Josef Nadj propose Sho-Bo-Gen-Zo, au Théâtre de la Bastille (1). Le chorégraphe se penche sur une contrée lointaine, le Japon, dont il laisse entendre en sourdine le timbre musical. Ils sont quatre sur scène, Nadj lui-même, en duo avec Cécile Loyer, accompagnés par la violoniste Joëlle Léandre et le poly-instrumentiste Akosh Szelevény. Nadj s’est inspiré du maître Dôgen qui, au XIIIe siècle, fonda l’école sôtô du zen.

Cécile Loyer interprète l’« onnagata », personnage féminin habituellement joué par un homme. En kimono blanc, le visage dissimulé sous un masque, elle explore les codes du maniérisme souvent rattachés à la décadence au Japon. La danseuse exhibe la souplesse des mouvements de son dos qui plie comme un saule, déambule à l’oblique, jamais droite. Nadj, sous un masque terrible, les mains gantées de noir, évolue d’abord très peu. Le plateau est investi par une petite scène. Manipulations multiples d’objets, créations de figurines de glaise, on retrouve là tout le goût du chorégraphe pour le travail de la matière, ce souci de donner à voir une espèce d’artisanat en acte, sans doute hérité de son père charpentier.

Les corps se lâchent en de curieuses postures quasi expressionnistes qui tranchent sur la stricte économie du début. On les dirait livrés aux mains de créateurs invisibles, et rendus fous par le jeu des musiciens qui font grincer l’archet sur leur instrument. La pièce offre de courts duos, auxquels peuvent participer des pieds de chaises munis de bouchons qui répandent un liquide rouge  ! Nadj, encore une fois, nous rend familier l’insolite.

[Source : L’humanite->

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