Le numéro un mondial est victime de l’effondrement des ventes aux États-Unis et en Europe.

L’idole est tombée de son piédestal. Toyota, le premier constructeur japonais, a annoncé vendredi qu’il terminerait son exercice 2008-2009, qui sera clos en mars, avec une perte nette colossale de 350 milliards de yens, soit 2,9 milliards d’euros. C’est la preuve de la brutalité de la crise qui frappe l’industrie automobile. Le groupe japonais anticipait encore un petit bénéfice de 50 milliards de yens, fin décembre, lorsqu’il avait déjà divisé ses précédentes prévisions par 10 ! Il s’attend par ailleurs à dégager une perte d’exploitation de 450 milliards de yens (3,8 milliards d’euros), trois fois supérieure à celle envisagée fin décembre.

Rarement un constructeur n’aura connu un retournement aussi spectaculaire. L’an passé, le géant de Nagoya, longtemps le constructeur généraliste le plus rentable du monde, dégageait un bénéfice net historique de 1 718 milliards de yens (11 milliards d’euros), au terme de huit années de croissance de ses profits. Rien ne semblait pouvoir arrêter ce rouleau compresseur, envié pour ses méthodes de production, la richesse de sa gamme et son trésor de guerre.

Première perte d’exploitation

Ironie du sort, c’est précisément l’année où Toyota est devenu numéro un mondial des ventes, mettant fin à plus de soixante-dix-sept ans de règne de l’américain General Motors, qu’il affiche la première perte d’exploitation de son histoire, ainsi que sa première perte nette en cinquante-neuf ans. Si sa situation n’est pas aussi dramatique que celle de ses concurrents américains – qui luttent pour leur survie – Toyota est touché de plein fouet par l’effondrement des ventes de voitures dans le monde.

Ses immatriculations ont plongé en janvier de 32 % aux États-Unis – son premier marché – et de 23 % au Japon. En Europe, ses ventes ont baissé de près de 24 % sur la période octobre-décembre. Toyota ne compte plus désormais sur 7,32 millions de véhicules vendus en 2008-2009, contre 7,54 millions un an auparavant. Face à la chute de ses volumes, le numéro un mondial a fortement réduit sa production. Il a planifié la fermeture de ses usines japonaises pendant 14 jours sur la période janvier-mars. Autre fait inédit, Toyota a annoncé la suppression de 3 000 postes d’intérimaires dans l’Archipel. Le groupe est en train de « revoir la totalité de ses opérations pour réduire les coûts partout », a déclaré Mitsuo Kinoshita, son vice-président. Toyota suspend tous les projets destinés à accroître sa production et vise une diminution de 10 % de ses coûts fixes.

Pour certains observateurs, Toyota paie cinq ans d’investissements effrénés, pendant lesquels le groupe a augmenté ses capacités de production de 500 000 voitures par an, ainsi que sa volonté d’attaquer les constructeurs américains aux États-Unis sur leurs produits phares, les gros 4 × 4 et les pick-up. Selon les analystes de la banque Barclays, les capacités de production non utilisées de Toyota représenteront 1,5 million de véhicules en 2009-2010. Faute d’avoir été assez prudent, le PDG, Katsuaki Watanabe, cédera en juin sa place à Akio Toyoda, petit-fils du fondateur du groupe.

[Cyrille Pluyette

Le Figaro->

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