Le Japon s’annonce comme un acteur-clé du prochain sommet anticrise de Washington. En pleine tempête financière, ses partenaires misent beaucoup sur ce payeur prospère et obéissant. Mais l’archipel aimerait être considéré pour autre chose que son argent…

Assis sur les deuxièmes plus grosses réserves de change du monde (978 milliards de dollars fin octobre), le Japon envisage de prêter jusqu’à 10% de ce trésor au Fonds monétaire international (FMI) pour renflouer les pays ruinés.

Cela augmenterait d’un coup de plus d’un tiers les ressources du FMI. Une offre en ce sens pourrait être formulée le 15 novembre par le Premier ministre Taro Aso, qui a fait savoir qu’il comptait aussi exprimer ses idées pour « construire un cadre international réaliste pour la supervision et la régulation financière ».

Reste à savoir s’il subordonnera ses largesses à l’acceptation de ses propositions. Beaucoup d’observateurs en doutent. « Aso peut surtout offrir de l’argent. C’est probablement ce que tout le monde attend de lui.

C’est aussi l’état d’esprit dont la planète a besoin en ce moment: ne pas se demander ce que le reste du monde peut faire pour vous, mais ce que vous-même pouvez faire pour l’économie mondiale », estime Noriko Hama, économiste à la Doshisha Business School de Kyoto.

La communauté internationale serait toutefois inspirée de voir dans le Japon autre chose qu’un payeur prospère et obéissant, préviennent les analystes.

La deuxième économie mondiale peut d’abord se prévaloir de sa grande expérience des cataclysmes financiers, même si la réaction lente et indécise des autorités japonaises à la crise bancaire des années 1990 est plutôt considérée comme le parfait exemple de ce qu’il ne faut pas faire.

Le Japon peut aussi mettre en avant la rigueur de sa réglementation financière et, plus généralement, sa solide morale économique, face à un monde occidental désireux de rendre plus vertueux son modèle capitaliste.

Les patrons japonais, frugalement rémunérés, sont souvent allergiques au risque et à la spéculation. Plus soucieux de leurs employés que de leurs actionnaires et n’acceptant les investisseurs étrangers que lorsque ceux-ci se comportent poliment, ils sont souvent la cible des cris d’orfraie des Américains et Européens prompts à fustiger un pays jugé peu productif et fermé.

Mais ce conservatisme a relativement bien protégé l’archipel pendant la tempête financière mondiale. « Il est nécessaire de repenser le rôle du système financier partout dans le monde. Surtout dans les pays anglo-saxons, où la finance a pu créer un monde économique totalement virtuel.

Nous devons redécouvrir la relation entre la finance et le monde réel. En ce sens, la façon japonaise de faire les choses a beaucoup à offrir », explique Mme Hama.

Si elles sont loin d’être un modèle d’efficacité et de transparence, les banques japonaises ont en effet toujours privilégié leur rôle traditionnel de financement de l’industrie.

Elles sont restées à l’écart des jeux d’argent lucratifs mais risqués à l’origine des maux de leurs consoeurs occidentales. « Le modèle économique des banques a été poussé trop loin », a jugé le patron du groupe financier Sumitomo Mitsui, Masayuki Oku, selon qui il convient désormais de « revenir aux bases du métier ».

Relativement épargné par la crise, disposant d’argent et d’idées, le Japon dispose à Washington « d’une belle occasion de se placer plus au devant de la scène », estime Mme Hama.

« Malheureusement les Japonais sont généralement mauvais pour saisir ce genre d’occasion. Ils se cassent toujours la figure juste au moment de tirer au but », tempère-t-elle.

Le Japon, qui préside le club de pays riches du G8 cette année, a d’ailleurs manqué l’occasion d’organiser le sommet chez lui. « Je ne pense pas qu’Aso va sortir de sa manche une carte-surprise qui rendra tout à coup le Japon très important », prédit Mitsumaru Kumagai, analyste à l’Institut de recherche Daiwa, rappelant que « le Japon reste sous le parapluie américain.

Il ne peut guère se démarquer de la position de Washington ».

AFP

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