Mais six mois après, ils ne se distinguent que par leurs renoncements et leurs divisions.

L’état de grâce a fait long feu pour le premier gouvernement d’alternance du Japon. En septembre dernier, le Parti démocrate du Japon (PDJ) entrait dans l’histoire en remportant les élections législatives, déboulonnant le Parti libéral-démocrate (PLD), aux affaires depuis 1955. Six mois plus tard, la déception est à la hauteur des espoirs nourris alors. Les cruciales élections sénatoriales de juillet, que le PDJ doit remporter pour consolider son assise, s’annoncent serrées. Seul un quart des électeurs a prévu de voter pour le Parti démocrate, selon un récent sondage du quotidien Yomiuri.

La nouvelle majorité avait promis de détourner les moyens de l’État «du clientélisme vers le peuple». Six mois plus tard, deux réformes attestent de sa bonne foi: la gratuité de l’enseignement secondaire au Japon et un authentique programme d’allocations familiales. Hélas, la politique japonaise a vite retrouvé ses vieux démons et son goût de la zizanie. Le gouvernement, à l’instar de la majorité entière, est déchiré par des luttes picrocholines qui tuent dans l’œuf toute rupture.

Une hôtesse pour préparer les catastrophes
En économie, le PDJ prônait une politique de relance par la consommation; il y renonce progressivement, prenant acte de l’importance écrasante des exportations pour la croissance. Il revient même en arrière, remettant en cause l’énorme chantier de la privatisation de la Poste, lancé il y a cinq ans. Sur les sujets de société, son agenda, très ambitieux il y a six mois, rétrécit comme peau de chagrin. Même la promesse, si simple en apparence, d’autoriser les femmes à conserver leur nom de jeune fille après le mariage, ne sera pas votée. Le PDJ promettait, mesure ô combien audacieuse, d’accorder le droit de vote aux étrangers aux élections locales: cette mesure ne passera jamais. Certains espéraient le lancement d’un débat sur la peine de mort, à laquelle au moins quatre ministres sont opposés: le débat n’aura pas lieu. En politique étrangère, le gouvernement a troqué l’arrimage à l’Amérique pour… rien. Depuis des mois, le seul sujet qui occupe les médias est le déménagement d’une base américaine. Heureusement, il reste les scandales pour divertir le peuple: un ministre des Catastrophes naturelles qui invite une hôtesse à sa résidence parlementaire pendant des exercices de simulation…

La majorité paie là son inexpérience du pouvoir. Seuls deux ministres du gouvernement avaient déjà exercé des responsabilités. Mais ce naufrage a tout de même un responsable: Yukio Hatoyama. Premier ministre par défaut, il se montre incapable de trancher entre ses ministres, devant les caméras comme le lapin dans la lumière des phares à chaque nouvelle polémique. «Les gens aiment beaucoup la personne de Yukio Hatoyama. Malheureusement, le responsable politique dit le matin d’aller à droite, le midi d’aller à gauche, et le soir de repartir à droite. Les gens ne le croient plus», explique Kozo Watanabe, un des vétérans de son parti.

Le Japon, qui a connu treize premiers ministres en vingt ans, pensait retrouver une certaine stabilité avec l’alternance. Et c’est le contraire qui se produit: sa classe politique se disloque davantage. Plusieurs anciens leaders du PLD sont partis fonder leur propre formation, dont les noms soulignent le vide intellectuel: «Votre parti», «Debout Japon»… Au sein de la majorité, les couteaux s’aiguisent déjà pour préparer la succession de Yukio Hatoyama. «Il assure à ses plus proches amis qu’il veut franchir le cap d’un an, afin de ne pas laisser le souvenir du plus fugitif des dirigeants de notre pays», s’amuse le politologue Takao Toshikawa. Personne ne sait de quoi accouchera ce chaos.

[Source : lefigaro.fr->http://www.lefigaro.fr/international/2010/04/13/01003-20100413ARTFIG00786-parti-democrate-du-japon-echec-de-l-alternance-.php]

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