Au pouvoir depuis dix mois, le Premier ministre nippon n’a pas su imprimer son style, pas plus qu’il n’a pu étouffer les scandales. Les derniers sondages laissent entendre que le PLD pourrait ne recueillir que 53 sièges. Sa formation risque de perdre les élections sénatoriales de dimanche, et lui, son autorité, voire son poste.
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Ces derniers jours, les indécis représentaient encore quelque 40 % des électeurs.
DE NOTRE CORRESPONDANT À TOKYO.

Elections à haut risque. Shinzo Abe affronte, ce week-end, son premier scrutin en tant que Premier ministre et patron de la principale formation politique au pouvoir au Japon, le Parti libéral-démocrate (PLD). De cette élection, il y a peu de chances qu’il sorte vainqueur tant il s’est montré impopulaire en dix mois d’exercice du pouvoir. Sa cote de popularité, longtemps maintenue sous la barre des 30 %, a certes repris un peu de couleurs (à 34,8 %) après sa prompte réaction face au tremblement de terre de Niigata, deux semaines avant l’élection. Mais la marche reste haute : pour conserver la majorité à la Chambre haute, dont la moitié des 242 sièges sont à renouveler dimanche, la coalition (le PLD et le New Komeito) qu’il dirige doit obtenir 64 sièges. Or les derniers sondages laissent entendre que le PLD pourrait ne recueillir que 53 sièges. Pour éviter que les électeurs n’en fassent un scrutin contre lui, Shinzo Abe a donc prévenu : quoi qu’il arrive, il ne démissionnera pas.

En dix mois, l’héritier politique, fils d’un ancien ministre des Affaires étrangères et petit-fils d’un Premier ministre, n’a pas su capitaliser l’élan créé par son prédécesseur, Junichiro Koizumi, pas plus qu’il n’a su imprimer sa propre marque. Au contraire, non seulement il a effacé la dynamique, mais il paie en plus pour les multiples scandales qui ont éclaté depuis septembre 2006. Dans son équipe, notamment, avec le suicide de son ministre de l’Agriculture et tout récemment la démission tonitruante de son ministre de la Défense. En dix mois, trois ministres ont rendu leur portefeuille.

Son bilan apparaît pour l’instant relativement transparent, malgré quelques réelles avancées. Il a, par exemple, réintroduit le patriotisme à l’école, ce qui dans l’Archipel très conservateur est plutôt bien perçu. De même a-t-il mis sur les rails le toilettage de l’article 9 de la Constitution, où figure le terme de « nation pacifique ». Ce qui n’a pas suffi à faire taire les critiques.
Désarmorcer la crise

La disparition de 50 millions de dossiers informatisés de cotisation retraite lui a été beaucoup reproché. Pour désamorcer la crise, Shinzo Abe a, certes, fait voter durant la session de printemps un texte étendant au-delà de cinq ans le délai autorisé pour des réclamations. Mais il n’a pas apaisé la colère de la population. L’affaire fait les délices de l’opposition, qui, à force de témoignages de cotisants potentiellement floués, maintient la pression sur l’équipe gouvernementale.

Tout préoccupé à étouffer les scandales ou à rattraper les gaffes, à renouer le dialogue avec les voisins asiatiques aussi, Shinzo Abe n’a pas su donner d’élan à l’Archipel toujours réticent à la réforme. A moins d’y être contraint, comme avec le précédent Premier ministre, le Japon est souvent tenté de se replier sur soi. Les multiples réactions d’actionnaires face aux fonds d’investissement, et en particulier les actions menées contre Steel Partners, rappellent la persistance d’un fort courant protectionniste. De nombreuses « pilules empoisonnées » ont été mises en place pour faire barrage purement et simplement à l’investisseur étranger. Et le tribunal de Tokyo a été jusqu’à qualifier ce fonds américain d’« actionnaire agressif » et l’a débouté de son action.

Si ces élections risquent de lui porter un coup, Shinzo Abe pourrait, toutefois, rester à son poste. Son parti, le PLD, conserve à l’Assemblée une majorité écrasante. Or c’est l’Assemblée qui élit le Premier ministre. A moins qu’il ne soit remplacé par une personne de son camp.

Ces élections constitueront, quoi qu’il arrive, un bon baromètre du climat politique au Japon. Car c’est dans ce type de scrutin que se concentre le vote contestataire. Ces derniers jours, les indécis représentaient encore quelque 40 % des électeurs. Preuve que les jeux restent ouverts.
MICHEL DE GRANDI

Sources : eschos.fr

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