Il fut la sensation du dernier remaniement ministériel au Japon. Vendredi 17 septembre. Seiji Maehara, 48 ans, a pris la place de Katsuya Okada à la tête de la diplomatie nippone.

Cela à un moment délicat : depuis le 7 septembre et l’arraisonnement d’un chalutier chinois au large des îles Senkaku après une collision avec un patrouilleur des garde-côtes japonais, suivi de l’arrestation de son capitaine, Tokyo est à couteaux tirés avec Pékin. En effet, ces îlots inhabités sont revendiqués par la Chine, où ils sont appelés Diaoyu, et Taiwan.

L’incident du chalutier n’en finit plus d’empoisonner les relations bilatérales, aujourd’hui réduites au strict minimum. Pékin affiche une posture de grande fermeté, au point d’avoir bloqué, lundi 21 septembre, un voyage de mille jeunes Japonais qui devaient se rendre à l’exposition universelle de Shanghai et d’avoir suspendu la vente des billets pour les concerts que devait donner, également à Shanghai, le très populaire groupe japonais SMAP.

Bref, rien ne va plus, mais cela n’impressionne guère M. Maehara, qui n’hésite pas à souligner l’importance « d’adopter une position ferme et résolue en réponse à toute menace sur la souveraineté du Japon ».

{{{LE « TONY BLAIR DU JAPON »}}}

Car Seiji Maehara, né à Kyoto le 30 avril 1962, élevé par sa mère après le suicide de son père alors qu’il était encore collégien, marié, sans enfant, amateur de photo et de baseball, a la réputation d’être déterminé.

Diplômé de droit de la prestigieuse université de Kyoto et passé par l’institut Matsushita pour la gestion et le gouvernement, qui forme « à la dure » les politciens du futur, il commence la politique à l’Assemblée préfectorale de l’ancienne capitale impériale.

Il fait son entrée à la Chambre basse du Parlement en 1993 sous l’étiquette du Parti du Nouveau Japon de Morihiro Hosokawa, premier ministre en 1993-1994. Il rejoint ensuite le Parti Sakigake avant de participer à la création, en 1998, du Parti démocrate du Japon, le PDJ aujourd’hui au pouvoir. En 2005-2006, il en assure brièvement la présidence.

Son ascension et sa facilité devant les caméras font qu’il est alors surnommé le « Tony Blair du Japon ». Il obtient son premier poste ministériel en septembre 2009, après l’arrivée au pouvoir du PDJ. Ministre du territoire, des infrastructures et des transports, il s’illustre dans la lutte contre les gaspillages et la réduction des travaux publics.

{{{« FAUCON »}}}

En marge de ce parcours, il se spécialise dans les questions de défense et de sécurité. Il occupe le poste de ministre de la défense du cabinet fantôme de son parti et s’affiche dans les commissions parlementaires chargées de plancher sur l’alliance nippo-américaine.

Au sein du PDJ, il se démarque par ses prises de position souvent fermes. Fervent défenseur du partenariat avec les Etats-Unis, qui seraient les « seuls alliés du Japon », il a, en 2007, bravé la direction du parti en osant demander une contribution accrue du Japon à la lutte contre le terrorisme en Afghanistan.

Favorable à une révision de l’article 9 de la Constitution, qui mentionne le renoncement du Japon à la guerre, il est par ailleurs considéré comme un « faucon » à l’égard de la Chine, qu’il a déjà qualifié de « menace » pour le Japon. Il redoute les déploiements de missiles et les opérations maritimes menées par Pékin à proximité des eaux japonaises.

Dès son entrée en fonction au ministère des affaires étrangères le 18 septembre, il s’est dit « inquiet des raisons de l’augmentation des dépenses militaires de la Chine ». Un positionnement qui n’exclut pas un certain pragmatisme.

Si les observateurs admettent qu’il n’est pas du genre à « céder à la pression de Pékin », il ne devrait pas non plus chercher à exacerber les tensions. Pour preuve, il a salué l’attitude de Pékin face aux manifestations anti-japonaises du samedi 18 septembre et tenté de minimisé l’incident du chalutier qu’il a qualifié, le 19 septembre, de « concours de circonstances malheureuses ». Son attitude des jours qui viennent, alors que le gros temps se fait tempête, sera suivi de près.

Philippe Mesmer via [leMonde.fr->http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/09/21/seiji-maehara-un-ministre-au-c-ur-de-la-tempete_1413908_3216.html]

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