PARIS (AFP) — Entre le peintre catholique français Georges Rouault (1871-1958) et le Japon shinto et bouddhiste, le lien ne coule pas de source. Pourtant la rencontre a eu lieu, comme l’atteste la présentation à partir de mercredi de la collection Idemitsu à la Pinacothèque de Paris.

Pour la première fois en France, le public va pouvoir découvrir 70 oeuvres de Rouault provenant de cette collection rassemblée par l’industriel japonais Sazo Idemitsu (1885-1981) au début des années 1970 et complétée ensuite.

Elève de Gustave Moreau, ami du Fauve Henri Matisse, Georges Rouault est un artiste réputé « inclassable ». Jusqu’à la Première guerre mondiale, il réalise aquarelles et gouaches dans une veine expressionniste où il montre le peuple des faubourgs -lui-même est né à Belleville sous la Commune-, des prostituées, des personnages de cirque. Il passe ensuite à l’huile. Sa peinture nouée, épaisse, aux couleurs intenses cernées de noir, s’inspire de plus en plus de thèmes religieux.

La Pinacothèque expose ainsi plusieurs « Passion » du Christ peintes dans les années 30. Ce sont elles qui ont été présentées en 1972 au riche Idemitsu, de religion shinto et grand amateur d’art asiatique (ses collections sont rassemblées dans un musée à Tokyo).

Alors qu’il n’avait jamais manifesté d’intérêt particulier pour l’art sacré occidental, Idemitsu est immédiatement conquis. Il trouve dans ces oeuvres des similitudes avec la calligraphie japonaise et déclare que les traits noirs de l’artiste lui procurent la même impression que la peinture à l’encre japonaise et les estampes.

L’industriel, qui a fait fortune dans le pétrole, achète la série de 54 peintures mise en vente par un héritier d’Ambroise Vollard, le marchand de Rouault. Au fil des ans, sa collection s’étoffe. Actuellement, la famille Idemitsu détient 400 oeuvres, ce qui en fait la collection de Rouault la plus importante au monde.

« Le peintre est apprécié au Japon depuis les années 20 », a indiqué à l’AFP Marc Restellini, directeur de la Pinacothèque et commissaire de l’exposition. « On peut se demander comment un artiste aussi engagé dans le christianisme a pu plaire à ce point dans un pays où dominent la religion shinto et le bouddhisme », souligne-t-il.

L’attrait du Japon pour Rouault ne peut se réduire à un simple rapport esthétique, relève M. Restellini. « Les Japonais observent les oeuvres d’une manière méditative. C’est un voyage intérieur. Les oeuvres de Rouault invitent à cette profondeur », considère-t-il.

Se détournant d’un parcours chronologique, l’exposition a choisi de présenter le peintre à travers ses rencontres: le maître Gustave Moreau, l’ami d’atelier Matisse, le pamphlétaire Léon Bloy, le couple d’intellectuels Jacques et Raïssa Maritain, l’écrivain André Suarès. Ou encore son marchand, Ambroise Vollard, avec lequel il entretenait des relations tumultueuses mais fructueuses.

(« Georges Rouault: les chefs d’oeuvre de la collection Idemitsu ». Du 17 septembre 2008 au 18 janvier 2009. Pinacothèque de Paris.

Catalogue édité par la Pinacothèque de Paris. 240 pages, 150 illustrations. 40 euros).

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