Aujourd’hui marque le deuxième anniversaire de la nationalisation de trois îlots de l’archipel des Diaoyutai/Senkaku par le Japon. Depuis ce 11 septembre 2012, les tensions avec la Chine, qui revendique ces territoires, sont plus que préoccupantes, augmentant le risque de conflit dans la région.

À gauche, Uotsuri-Jima et à droites les îlots de Kita Kojima et Minami Kojima (© BehBeh)
À gauche, Uotsuri-Jima et à droites les îlots de Kita Kojima et Minami Kojima (© BehBeh)

Voici encore quelques années, le litige autour de l’archipel Diaoyutai (terme chinois)/Senkaku (terme japonais) paraissait relativement peu alarmant. Passé sous contrôle japonais en 1895, sans protestation de la dynastie Qing, ce groupe d’îlots a été restitué au Japon en même temps qu’Okinawa en 1972. Bien qu’il soit revendiqué par la Chine et Taïwan depuis la fin des années 1960, après qu’une étude évoquât l’existence de réserves pétrolières importantes, les dirigeants nippons et chinois s’étaient mis d’accord pour mettre ce différend de côté dans le cadre du développement de leurs relations diplomatiques et économiques.

La tension est ensuite devenue plus vive en 2004, après les incursions de sous-marins chinois dans les eaux territoriales japonaises. Outre l’aspect énergétique, c’est à un enjeu stratégique que Pékin semble s’attacher à présent. La possession de l’archipel Diaoyutai/Senkaku lui ouvrirait en effet la partie nord-est de la mer de Chine, pour l’instant cloisonnée par l’arc formé par le Japon, Taïwan et les États-Unis.

Un apaisement battu en brèche

La « réconciliation » du Japon et de la Chine, amorcée par les visites de Shinzô Abe à Pékin en 2007 et de Hu Jintao à Tokyo début 2008, puis renforcée par les vues sinophiles adoptées par les démocrates japonais à partir de 2009, paraissait une bonne voie – même si Pékin n’était pas dupe en observant les dirigeants nippons développer leurs relations sécuritaires dans la région.

Après un hoquet en septembre 2010 suite à un accrochage maritime, cet espoir d’apaisement a définitivement volé en éclat le 11 septembre 2012, jour où le Japon a nationalisé trois îlots en les achetant à un propriétaire privé. Que l’Archipel ait cherché par-là à éviter l’acquisition de ce territoire par le maire de Tokyo de l’époque, ultranationaliste, pour éviter le pire, en prenant en plus soin de ne pas renforcer sa présence militaire dans la zone, Pékin n’en a eu que faire. Les dirigeants chinois ont dès lors multiplié les incursions dans la zone économique exclusive japonaise, leurs bateaux y pénétrant pas loin de deux cents fois en 2013 et à une vingtaine de reprise cette année.

La Chine a d’ailleurs accompagné ces démonstrations de force par une série de sanctions économiques, telles que le renforcement des contrôles douaniers et la limitation des exportations de terres rares vers le Japon. De grands constructeurs nippons, à l’image de Toyota, ont ainsi dû revoir leurs objectifs à la baisse, tout comme la compagnie aérienne Japan Airlines qui a fortement réduit la fréquence des vols entre les deux pays.

Un nouvel espoir de sortie de crise

Cette vive tension se ressent aujourd’hui dans la population. Selon un sondage récent réalisé par une association à but non lucratif japonaise et un journal anglophone chinois, 93 % de Japonais et 86,8 % de Chinois n’ont pas une opinion positive de leur voisin – ils sont respectivement 33,5 % et 49,4 % à avoir exprimé une opinion franchement négative.

En dépit de l’huile versée sur le feu, d’un côté (réalisation de plans hydrographiques et intrusion de bateaux chinois cette semaine dans la zone sous contrôle japonais) comme de l’autre (récent projet d’extension du plateau continental nippon), un nouvel espoir est attendu, en tout cas par la population. Un sondage de la NHK indique en effet qu’une majorité de Japonais souhaitent une rencontre entre le Premier ministre Shinzô Abe et le président Xi Jinping en marge du 26e forum économique pour l’Asie-Pacifique prévu les 10 et 11 novembre prochains à Pékin.

Jean-François Heimburger

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1 COMMENTAIRE

  1. Une correction:

    Les Senkaku-shoto ne sont pas « passé sous contrôle japonais ».
    Les îles inhabitées Senkatu-shoto ont été occupée par le Japon en janvier 1895, en continuité de l’exploitation commerciales des îles par des entrepreneurs japonais depuis 1884.
    N’ayant jamais été occupée de manière permanente auparavant, le droit international les classant terra nullius, les Senkaku-shoto deviennent de facto japonaises sans que la dynastie Qing puisse dire quoi que ce soit comme elle ne les avait jamais revendiquées ni même tenté d’occuper.
    Elles sont alors rattachées à Ishigaki de la préfecture d’Okinawa et prêtées pour exploitation en 1896 à l’industriel Koga Tatsushirō (古賀 辰四郎) qui achète d’ailleurs plusieurs terrains qui seront ensuite revendus à d’autres particuliers japonais. Si l’île de Taishō-jima (大正島) ainsi que les rochers Oki-ni-kita-iwa (沖ノ北岩), Oki-no-minami-iwa (沖ノ南岩) et Tobise (飛瀬) sont toujours restés terre nationale, les autres îles de Uotsuri-jima (魚釣島), Kita-Kojima (北小島) et de Minami-Kojima (南小島) sont rachetées le 11 septembre 2012 par le Japon à l’homme d’affaire Kurihara Kunioki. Seule l’île de Kuba-jima (久場島) reste la propriété privée de Kurihara Kazuko, sœur de Kurihara Kunioki.
    La raison de ces précisions est que c’est à l’issue d’un rapport de la commission ECAFE de l’ONU (United Nations Economic Commission for Asia and the Far East) de 1969 notifiant des ressources pétrolières et gazières potentielles dans les fonds entourant les îles Senkaku, que Taïwan la même année, puis la Chine en 1971, commencèrent à revendiquer l’appartenance des îles. Si Taïwan insiste peu, la Chine pousse depuis la tension dans les eaux territoriales japonaises pour tenter de déclencher l’affrontement armé, comme elle essaye de jouer sur la véracité historique par exemple en essayant de faire confondre occupation légale de janvier 1895 suivant le droit international et trophée de guerre par le traité de Shimonoseki d’avril 1895.

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