Les films à sketchs sont toujours un peu ratés, parce que composites et d’intérêt inégal. « Tokyo ! » déroge presque à la règle. Cette « rhapsodie » ou « fantaisie en trois mouvements », dixit les producteurs, qui prend pour « motif » la mégapole japonaise, a été confiée a trois réalisateurs brillants et originaux. Mais hélas, le plus capé d’entre eux, Leos Carax, s’est pris les pieds dans le tatami. Son opus, « Merde », qui narre les exactions d’une « créature des égouts », ne dépasse guère le stade de la pochade étudiante et paraît du coup un brin longuet, malgré la prestation étonnante de Denis Lavant.

Michel Gondry est mieux inspiré avec « Interior Design » (qui ouvre le film) : l’histoire surréaliste d’une jeune fille qui se sent de plus en plus inutile dans la ville écrasante où son petit ami réalisateur cherche à se faire un nom – elle n’y trouvera sa place qu’au prix d’une spectaculaire métamorphose.
Leçon de cinéma universelle

Mais la perle de cette trilogie fantastique est « Shaking Tokyo » du Coréen Bong Joon-ho. Depuis dix ans, un homme vit isolé dans son appartement – c’est un « hikikomori ». Lors d’un tremblement de terre, il tombe amoureux d’une jeune livreuse de pizzas, qui s’est évanouie à ses pieds. Quand il veut lui avouer sa flamme, il apprend qu’elle s’est à son tour cloîtrée chez elle. Parviendra-t-il à franchir la frontière « extérieure » qui les sépare ? Scénario au cordeau, images léchées, gros plans lumineux, caméra en apesanteur… leçon de cinéma universelle, le beau conte de Bong Joon-ho vaut à lui seul le point d’exclamation de « Tokyo ! »

TOKYO ! de Michel Gondry, Leos Carax et Bong Joon-ho.

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