Un calme plat social au Japon ? Comparé à l’Hexagone, les soulèvements sociaux paraissent bien rares au Japon. Est-ce un consensus social qui fait de l’Archipel aujourd’hui le pays du – presque – « zéro grève » et « zéro manifestation » ?

Manifestation anti-nucléaire à Tôkyô. Photo : Kevin Meyerson, 19 septembre 2011.
Manifestation anti-nucléaire à Tôkyô. Photo : Kevin Meyerson, 19 septembre 2011.

Vu de la France, il y aurait matière à revendiquer au Japon : 36% des travailleurs ont des emplois irréguliers et 16% de la population vivaient en dessous du seuil de pauvreté en 2009. Le droit de grève existe bel et bien au pays du soleil levant ; pourtant son utilisation est très ponctuelle et se raréfie de plus en plus.

Nous sommes bien loin du bouillonnement qui a suivi la guerre, comme en 1946 où plus d’un million de personnes manifestèrent partout dans le pays, suite à l’appel du Parti communiste japonais. A cette époque, un salarié sur deux était syndiqué, ils ne sont aujourd’hui plus que 17,7%. Le climat actuel du Japon est devenu moins propice aux mouvements sociaux : le vieillissement de la population, la montée de la précarité et les difficultés économiques du pays ont favorisé une sorte d’essoufflement du peuple nippon.

« Est-ce qu’un jour j’ai fait grève ? Ah oui ! Il y a environ trente ans, ce fut la première et la dernière fois ! » se rappelle en souriant Hajime, un cadre supérieur de 58 ans. « Aujourd’hui, pour les jeunes de 20 à 30 ans, les grèves, les manifestations, ça fait partie de l’histoire, pas de leur présent » continue-t-il.

Alors que le principal syndicat du pays, Rengo, vient de réclamer des hausses de salaires, acceptées timidement par les patrons (seulement 16% des entreprises selon un sondage), les Japonais ne semblent pas réagir à cette nouvelle mesure, gardant une nouvelle fois leur impassibilité légendaire.

Marine Simon – Sources : L’Orient le jourChallengesGeopolis

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10 Commentaires

  1. Pas plus d’explications ? (j’aime bien demander la lune parfois)

    Il me semble que par rapport aux autres pays européens, la France manifeste beaucoup, les autres pays appliquent plus le consensus. D’après un documentaire vu sur LCP (mais je n’arrive pas à le retrouver), l’habitude de la manifestation où ont fait du bruit viendrait des processions chrétiennes où on fait du bruit pour interpeller Dieu… ou le Roi qui est son représentant dans le Pays.

    Au Japon, l’Empereur est dans son palais au milieu d’un grand parc (Versailles n’est pas au milieu du parc, c’est l’entrée d’un parc, et le Louvre est au centre de Paris). Le peuple n’avait jamais entendu la voix de l’Empereur avant la défaite de la seconde guerre mondiale, et je ne sais pas si il sortait en public. J’avais lu la description de l’une des fêtes de quartier (j’ai oublié leur nom et peu respectueux, j’ai la flemme de le chercher) sur le site nippon.com, fête qui ont des origines religieuses, ils décrivaient des chars avec des dessins d’héros affrontant les dieux (ça me rappelle la mythologie grecque).

    C’est une analyse de comptoir, mais j’ai l’impression qu’en France, on manifeste pour faire peur à des personnes à qui ont demande quelque chose, en faisant un max de bruit alors qu’au Japon, on cherche à attirer par des dessins plaisant pour affronter celui avec qui on a un conflit.

    Après, je ne connais pas de japonais, donc je me trompe certainement.

  2. La france est le pays roi des manifestations mais au final elles servent pas a grands choses : soit pour des conneries et/ou les politiques n’écoutent pas au final

    « Vu de la France, il y aurait matière à revendiquer au Japon : 36% des travailleurs ont des emplois irréguliers et 16% de la population vivaient en dessous du seuil de pauvreté en 2009. »

    Peut on avoir ces chiffres pour la france qu’on compare ?

  3. Au japon, les fonctionnaires n’ont pas le droit de faire grève et ceux du privé savent très bien que si une société est en difficulté financière ce n’est pas en faisant grève et en lui faisant perdre plus d’argent et la confiance des investisseurs que la situation deviendra meilleure.

    • Alors on fait quoi ? On baisse son froc et on sort la vaseline ?
      En France les manifs ont souvent permis de faire reculer le gouvernement. Ce n’est malheureusement plus le cas depuis quelques années. Il faut pourtant bien que les gouvernements comprennent que le fait de les élire ne leur donne pas un pouvoir absolu et que de temps en temps le peuple peut ne pas être d’accord avec la politique menée.

      • En France les manifestations ont surtout servi les revendications corporatistes dont en premier les corporations (qui bénéficient d’un privilège octroyé par l’Etat comme celui des fonctionnaires) qui sclérosent l’économie française et l’empêche de s’adapter à la mondialisation.
        Il faut que les gouvernements comprennent qu’à chaque fois qu’ils s’occupent de l’économie d’un pays, c’est la débâcle et la faillite. La fonction du gouvernement est de faire respecter les droits naturels et non d’imposer des reformes de société.

        • Il n’y a pas de privilèges, il n’y a que des acquis sociaux. Rien n’est tombé tout cuit dans le bec des travailleurs. Ils se sont battus pour obtenir ce qu’ils ont. Et maintenant on leur retire petit à petit ces avantages sous prétexte de crise et d’économie mondialisée. Mais nous n’avons rien demandé. Si c’est la crise, c’est la crise de sociétés voyous qui ne reculent devant rien pour amasser toujours plus. Les ouvriers ne sont pas responsables de cette situation et n’ont pas à en payer les pots cassés.
          Heureusement que les états mettent un peu leur nez dans l’économie sinon Zola serait de retour et pas surpris du tout!
          Quand aux réformes de sociétés on les laisse à qui ? Aux religions ? Il faut bien à un moment acter ce qui est dans l’air du temps. Sinon c’est le moyen-âge perpétuel. Y a qu’a regarder ce qui passe en Ouganda par exemple.

          • Telly, en bon petit socialo bien élevé tu me ressors Zola du placard comme un FN le ferrait avec Jeanne d’Arc. C’est fini le front populaire, il faut vivre avec son époque.
            Les zacquizosio sont faits sur le dos des générations futures, les fonctionnaires sont improductifs par définition parce que leur salaire est prélevé aujourd’hui par la force de la loi sur les entreprises et les employés du privé. La plupart de ce qu’ils font pourrait être fait par des entreprises privées, bien plus rentables et efficaces.
            La mondialisation est une compétition, ou on s’adapte ou on disparait et le merveilleux système français que le monde entier nous envie et que personne ne copie parce qu’il fonce droit dans le mur creuse lui-meme sa tombe car il est au mains de technocrates protégés et complètement déconnectés de la réalité.
            Le socialisme n’a jamais marché nulle part, les anciens pays de l’est l’ont assez durement compris, Cuba est misérable et le Venezuela malgré son pétrole est en pénurie de papier toilettes et en ce moment en pleine répression policière dont personne ne parle parce que tout bon journaliste élevé chez science po-pulaire n’arrive pas à admettre que le socialisme est un cul de sac.
            « Quand aux réformes de sociétés on les laisse à qui ? Aux religions ? Il faut bien à un moment acter ce qui est dans l’air du temps. Sinon c’est le moyen-âge perpétuel »
            Les sociétés évoluent chacune à sa vitesse, l’Etat n’a pas à faire de reforme pour transformer l’individu ou bien c’est un Etat totalitaire qui prive l’individu de sa liberté de choix. Quand le plus grand nombre des individus qui constituent la société changent d’eux-memes alors la société change. L’Etat devrait seulement oeuvrer à ce que chaque individu n’empiète pas sur la liberté et la propriété d’un autre.
            Et comme dirait Confucius; l’homme supérieur demande tout à lui-même alors que l’homme vulgaire demande tout aux autres.

  4. Socialo moi ? Non pas assez à gauche! D’ailleurs depuis 1983 le parti socialiste n’est plus un parti de gauche.
    Le fait que le monde soit engagé dans une vaste compétition est certes une réalité. Mais ce n’est ni une bonne chose ni une fatalité. Tu crois vraiment que les entreprises privées font mieux et moins cher que les fonctionnaires ? Il n’y a qu’à voir le prix de l’eau dans les villes qui sous traitent à Veolia ou la Lyonnesse des Eaux. Ce n’est pas par hasard que beaucoup d’entre elles font marche arrière et reprennent en main leur distribution d’eau.
    Les fonctionnaires sont improductifs ? Bah oui ce n’est pas leur fonction qui est de gérer le pays. Après que cela soit bien fait ou non est un autre débat. Mais laisser le pays aux mains des sociétés est la pire chose qui puisse arriver au peuple puisque les deux ont des but différents. Et que le pouvoir n’est pas équilibré.
    Quand à l’état il ne me semble pas qu’il réforme la société à la place de l’individu mais bien parce que l’individu est demandeur.
    Maintenant que les sociétés socialistes (ou plutôt communistes) soient des échecs je le constate tout comme toi. Mais je pense qu’il reste d’autres voies possibles entre communisme et capitalisme.

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