Avec la crise, les monnaies émergentes n’ont plus la cote auprès des ménages japonais, qui se replient sur le Yen, beaucoup plus rassurant.

Longtemps coqueluche des cambistes, favorites même face à l’indétrônable dollar ou au yen rassurant, les monnaies des
économies émergentes sont désormais victimes de l’anxiété qui s’est installée sur les marchés depuis huit semaines, signant la fin d’une ère de spéculations.

Les « monnaies émergentes », contraction de « monnaies à fort rendement des économies émergentes », ont fait la Une de l’actualité du marché des devises cette semaine… par leurs contre-performances.

« Le rand sud-africain s’effondre à des niveaux qui choquent l’entendement », « le peso mexicain otage du maelstrom financier » étaient certains des titres retenus par les analystes des départements « changes » des banques ces derniers
jours.

Face à ces jeunes ambitieux, le dollar et le yen font figure de vieux patriarches sur les genoux desquels viennent se réfugier les cambistes, pris de panique par les pertes fracassantes de certains de leurs jouets spéculatifs.

Le « carry trade » avait ainsi fait les belles heures des monnaies émergentes: leur fort rendement attirait les investisseurs qui y plaçaient des sommes empruntées dans une monnaie dont les taux d’intérêt sont bas et empochaient le différentiel au moment du remboursement.

Une particularité japonaise

Les monnaies émergentes pâtissent en outre de spéculations plus exotiques, comme cette particularité nipponne relevée par Derek Halpenny, de la Bank of Tokyo-Mitsubishi: « Ces devises étaient devenues très populaires auprès des ménages japonais qui y plaçaient leurs économies mais les reconvertissent désormais en yens » rapporte-t-il.

Le rapatriement de fonds, dans la mouvance plus large observée depuis le début de la crise, pèse lourd sur ces monnaies fragiles.

Les monnaies émergentes battent donc en retraite face à un dollar qui semble profiter de tout et n’être atteint par rien. L’aversion au risque, terme à la mode chez les analystes pour désigner le sentiment qui retient les investisseurs à se jeter dans des échanges d’un volume conséquent et/ou sur des paris risqués, fait reluire sa cuirasse de valeur-refuge.

Même les indicateurs signalant un ralentissement toujours plus accru aux Etats-Unis renforcent la sinistrose actuelle… laquelle soutient le billet vert dans sa sûre ascension.

Le yen, plus humblement mais non moins efficacement, conserve son avantage de devise à faible rendement comme, mais à moindre titre, le franc suisse.

Signe de l’interconnexion du système financier, certains fonds spéculant sur le cours des devises « à risque » et déjà sérieusement menacés par la chute de leurs grands clients et la diminution brutale des échanges, ont vu leur arrêt de
mort signé par l’effondrement de la livre turque, du peso mexicain, du rand sud-africain, du real brésilien ou du won, la monnaie de la Corée du Sud.

Pour les analystes, cette débâcle des monnaies émergentes signe la fin d’une ère. « On entre dans une nouvelle phase pour l’ensemble des actifs à risque, dont les devises, anticipe Audrey Childe-Freeman de Brown Brothers Harriman, une
phase dont on ne sait pas encore très bien à quoi elle ressemblera mais qui aura pour dominante la prudence des investisseurs. »

« Sur les économies émergentes, il y a eu un changement de mentalité décisif sur les marchés pendant ces deux derniers mois: l’idée que ces économies ne sont pas à l’abri du ralentissement de la croissance mondiale. En outre, si elles
étaient moins exposées aux conséquences des dépréciations d’actifs, plus cruelles pour les Etats-Unis, l’Europe et le Japon, elles sont en revanche davantage exposées à la baisse des échanges commerciaux, en raison de la faiblesse de leur balance des comptes courants » prévient-elle.

AFP

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