Les trois « méga banques » japonaises, Mitsubishi UFJ, Mizuho et Sumitomo Mitsui, ont abaissé de façon draconienne leurs prévisions de bénéfices pour l’exercice 2008-2009, admettant finalement que la crise financière mondiale écornerait leur prospérité.

Jusqu’à cette semaine, les trois mastodontes de la finance nippone espéraient toujours officiellement clore l’exercice, le 31 mars, sur des bénéfices en hausse, après quelques dégâts en 2007-2008 à cause de la crise des crédits à risque américains « subprime ».
Mais le cataclysme qui secoue la finance mondiale depuis septembre a radicalement douché leur optimisme.

Mitsubishi UFJ Financial Group a revu vendredi à 220 milliards de yens (1,7 milliard d’euros) sa prévision de bénéfice net annuel, soit une chute des deux tiers par rapport à celui réalisé en 2007-2008. Elle tablait auparavant sur 640 milliards, ce qui aurait constitué une modeste hausse annuelle de 0,5%.

Mizuho Financial Group, qui prévoyait jusqu’à vendredi un bond de 80% sur un an de son bénéfice net 2008-2009, a reconnu que ce dernier chuterait en fait de 20%, à 250 milliards de yens (au lieu des 560 milliards prévus).

Mercredi, la troisième banque du Japon, Sumitomo Mitsui Financial Group, avait elle aussi drastiquement sabré ses objectifs. Elle s’attendait auparavant à un bénéfice net annuel en hausse de 4% à 480 milliards de yens. Ce profit dégringolera en fait de 61% à 180 milliards de yens.

Les malheurs des trois banques ont les mêmes causes: la chute des marchés boursiers a fait fondre leurs portefeuilles d’actions et a réduit le montant des commissions et autres frais facturés à leurs clients.

De plus, leurs créances irrécouvrables ont augmenté à cause des faillites dues au ralentissement économique. Enfin, toutes, surtout Mizuho, étaient d’importantes créancières de Lehman Brothers, la banque d’affaires américaine dont l’effondrement en septembre a marqué le début du désastre planétaire.

En outre, Mitsubishi UFJ a déboursé 9 milliards de dollars mi-octobre pour acheter 21% de sa consoeur américaine en détresse Morgan Stanley.

Son ratio de solvabilité, un des principaux indices de solidité d’une banque, s’est du même coup nettement détérioré. Pour y remédier la première banque japonaise a annoncé lundi une augmentation de capital de 990 milliards de yens (8 milliards d’euros) étalée sur un an. Son cours de bourse a dévissé.

« Les banques japonaises sont désormais totalement aspirées par la crise mondiale du crédit, à cause de l’assèchement des capitaux étrangers, (…) la rapide dégradation du marché japonais et le ralentissement économique du pays », a commenté l’agence de notation Moody’s dans un rapport publié jeudi.

Les problèmes des banques japonaises apparaissent toutefois légers par rapport à ceux de leurs homologues occidentales, dont beaucoup ont subi de lourdes pertes ou ont carrément dû être nationalisées.

Les institutions financières nippones doivent leur relative tranquillité à leurs déconvenues du passé: ayant elles-mêmes subi une grave crise après l’éclatement de la bulle spéculative immobilière et boursière au Japon au début des années 1990, elles n’ont dû le salut qu’à l’injection massive de capitaux publics.

Trop occupées à rembourser le contribuable, elles ont évité de se livrer aux investissements hasardeux qui valent aujourd’hui les pires tourments à leurs pairs américains ou européens.

Par précaution, le gouvernement japonais a cependant fait savoir qu’il était prêt à réinjecter des capitaux dans toutes les banques du pays si nécessaire.

AFP

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