OTSUCHI, Japon — Ils ont non seulement perdu leur logement, mais aussi leurs équipements et parfois leur aide-soignante: pour les handicapés sinistrés du tsunami du nord-est du Japon, la vie est devenue « vraiment éprouvante » dans l’inconfort des centres d’hébergement.

Sachiko Miura, 66 ans, est quasiment sourde. Le 11 mars, elle n’a pas entendu l’alerte au tsunami après que la Terre ait violemment tremblé. Les vagues géantes l’ont surprise au deuxième étage de sa petite maison en bois dans le port d’Otsuchi, où elle a vécu toute sa vie.

« En un rien de temps, j’avais de l’eau jusqu’à la taille et je tremblais de froid et de peur », se souvient Sachiko, les larmes aux yeux.

« Lorsque la nuit est tombée, je pouvais voir des flammes par la fenêtre et sentir les explosions de gaz ».

Après plusieurs heures d’effroi et de solitude, la sexagénaire malentendante est secourue par des voisins et accueillie dans un centre d’urgence installé dans la partie haute d’Otsuchi, préservée des vagues.

Un mois après, Sachiko y est toujours et se remet difficilement de la catastrophe. Elle souffre de la promiscuité et de son incapacité à communiquer aisément avec les autres rescapés et les secouristes.

Elle n’est pas la seule dans ce cas.

Nombre de réfugiés sont des personnes âgées, qui sont sur-représentées dans le nord-est du Japon, une région plutôt traditionnelle que désertent les jeunes actifs à la recherche d’emploi. Beaucoup d’entre elles n’ont plus accès aux équipements pour handicapés ou aux maisons spécialisées, détruits par le séisme et le tsunami.

Le gouvernement n’a pas communiqué sur le nombre total d’handicapés parmi les 160.000 personnes qui restent hébergées dans les centres d’accueil, un mois après la pire catastrophe subie par le Japon depuis la Deuxième guerre mondiale, avec près de 28.000 morts et disparus.

Mais ils seraient environ un millier dans la seule préfecture d’Iwate, l’une des plus affectées, selon les autorités locales.

« Quand Mme Miura est arrivée au centre d’hébergement, elle a eu du mal à s’adapter à la vie de groupe », témoigne Chikako Yamazaki, une rescapée attentionnée qui prend soin que sa camarade d’infortune ne manque ni de nourriture ni d’attention.

« Ici, chacun est vraiment stressé. Et s’occupe surtout de soi-même », constate-t-elle.

Installé à proximité, Takeo Yamada, 63 ans, trouve la vie « vraiment éprouvante » depuis le 11 mars. Partiellement paralysé, ce retraité a perdu le soutien de l’aide-soignante qui s’occupait de lui, à domicile. « Je suis devenu totalement dépendant de ma femme. Je suis désolé pour elle. Je ne demande qu’une chose: retrouver mon ancienne vie ».

Mais la situation ne devrait pas s’améliorer très rapidement. A Otsuchi, de nombreux professionnels de la santé ont péri; d’autres ont quitté la ville. « C’est difficile, dans ce contexte, de rétablir les services », se désole Osamu Iwabuchi, un travailleur social.

En attendant, le désastre présente l’opportunité aux handicapés, qui souffrent souvent de solitude, « de mieux s’intégrer dans la société », estime Hiromitsu Mihara, un expert des questions sociales. « J’espère qu’un bien sortira de cette épreuve ».

[Copyright © 2011 AFP. Tous droits réservés. – Article original sur google actualités.->

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