Je vous propose aujourd’hui de découvrir l’origine parfois cocasse de certaines expressions très employées dans les manga et anime. Comme vous le constaterez, la liste est loin d’être exhaustive. Je n’ai fait que piocher celles dont l’histoire me paraissait intéressante. Mais je suis évidemment ouverte aux suggestions.

Musee du manga de Kyôto (© 珈琲ルンバ)
Musée du manga de Kyôto (© 珈琲ルンバ)

当たり前だ(あたりまえだ) : Évidemment !

当たり前 signifie évident. L’expression vient de 一人当たりの分け前 (ひとりあたりのわけまえ), ce qui signifie « une part » 分け前 « par personne » 一人当たり. Le contexte, lointain, est celui de la pêche ou de la chasse exercée en groupe, et de la répartition du butin. Il est évident que tous ceux qui ont participé à l’effort collectif auront leur part. C’est ainsi qu’est née l’expression 当たり前.

小僧 (こぞう) et 餓鬼 (がき) : (sale) mioche !

Voilà deux expressions très employées dans les shônen, généralement par des adultes agacés par un jeune et vaillant héros. L’emploi des kanjis est plutôt rare pour ces deux mots, encore qu’il me soit arrivé de 小僧 (こぞう) écrit ainsi. 餓鬼 (がき) est en revanche plutôt écrit en katakana ガキ, parfois précédé de くそ (merde) pour donner くそガキ, qu’on peut traduire par « satané gamin » pour rester dans un registre poli. Néanmoins, les kanjis permettent de remonter à la signification originelle de ces termes. Ainsi 小僧, c’est littéralement le « petit moine » désignant donc un novice dans un monastère, puis par extension un apprenti ou un serveur dans un magasin. Quant à 餓鬼, cela signifie « démon affamé ». Sans perdre complètement leur sens premier, les deux termes ont fini par désigner de manière péjorative un enfant.

馬鹿 (ばか) : imbécile !

Voilà un autre terme extrêmement utilisé. 馬鹿, souvent écrit en katakana, バカ, signifie idiot, imbécile, et peut être employé avec une nuance affectueuse ou plus péremptoire. 馬鹿者 (litt. 馬鹿 + personne) signifie exactement la même chose. Littéralement, 馬鹿 veut dire cheval-cerf. Mais comment est-on passé de l’association d’un cheval et d’un cerf à « idiot » ? D’après la wikipédia japonaise, plusieurs explications sont possibles. Je vous donne celle que je trouve la plus belle. Il était une fois, à la cour d’un empereur chinois, un puissant ministre contre lequel on complotait. Afin d’identifier alliés et ennemis, le ministre fit venir à la cour un cerf et l’offrit à l’empereur en lui disant qu’il s’agissait d’une étrange variété de cheval. L’empereur demanda : « N’est-ce pas un cerf ? » Alors le ministre se tourna vers les conseillers qui l’entouraient et demanda : « est-ce un cerf, ou une sorte de cheval ? » Ceux qui le craignaient répondirent que c’était un cheval, ceux qui ne le craignaient pas répondirent que c’était un cerf… et furent tous massacrés ! L’imbécile serait donc celui qui répond mal à la question quand on lui demande si c’est un cheval ou un cerf. Néanmoins, il pourrait aussi s’agir de la déformation d’un mot sanskrit ou bien d’une déformation de 若者 (わかもの, jeunes gens).

相棒 (あいぼう) : partenaire

Un peu moins employé mais néanmoins commun, 相棒 signifie partenaire, complice, avec une connotation plus amicale, affectueuse que 相手 (あいて), qui a le même sens mais peut aussi signifier adversaire. 相 signifie mutuel (d’où partenaire) et 棒 bâton. Ceux qui aiment les jidaigeki (drames historiques) ont sans doute déjà vu des kago, ces chaises à porteurs japonaises composées d’une loge de bambou suspendue à une barre transversale, portée par deux hommes. 棒 désigne la barre en question. 相棒, c’est littéralement le partenaire pour porter la barre du kago.

畜生 (ちくしょう) : gros juron

畜生 n’est pas une expression très polie puisqu’on pourrait la traduire par « put*** de bord** de merd* ». 畜, c’est le bétail (vache, mouton, etc, tout animal qu’on élève) et 生 signifie, entre autres, « vie » (ceux qui veulent en savoir plus sur ce kanji peuvent lire cet article). 畜生, c’est donc avant tout une bête, avec tout ce qu’on peut lui prêter de bestiale stupidité, dans une vision peu affectueuse de l’animalité. C’est de ce sens de « bête brute » qu’on est passé au juron.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. それでは,また,お楽しみに。

Écrit par Élisabeth de Sukinanihongo

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4 Commentaires

  1. Merci, Tres interessant, surtout l’histoire chinoise de 馬鹿 même si un espagnol dirait que c’est vache pour ceux qui ont simplement dit ce qu’ils ont vu.
    Finalement ceux qui ont dit la vérité ont été exécutés, ceux qui ont menti et dit comme leur chef ont été felicités.
    C’est donc une morale très confucéenne que nous apprend cette fable.
    Ne dites pas la vérité, dites seulement ce que votre supérieur veut entendre.

    • Voila c’est cela que l’on appelle de la démagogie! Une façon bien tranquille de traverser la vie en s’écrasant comme une merde 🙂 Bon, c’est un choix qui en vaut un autre. Mais ce n’est pas (souvent) le mien…
      A part ça il est dommage que cette série d’articles soient réservées aux japonisants.

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