Souvenez-vous de cette phrase : « Zhongguo jia you ! », car vous n’avez pas fini de l’entendre. C’est la version en mandarin de « Allez la Chine ! » et le public des sites olympiques de Pékin ne se lasse pas de la scander. A mi-parcours des Jeux, la moisson de médailles d’or est remarquable et les spectateurs chinois sont à la fête, très présents, très enthousiastes et bruyants. Certains viennent par groupes, au gré des attributions de billets par entreprise, école, comité de quartier…
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Mais attention : on est très loin des débordements nationalistes qui ont accompagné le passage de la torche en Occident ou de l’atmosphère de vindicte du printemps. Les supporteurs chinois ne sont pas les hooligans britanniques, ils sont là pour se faire plaisir et l’ambiance est bon enfant.

C’est même parfois à se demander si le fair-play n’a pas été décrété en haut lieu. Les autorités chinoises auraient-elles donné la consigne de modérer les démonstrations de patriotisme de leurs athlètes ? Une scène aperçue jeudi soir 14 août à la télévision d’Etat CCTV le laisse penser. Après le sacre de la judokate Yang Xiuli, un spectateur essaie de lui lancer un drapeau chinois depuis la tribune. Un vigile intercepte la bannière rouge étoilée d’or avant que la judokate n’ait le temps de la réceptionner. Une minute plus tard, une volontaire du Comité d’organisation lui rapporte le drapeau. Cette fois, son entraîneur s’interpose pour l’empêcher de le déployer. Yang Xiuli finit par le lui arracher des mains, c’est alors la caméra qui change de champ, comme si la télévision chinoise ne voulait pas diffuser l’image de l’emblème national entre les mains de la championne olympique.

Le drapeau chinois, sous différentes formes – fanion, autocollant, dessiné sur les joues – est en revanche bien visible dans les gradins. Mais ce n’est pas non plus une mer de drapeaux, à la nord-coréenne. « Zhongguo jia you ! » L’hystérie, parfois, n’est pas loin, lorsque les escrimeuses ont raté d’une touche le titre par équipe. Jeudi soir encore, au match de volley-ball Chine-Japon, l’équipe japonaise a été copieusement huée, mais, affirme un témoin, sans agressivité spécialement dirigée contre ce pays, au passé lourd en Chine. Pendant les pauses, des chants patriotiques ont été repris en choeur, mais dans la joie et la gaieté. Le soir, dans la salle de judo, lorsque la Chinoise Tong Wen a terrassé la Japonaise Maki Tsukada, ce fut, certes, l’extase. Mais dans la salle de basket-ball, les supporteurs chinois ont autant vibré pour les paniers spectaculaires de la sélection américaine que pour les points marqués par la star du pays, Yao Ming. Vendredi enfin, ils ont presque autant applaudi les deux petites gymnastes blondes américaines qui ont privé la Chine d’or pour la première fois depuis le début des épreuves de gymnastique.

LA PRESSE RESTE MODESTE

Le ton n’est pas plus triomphal dans la presse, qui se garde pour l’instant de titres grandiloquents. Sur Internet, les blogs sur lesquels s’exprimaient il y a quelques mois les « jeunes en colère » se contentent de prédire que Londres, ville hôte des Jeux en 2012, ne fera pas mieux que Pékin. La tonalité est plus nuancée sur les autres sites : « Débarrassez-vous du fardeau des médailles et jouissez du plaisir de la compétition » ; « Aimez la médaille mais plus encore l’esprit du sport » ; « Les médailles ne sont pas notre seule attente »…

Un universitaire chinois actuellement aux Etats-Unis, Xue Yong, décèle même, dans une tribune publiée par Zhongguo Qingnian Bao, (Le Quotidien de la jeunesse de Chine), « des faiblesses structurelles derrière la force des médailles d’or ». M. Xue relève que les Chinois sont essentiellement bons dans les sports sans valeur commerciale dans la plupart des pays – tir, haltérophilie, aviron, plongeon, ping-pong, gymnastique – alors que les Occidentaux conservent leur avantage dans les disciplines financièrement intéressantes pour les professionnels : athlétisme, natation, tennis, football, basket-ball. « En fait, conclut-il, la Chine, qui s’avance vers l’économie de marché, doit trouver de nouveaux moyens pour promouvoir le développement du sport. Si nous renonçons à l’économie planifiée, pourrons-nous toujours atteindre ces brillants résultats ? »

Sylvie Kauffman et Stéphane Mandard

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