Avant de devenir entrepreneur, il commence par travailler au sein de grands groupes de communication et l’envie de monter sa propre structure le gagne. Il crée donc une agence de communication et de design. C’est à cette époque que Charles Znaty rencontre le pâtissier Pierre Hermé qui travaillait alors chez Fauchon. Les deux hommes ont d’abord collaboré sur le livre de recette Secrets gourmands puis sur le classique et incontournable « la Cerise sur le gâteau » réalisé avec l’aide d’un designer. « Nous sommes devenus amis et nous avons eu l’envie de nous associer pour créer ensemble une entreprise. » C’est comme cela que l’aventure a débuté.
Pierre Hermé Paris, une entreprise japonaise ?
Malgré le nom de la maison, c’est bien au Japon et plus précisément à Tôkyô qu’a ouvert la première boutique de la marque. Pourtant, c’est par hasard que Charles Znaty va découvrir l’Archipel. Il y est invité par l’hôtel New Otani pour la mise en place de pâtisseries françaises éphémères et veut Pierre Hermé, « le meilleur pâtissier au monde. »
À l’époque Charles Znaty voit dans le Japon un pays très organisé et presque ennuyeux. Mais dès sa première semaine passée sur place il découvre des gens attachants et gentils avec qui il est toujours en contact aujourd’hui. C’est une personne qui fait confiance au hasard des rencontres, il pense qu’elles peuvent être déterminantes dans l’existence et en particulier dans la réalisation de projets.
Alors que les deux hommes travaillent pour Ladurée, ils préparent en même temps le lancement de leur propre maison de pâtisserie. Et face à la défiance généralisée pour lancer leur a aire en France et au succès de l’opération au New Otani, ils décident de se lancer au Japon. Plus qu’un plan pensé sur le long terme, il s’agit davantage d’un choix lié à l’instinct et au désir. Charles Znaty avoue même : « Peut-être que si j’avais beaucoup réfléchi, je ne l’aurais pas fait. »
Cet état d’esprit ainsi que les idées de mobilité et de flexibilité sont importants dans sa vision des affaires. Il est nécessaire de conserver une énergie créatrice, de cultiver la spontanéité et l’improvisation. Néanmoins, cela ne signifie pas faire n’importe quoi, bien au contraire. Cela demande un travail énorme en amont pour être capable de saisir et capter le sens des choses, aussi ténu soit-il, et d’en faire une bonne idée. La bonne idée nécessite elle-même beaucoup de labeur pour être transformée en réussite.
Pâtissier et détaillant
En dépit des avertissements sur les goûts et les habitudes des Japonais, ils ont pris le parti de rester authentique en ne cherchant pas à s’adapter à ces derniers. « C’est une chose que d’écouter ce dont les gens ont envie mais s’en est une autre que de chercher à tout prix à leur plaire. » C’est pourquoi Pierre Hermé et Charles Znaty ont choisi de proposer ce qu’ils savent faire tout en restant à l’écoute du client, avec une dé- marche sincère.
On peut y voir un pied de nez à la tendance actuelle qui, par une forte pression sociale sur le consommateur, le pousse sans cesse vers la nouveauté.
Une autre valeur de la maison Pierre Hermé Paris est le souci du détail, valeur également importante de la société japonaise. On retrouve cela dans la politesse très codée du pays, trop formelle et pas toujours sincère. Pour Charles Znaty, il est important d’aller plus loin en créant une véritable relation entre le client et le vendeur.
Le fait de commencer au Japon a bien sûr induit un certain nombre de difficultés. L’apprentissage des procédures douanières ou de la conformité administrative a été très long et difficile mais indispensable pour produire la qualité souhaitée. Maintenant, le résultat est là et cet apprentissage a été bénéfique pour surmonter d’autres obstacles et faciliter l’exportation de la marque vers de nouveaux pays. Si un entrepreneur veut réussir, il se doit d’acquérir « l’état d’esprit qui transforme la di culté en opportunité. »
Enfin, Charles Znaty souligne que Pierre Hermé Paris est une « entreprise hybride franco-japonaise » qui a réussi des deux côtés du monde.
