La bataille pour succéder au Premier ministre démissionnaire japonais Yasuo Fukuda se cristallise autour des politiques économiques promises par les différents candidats, entre relance par la dépense publique, assainissement budgétaire et réformes libérales.

Alors que le Japon est menacé de récession, après un recul du produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre, les candidats à la présidence du Parti libéral démocrate (PLD, droite) s’affrontent sur les moyens de redresser la barre. Le futur patron de cet omnipotent parti, majoritaire à la Chambre des députés, est assuré de devenir dans la foulée Premier ministre.

Depuis la démission soudaine de M. Fukuda le 1er septembre, les différentes factions du PLD défendent leur point de vue économique.

Pas moins de sept parlementaires membres du parti se disent prêts à concourir même s’il est possible que certains changent d’avis avant le dépôt officiel des candidatures mercredi. Le vote interne décisif aura lieu le 22 septembre.

Grand favori, le nationaliste Taro Aso, tribun populaire qui postule pour la quatrième fois, est un partisan de la relance par la dépense publique pour redonner du souffle aux régions les plus touchées par une conjoncture morose.

En ce sens, M. Aso apparaît comme un héritier de vieilles figures du PLD qui, pour rehausser le moral au peuple, n’hésitaient pas à puiser dans les caisses du pays. Il ne fait pas de la réduction de l’énorme dette et du déficit publics l’alpha et l’omega de son discours.

M. Aso est bien placé parce que « les gens en ont assez des réformes alors qu’ils sont en proie à des difficultés économiques et craignent une récession », décrypte l’analyste Eiken Itagaki.

Face à la forte personnalité de Taro Aso se présentent une kyrielle de défenseurs d’un rééquilibrage des comptes publics et des réformes libérales.

Le secrétaire d’Etat à la Politique budgétaire et économique, Kaoru Yosano, se pose en avocat zélé du relèvement de la taxe sur la consommation (équivalent de la TVA) qui n’est que de 5% au Japon.

La parlementaire Yuriko Koike, qui doit une bonne partie de son ascension politique à l’ex-Premier ministre Junichiro Koizumi (2001-2006), reprend au féminin le ton libéral et réformiste de ce dernier.

M. Koizumi, homme-orchestre d’une redistribution des rôles de l’Etat et des régions, par souci d’économies budgétaires, et metteur en scène de la privatisation des services postaux, la soutient en coulisse.

La politique conduite par M. Koizumi est toutefois accusée d’avoir favorisé les villes au détriment des zones moins peuplées et creusé les inégalités entre les citoyens, des fractures dont le principal mouvement d’opposition, le Parti démocrate du Japon (PDJ, centre), a fait ses thèmes de campagne, s’offrant le contrôle du Sénat en juillet 2007.

En privilégiant le redressement des régions, Taro Aso espère couper l’herbe sous le pied du leader du PDJ, Ichiro Ozawa, lequel demande à cor et à cri des élections législatives anticipées dans l’espoir de prendre la tête d’un gouvernement plus « social ».

« M. Aso a clairement les yeux tournés vers les régions rurales », analyse un politologue, Hideo Otake.

« Les autres personnalités en lice vont au contraire tenter d’attirer les grands électeurs des zones urbaines qui exigent que cessent les gaspillages financiers », ajoute-t-il.

Les prochaines législatives sont prévues en septembre 2009, à moins que le futur Premier ministre ne profite d’un éventuel état de grâce pour tenter de s’offrir une majorité re-légitimée pour quatre ans à la chambre basse.

AFP

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