Élu ce dimanche, le nouveau gouverneur d’Okinawa, Takeshi Onaga, entend annuler l’accord donné par son prédécesseur, Hirokazu Nakaima. Celui-ci s’était engagé, en décembre 2013, pour la relocalisation de la base américaine de Futenma à Henoko, secteur de la ville de Nago, à 40 km plus au nord. Les travaux devraient débuter à l’été 2015.

Vue sur la base aérienne de Futenma au coeur d'une zone densément peuplée. (© さかおり)
Vue sur la base aérienne de Futenma au coeur d’une zone densément peuplée. (© さかおり)

La base aérienne actuelle représenterait un risque important pour les citoyens, en raison de sa localisation dans une zone qui compte près de 5 000 habitants au kilomètre carré. Agressions sexuelles, accidents de voiture, pollution sonore : les Okinawaïens sont exaspérés par la présence des Marines. Contrairement aux entreprises de construction, qui voient dans le projet de déménagement une manne économique, la population du secteur de Henoko reste divisée. Nombre de Japonais, dont plusieurs maires, s’opposent à ce projet de relocalisation. Ils avaient appelé dès avril 2013 à un transfert de ces forces américaines dans une autre préfecture.

Bien que représentant 0,6 % du territoire national, la préfecture d’Okinawa concentre 74 % des installations militaires américaines de surface en 2014. Le gouvernement américain, qui avait pourtant convenu en avril 1996 de restituer le terrain en question dans un délai de 5 à 7 ans, entend aujourd’hui maintenir ses forces dans la région. Il considère en effet cette île nippone comme une base stratégique, bien plus proche du continent asiatique que Guam ou Hawaï. Ils bénéficient par ailleurs d’une situation confortable, les trois quarts des coûts de maintenance étant pris en charge par le Japon.

Si les conservateurs sont rassurés par la présence des Marines, d’autres Japonais considèrent que la sécurité du pays, face aux menaces chinoises et nord-coréennes notamment, peut être assurée par d’autres voies, économiques et culturelles. Parmi eux circule même l’idée d’abroger le traité de sécurité nippo-américain, signé en 1951, remodelé en 1960 et désormais reconduit automatiquement.

Jean-François Heimburger, journaliste

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6 Commentaires

  1. Nouveau gouverneur (ou préfet, puisque c’est un département, et non pas un Etat…) ou pas, les projets lancés à Okinawa ne changeront pas d’un iota. Les travaux pour la nouvelle base ont déjà commencé à Henoko (commune de Nago), donc il y aura relocalisation.

    Et malheureusement, les maires auront beaux se mobiliser, l’histoire à démontrer que ce n’est pas suffisant. Durant la première moitié des années 90, le préfet Ôta s’était opposé à pas mal de projets liés aux bases : relocalisation, renouvellement des baux pour les terrains où sont situées les bases… Au final, ça lui a attiré les foudres du gouvernement et couter son poste aux élections suivantes. Par contre, son opposant et successeur, soutenu par Tôkyô et défenseur du maintien des bases, a bénéficier d’un budget extraordinaire pour « développer » les zones en déclin.

    Bref, en résumé, les dispositifs mis en place à Okinawa, notamment sur la question des bases militaires, auront du mal à être remis en question, dans la mesure où ils renvoient à des enjeux capitaux pour le pays aux niveaux politique, diplomatique, stratégique, et bien sûr, économique et social.

    • Bonjour,
      Le terme « préfet » (chiji) est à éviter ici, notamment parce qu’il n’a pas le même sens qu’en France : au Japon, le gouverneur (governor en anglais) est élu au suffrage universel direct et n’est pas le représentant légal du pouvoir central. Rappelons qu’il est chef d’une collectivité (ken), traduite en français par « département » ou « préfecture » (de l’anglais Prefecture).

      • « ou « préfecture » (de l’anglais Prefecture) » ????

        C’est une blague, non?
        Le terme vient du latin « praefectura », français depuis le 15ème siècle et emprunté par la suite par la langue anglaise.

        • Bonjour,
          Il s’agit ici d’une explication de l’emploi de ce terme pour ce qui concerne le Japon. La traduction de ken est Prefecture en anglais ; l’emploi de préfecture en français pour désigner cette collectivité semble donc venir de cette traduction anglaise. (Le terme, employé en français depuis la fin du XIIIe siècle, vient effectivement du latin præfectura, mais ce n’était pas la question ici.)

          • « pour ce qui concerne le Japon » eh bien pour ce qui concerne le Japon, le système japonais des « préfectures » a été instauré sous l’ère Meiji et largement inspiré du modèle français.
            Je ne saisis pas trop la portée de l’argument sur la traduction de Ken en anglais, vu que la traduction de ken en français est aussi préfecture (du français « préfecture ») ou département.

            Maintenant puisqu’on parle de Ken, il reste l’épineuse question de Barbie…

          • Il aurait mieux valu traduire « 県 » par district ou circonscription que par préfecture.
            A l’origine, en 1871, préfecture et préfet tout comme gouverneur pouvait se comprendre car ils étaient nommés par la capitale comme représentant du gouvernement.
            la nouvelle constitution et la loi d’autonomie locale de 1947 fit que ce représentant de la circonscription devait être élu au suffrage direct pour présider le nouveau gouvernement local. Ainsi depuis cette date, préfet ne se justifiait plus comme traduction en français alors que gouverneur peut se comprendre du fait de l’influence américaine sur la nouvelle constitution.

            De toute façon quand on fait du bricolage avec des systèmes disparates pris un peu partout et traduits pour donner l’impression qu’on est des gens sérieux il ne faut pas s’étonner que les mots ne reflètent plus la réalité.

            Et comme disait le vieux Confucius « Lorsque les mots perdent leurs sens, les hommes perdent leur liberté. » Au Japon, à savoir s’il l’ont jamais eu.

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