L’année franco-japonaise de l’innovation s’est lancée en 2016 pour renforcer les liens entre deux pays qui font de l’économie le coeur de leur partenariat. Mais la réforme territoriale française, qui implique un transfert de l’initiative économique aux régions modifie les centres de décision, et les modes de communication. De nouvelles possibilités de partenariat pourraient alors voir le jour, sur les nouveaux sujets qu’impliquent les technologies des deux pays, et sur des modalités différentes. Cet article propose un retour d’expérience de cette année de l’innovation, et une prospective des relations bilatérales. 

Manuel Valls lance l'année de l'inovation franco-japonaise à Tôkyô en octobre 2015. (© Ambassade de France à Tôkyô)
Manuel Valls lance l’année de l’innovation franco-japonaise à Tôkyô en octobre 2015. (© Ambassade de France à Tôkyô)

Retour d’expérience sur les deux journées d’information business :

L’année Franco-Japonaise de l’Innovation, lancée en octobre 2015 par les deux premiers ministres Manuel Valls et Shinzo Abe s’achèvera en décembre prochain. La définition des activités relatives à l’innovation à cette occasion s’est avérée particulièrement intéressante : en effet, la gastronomie et l’art, étaient également à l’honneur. S’agissant d’activités dépendant d’entreprises moyennes à priori, on peut donc s’attendre à une plus grande implication des acteurs locaux dans des projets internationaux.

C’est donc sur un concept élargi de l’innovation qu’a été organisée toute une série de rencontres diplomatiques, économiques et politiques, afin de créer de nouveaux partenariats entre les deux pays.

Souvent, ces événements ont pris la forme de concertations gouvernementales, ou de discussions entre spécialistes de domaines de pointe. Mais c’est sans doute la rencontre des entreprises des deux pays qui caractérise le dynamisme des échanges. Le temps fort de l’année s’est déroulé pendant l’été, avec deux fora organisés par l’agence Business France, successivement à Toulouse et à Paris en Juin 2016.

Business France assure le développement international des entreprises françaises sous la tutelle du ministère des affaires étrangères, avec le concours de la FrenchTech. Son action prend une importance particulière avec le lancement de la campagne Creative France, qu’elle mène à l’étranger pour promouvoir le savoir-faire Français.

Les fora, destinés aux entreprises françaises et japonaises sur le territoire français, visent donc à promouvoir les initiatives conjointes sur des thématiques précises.

Le forum parisien, auquel participaient également les diplomates, a notamment permis d’identifier certains obstacles au développement des affaires, notamment liés aux procédures administratives nécessaires au déplacement des employés japonais sur le territoire français. L’appel au changement, relayé par le bulletin « Nouvelles du Japon », était lancé par Gosuke Nakae, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Japonaise en France (CCIJF). Que les grandes entreprises rencontrent des obstacles au développement de leurs projets, du côté français comme japonais justifie tout à fait la démarche de renforcement des liens entre les deux pays. Il est donc attendu que des structures de taille moindre, comme les start-ups et associations, élaborent de nouvelles pistes pour les surmonter.

Mais la tenue du premier forum à Toulouse révèle un autre aspect crucial des relations bilatérales : très prochainement, la nouvelle région Occitanie accompagnera les entreprises de son territoire pour une mission au Japon. Elle coincide de plus avec l’événement de clôture de l’année franco-japonaise de l’innovation. Les initiatives au niveau régional témoignent l’avancement du transfert des prérogatives économiques au profit des régions, amorcé par la réforme territoriale. Ce sont donc de nouveaux acteurs qui pourront porter les projets internationaux à venir.

 Mais quels sont les moyens à disposition des régions pour créer du lien à l’international ?

Economie régionale et coopération décentralisée

Les projets internationaux des régions françaises dépendent pour beaucoup des atouts de chaque territoire.

Ils prennent souvent la forme de coopérations décentralisées, qui peuvent être le fait de régions, de départements ou de communes (on parle alors de jumelage), c’est-à-dire des échelles variables. La visite de François Hollande au Japon en 2013 a abouti sur une stratégie de coopération qui encourageait le développement de ce type de partenariat, jusqu’en 2018.

Les réseaux CLAIR (japonais) et Cités-Unies France (français) assurent la promotion de la coopération décentralisée, mais on constate des différences de stratégie dans leur fonctionnement. Par exemple, le réseau CLAIR dispose de nombreux bureaux hors du Japon, ce qui lui permet d’assurer un rôle consultatif et opérationnel.

Les exemples les plus aboutis de projets internationaux sont illustrés par le programme JET du côté japonais, et le réseau ERAI du côté français.

Le programme JET, fruit d’un financement complexe de plusieurs ministères japonais soucieux de la promotion des collectivités locales, recrute des chargés de relations internationales et de professeurs de français langue étrangère (FLE), qui sont sélectionnés au sein d’universités françaises comme l’INALCO à Paris. Du point de vue français, il s’agit d’une expatriation, qui rappelle les Volontariats Internationaux en Entreprise (VIE), à ceci près, que les VIE peuvent être proposés par des grandes entreprises qui restent implantées dans les centres d’activité les plus importants comme Tokyo et Osaka.

Ces différents programmes en direction du Japon reposent donc essentiellement sur des recrutements individuels. Du Japon vers la France, c’est à l’occasion de l’année Franco-Japonaise de l’Innovation qu’un programme des « 100 stages de l’innovation » a été mis en place.

Le réseau ERAI, agence sous l’autorité du Conseil Régional de l’ancienne région Rhône-Alpes, avait pour objectif la promotion des petites et moyennes entreprises (PME) françaises à l’étranger. Plusieurs implantations existaient dans différents pays. L’importance des échanges technologiques de ce territoire avec le Japon expliquait aisément l’implantation d’un bureau sur l’archipel, mais il est probable que ce fonctionnement ne soit plus adapté aux partenariats actuels.

On peut attendre du côté français un redéploiement de son réseau qui serait propice au lancement de projets à l’initiative des régions. On note que depuis 2015, le Japon est éligible au co-financement des programmes de coopération décentralisée. Bertrand Fort, de la Direction de l’Action Etrangère des Collectivités Territoriales (DAECT) expliquait à l’occasion des 5emes rencontres de la coopération décentralisée à Tours : « En 2015 il a été décidé de réouvrir (le cofinancement) par le biais d’appels à projets. (…) Le ministère peut apporter un cofinancement à hauteur de 25 à 30 % du coût du projet (…) ». Le représentant du ministère des affaires étrangères présente modestement un “coup de pouce“, qui semble tout de même constituer une aide non négligeable.

Question à Bertrand Fort à partir de 34 :20

L ’ « Année Franco-Japonaise de l’Innovation » s’achève donc dans un contexte particulier de réforme territoriale, qui laissera une marge de manœuvre plus importante aux régions françaises pour la création de nouveaux partenariats. Le gouvernement japonais vise notamment à attirer les investissements étrangers pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Il y aura là une occasion exceptionnelle de développer l’économie de l’innovation entre les deux pays à l’échelle régionale.

 

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