Quand on parle de momification, la première chose qui nous vient à l’esprit est la momie d’Égypte. Malgré tout, d’autres types de momies vivantes existent, au-delà des frontières égyptiennes. Les Sokushinbutsu, des moines bouddhistes japonais qui suivaient jadis une longue pratique ascétique, les amenant ainsi à se momifier vivants.

Sokushinbutsu est lié à une pratique de moines observant un ascétisme extrême et permettant à leur enveloppe corporelle de ne pas connaître de putréfaction. Cette acte de momification est une preuve de la foi et de la force d’un individu. Cette pratique est interdite au Japon depuis la fin du XIXe siècle, considérée comme une forme de suicide, chose illégale au Japon. Son but est d’arriver à l’illumination et de devenir bodhisattva. On trouve de ces momies dans de nombreux pays bouddhistes, et plus spécifiquement au Japon.

La présence de ces momies se concentre principalement dans la région du Tôhoku, et plus précisément dans les départements de Fukushima et Yamagata. Il est possible d’en retrouver également au temple Nangakuji près de Tsuruoka.

Dans l’histoire japonaise, cette coutume funéraire de momification naturelle ne fût accomplie que par des moines adhérents au mode de pensée Shingon, très fortement teintée de shintoïsme. Tout le dessein du moine est de se détacher du monde sensible tel un bouddha, celui des 5 sens, n’étant qu’illusions inhérentes au mental par le truchement du corps.

D’où vient la momie Sokushinbutsu ?

Le concept de sokushinbutsu a été popularisé par Kukai, le fondateur du bouddhisme de la secte Shingon. Il est mort figé dans la posture d’une éternelle méditation lorsqu’il avait décidé de se rendre dans une grotte du mont Koya pour méditer tel un bouddha, et atteindre la plénitude en son corps. Sa chair ne s’étant pas décomposé, c’est ainsi que naquit la légende de la sagesse extrême, permettant ainsi aux moines de ne jamais connaître la putréfaction.

Afin de se dissocier du monde sensible, les moines Shingon s’entraînaient à oublier la douleur et la peur de la mort en méditant, par exemple, sous une cascade d’eau glacée. Ceux souhaitant devenir des Sokushinbutsu, étaient en général d’âge avancé, cherchant à faire l’expérience à l’extrême de l’oubli du corps et de la douleur. Les momies Sokushinbutsu sont très différentes des momies égyptiennes, dont on retirait les organes et dont les corps étaient conservés par l’action de divers produits.

Quatre étapes constituent le processus de la momification sokushinbutsu

  1. Pendant 1000 jours soit environ 3 ans, le moine japonais n’ingérait que des noix et des graines, couplé à une forte activité physique. Leur corps à l’échéance de ce temps aura perdu toutes ses graisses.
  2. Lors des 1000 jours suivants, le régime se faisait encore plus restrictif, composé de petites quantités de racines et d’aiguilles de pin. Au terme de ses 3 ans le corps devait avoir perdu une partie de ses fluides corporels.
  3. Vers la fin de cette période la suite des opérations devait amener à un « empoisonnement » du corps visant à le protéger des attaques d’insectes et autres animaux nécrophages. Pour cela, le moine se mettait à boire un breuvage fait de sève de l’arbre urushi (toxicodendron verniciflum, sorte de sumac). Cette sève très toxique notamment utilisée comme laque dans l’ébénisterie, achevait le processus de déshydratation.
  4. Enfin, le moine était emmuré vivant, en position du lotus dans une cavité juste assez grande pour l’accueillir. Il devait chaque jour faire tinter une clochette reliée à lui et lorsque cessait ce petit air quotidien, on savait que la vie avait enfin quitté son enveloppe charnelle et la tombe était définitivement scellée.

Les autres condisciples alors, après 1000 autres jours, ouvraient la sépulture afin de constater que la momification était bien effective. Beaucoup de moines du bouddhisme Shingon ont tenté de devenir Sokushinbutsu mais très peu y sont parvenus.

Pour en savoir plus sur le Sokushinbutsu

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