Le Théâtre de la Ville (Paris) accueille MEGURI, la dernière création du chorégraphe japonais Ushio Amagatsu et de sa compagnie Sankai Juku du 23 juin au 2 juillet. L’artiste a développé une esthétique très personnelle et crée des spectacles d’une grande pureté et d’une grande délicatesse, mêlant danse contemporaine et butō. 

Meguri, Sankai Juku, Paris
Meguri, Sankai Juku, Paris

Un long poème visuel

Les tableaux vivants composés par Ushio Amagatsu déroulent leurs climats comme autant d’humeurs. Chacun des rendez-vous avec Sankai Juku est la promesse d’une vague de beauté. Meguri ne déroge pas à la règle. Ushio Amagatsu livre ici une de ses plus fortes créations. « J’ai osé mettre plus de mouvements. Comme si une force extérieure animait les interprètes », résume le chorégraphe japonais. À la source de son approche, il y a comme souvent un regard sur la nature. « J’utilise une sorte de symbolique : terre, eau, vent, feu ». Mer de sable d’un bleu profond, nervures rougeoyantes sur les parois, l’œuvre même déroule ses climats comme autant d’humeurs. Des rondes, des sauts, un travail au sol où le geste comme suspendu dans l’espace du théâtre font de Meguri un long poème visuel. À sa façon, pas si éloignée de celle d’un artiste-peintre, Ushio Amagatsu crée des univers comme autant de mondes intérieurs.

Quand la danse se fait offrande

Pour le 40e anniversaire de sa compagnie Sankai Juku, Ushio Amagatsu compose un paysage en mouvement, et cultive une symbolique qui mêle terre, eau, vent et feu dans un même élan. Comme à son habitude, Ushio Amagatsu a trouvé le titre de sa dernière création quelques heures avant la première au Performing Arts Center de Kitakyushu (Japon) en mars 2015 : ce sera « MEGURI ». Bientôt complété d’un sous-titre des plus évocateurs : « Teeming Sea, Tranquil Land (exubérance marine, tranquillité terrestre) ». Ushio Amagatsu offre au regard une de ses plus belles pièces, l’une des plus dansées également. « J’ai osé
mettre plus de mouvements. Comme si une force extérieure animait les interprètes », résume-t-il. Fidèle à sa méthode de travail, le chorégraphe alterne sur le plateau découpé de lumières les solos et les ensembles, le tout formant un paysage en mouvement. Son regard sur la nature enrichit MEGURI d’une palette d’influences autant que de couleurs. Ushio Amagatsu revendique une symbolique qui mêle terre, eau et vent, feu dans un même élan. Le sable ici est d’un bleu profond, les parois murales semblent vivantes, comme irriguées de sang. Ushio Amagatsu parle d’ailleurs de crinoïdes pour évoquer le décor : des animaux marins ressemblant à des plantes. Questionné sur ses références il aime ainsi citer le peintre Vermeer pour ses nuances ou le philosophe Gaston Bachelard dont il apprécie les écrits, preuve de son éclectisme. Il fait bon alors se perdre dans les mondes intérieurs de Sankai Juku. Le rituel à l’œuvre dans MEGURI, qui emprunte au butô, tout en s’autorisant des échappées belles inédites, voit les interprètes pris dans un entrelacs de transes, sauts ou gestes comme suspendus. Il faut dès lors être attentif à cette lenteur étudiée qui dialogue avec la virtuosité de l’écriture chorégraphique. Ushio Amagatsu est à sa façon un artiste-peintre qui manie le subjectif comme l’universel : « Je suis japonais mais je crois qu’en art l’universalité existe. Je pense mes créations à partir de cet aspect commun à tout homme. »

Teeming Sea, Tranquil Land est un témoignage précieux de l’un des plus grands artistes de notre époque. Une réflexion sur le temps et sur notre environnement. La danse ici se fait offrande. « Une fois donnée, mes créations appartiennent au public », dit-il encore. Parole d’un sage devenu chorégraphe. Sankai Juku porte haut les mots d’Ushio Amagatsu.

Ushio Amagatsu et Sankai Juku

Sankai Juku a été formé en 1975 par Ushio Amagatsu qui fait partie de la deuxième génération de danseurs Butô ; Tatsumi Hijikata et Kazuo Ohno en étant les pères fondateurs. Le Butô est une forme qui transcende les réactions de la génération « post-Hiroshima » au Japon et qui jette les bases d’une approche radicale de la danse contemporaine japonaise à partir de la fin des années 50. Avant cela, Amagatsu avait suivi une formation en danse classique et moderne à Tokyo et avait aussi approché les danses traditionnelles japonaises.
En 1975, il entame une série de longs stages sur plusieurs mois pour former sa propre compagnie. Des 30 garçons et filles du début il ne restera à la fin que 3 hommes. Sankai Juku sera donc masculin ! Son nom signifie littéralement « l’atelier de la montagne et de la mer » par référence à ces deux éléments déterminants de la topologie du Japon. Sankai Juku, compagnie totalement indépendante, commence alors ses représentations au Japon dans des salles de spectacle louées.
La première production d’importance de Sankai Juku fut Kinkan Shonen en 1978. Elle révéla la direction artistique d’Amagatsu qui donna du Butô une image plus claire, plus transparente, plus cosmogonique. La force de chaque expression, de chaque mouvement, de chaque élan, ramène toujours aux origines du monde pour offrir une appréhension passionnée de la vie et de la mort.
En 1980, Sankai Juku est invité pour la première fois en Europe. De cette première rencontre physique avec des cultures étrangères, Amagatsu développe sa théorie d’un équilibre entre les cultures « ethniques » dont la sienne, japonaise, avec une forme de recherche d’universalité. Pour Amagatsu, le Butô n’est pas simplement une technique formelle ou un style académique, mais il tend à articuler le langage du corps afin de trouver, au plus profond des êtres, un sens commun, une universalité humaniste, quitte à recourir parfois à la cruauté ou à la brutalité.
Sa recherche personnelle est basée sur un Dialogue avec la gravité, titre de son ouvrage paru en 2001. Le danseur utilise la pesanteur non pas comme un adversaire mais comme un allié dans son mouvement. Sankai Juku, dont tous les membres vivent au Japon, y prépare ses nouvelles œuvres (dont les premières mondiales ont lieu en France au Théâtre de la Ville, Paris et pour UMUSUNA en 2012 à l’Opéra de Lyon/Biennale de la danse). La compagnie a déjà parcouru 44 pays et plus de 700 villes de par le monde. Hors Sankai Juku, Amagatsu a créé 2 pièces pour danseuses et danseurs occidentaux aux USA et à Tokyo. Il a aussi chorégraphié la danseuse indienne Shantala Shivalingappa. Il a mis en scène Barbe Bleue de Béla Bartók au Japon et les créations mondiales des opéras Trois Sœurs et Lady Sarashina de Peter Eotvos à l’Opéra de Lyon.

Plus d’informations :

  • Dates des représentations au Théâtre de la Ville à Paris :

le jeudi 23 juin 2016 – 20h30

le vendredi 24 juin 2016 – 20h30

le samedi 25 juin 2016 – 20h30

le dimanche 26 juin 2016 – 17h00

le mardi 28 juin 2016 – 20h30

le mercredi 29 juin 2016 – 20h30

le jeudi 30 juin 2016 – 20h30

le vendredi 1 juillet 2016 – 20h30

le samedi 2 juillet 2016 – 20h30

  • Lieu : 2 place du Châtelet Paris 4
  • Tarifs :

Plein tarif : 1ère catégorie : 30€ ; 2e catégorie : 27€

Tarif jeune : 18€

Tarif moins de 14 ans : 10€

  • La page du spectacle 

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