, Yamato, des tambours japonais qui sonnent un peu creux

On attendait beaucoup de la performance de Yamato, une troupe de tambourinaires japonais qui mélangent percus et acrobaties. Dommage : pour leur premier concert au Casino de Paris, le show était superficiel et trop clownesque.

Le DVD de leur spectacle était emballant. Une dizaine de jeunes Japonais, filles et garçons mêlés, allure punk et énergie à revendre, attelés à leurs tambours géants. Un certain sens de la mise en spectacle et de judicieux intermèdes aux instruments à cordes traditionnels, mais sur un mode accéléré, véhément, plaisamment contaminé par le rock.

Lors de leur premier concert au Casino de Paris, le 15 janvier, tous ces éléments étaient bien là, avec au premier plan leurs bouilles sympathiques, rigolardes. Mais au bout d’un moment, l’intensité mystique de ces musiques qui tiennent à l’origine du rituel agraire, guerrier ou religieux, a tourné à la performance clownesque. La dimension sportive était bien là également, ces tambourinaires formés comme des athlètes ferraillant la peau de leurs instruments de toutes tailles, avec une puissance hallucinante.

Mais à vouloir s’adapter à la scène, l’ensemble virait au spectaculaire quitte à perdre en concentration et en force de conviction. A vouloir jouer la pédagogie face à un public occidental supposé friand de clichés exotiques (rires forcés, cris surjoués, démonstrations caricaturales), la cérémonie est devenue un show superficiel, distrayant certes, mais à mille lieues des univers telluriques dessinés par les groupes de taïko traditionnel.

L’intérêt du grand public est peut-être à ce prix. Sans doute initié par ce genre de concerts, ira-t-il ensuite vers d’autres formations plus authentiques. Au moins fallait-il corriger notre enthousiasme premier (voir article ci-dessous) pour mettre en garde les connaisseurs. Et aussi attirer l’attention sur la très intéressante prestation des joueuses de luth qui, tout en accélérant le tempo sur des grooves très urbains, parviennent à restituer la force du silence entre les notes qui est un des talents les plus caractéristiques des musiques japonaises.

Eliane Azoulay

http://www.telerama.fr/

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