{{Après dix ans d’absence, le créateur de mode explique à [L’Express Styles->http://www.lexpress.fr/styles/mode-beaute/mode/issey-miyake-devoile-sa-nouvelle-collection_935725.html] comment « il faut continuer à s’amuser en s’habillant ».}}

{{Cela fait dix ans que vous avez confié la direction de vos collections à d’autres (Naoki Takizawa, puis Dai Fujiwara). Pourquoi avez vous ressenti le besoin de vous impliquer à nouveau directement dans la mode?}}

Il est vrai que la dernière fois que je suis venu présenter un travail à Paris remonte à 1998! C’était pour la ligne A-Poc (A Piece of cloth: juste un morceau de tissu) qui était une véritable innovation pour l’époque, et je crois que ce nouveau projet est de la même portée. A l’origine de tout cela, il y a l’exposition que j’ai montée il y a quelques années à Tokyo intitulée « L’homme du XXIe siècle ». Pour la réaliser, je me suis plongé dans les travaux de scientifiques sur l’histoire de la terre et j’ai constaté que non seulement il y avait un problème préoccupant d’environnement et de diminution des ressources, mais qu’également dans un pays comme le Japon, notre créativité aussi était en danger.

{{Comment avez vous alors réagi?}}

J’ai constitué une petite équipe autour de moi en 2007. Certains sont des compagnons de longue date, mais nous nous sommes adjoint des collaborateurs plus jeunes qui n’étaient pas dans l’entreprise auparavant. En tout, ce petit groupe qui porte le nom de Reality Lab est composé de huit personnes, dont la mission est d’explorer l’avenir de la création, de découvrir de nouvelles méthodes de travail et d’employer de nouveaux matériaux.

{{La collection que vous venez présenter à Paris et qui sera en vente dans votre boutique de la rue Royale à la mi-novembre est-elle réalisée dans un de ces nouveaux matériaux?}}

Tout à fait. L’un des mots clefs de ce nouveau projet est « recyclage ». Nous avons utilisé une nouvelle fibre polyester conçue pour l’occasion par une société japonaise en pulvérisant, fusionnant et filant d’anciennes bouteilles en plastique que l’on appelle les PET. Ce qu’il ya de révolutionnaire c’est c’est que nous avons utilisé un procédé qui rend ces fibres très douces et qui en plus permet de les recycler à l’infini car la matière obtenue est très pure. Par rapport à un polyester classique obtenu à base de pétrole, la production de ce nouveau tissu permet de réduire la consommation d’énergie et les émissions de CO2 d’environ 80%.

{{Outre l’aspect écologique, il y a aussi un travail très technique sur ces vêtements que vous proposez: ce sont des carrés pliés comme des origami et le modèle n’apparaît que quand il est déplié…}}

Nous nous sommes inspirés pour cela des travaux d’un universitaire, que nous avons découvert sur internet, le professeur Jun Mitani. Il avait développé un logiciel pour créer des objets tridimensionnels à partir d’une simple feuille de papier plié, mais je dois dire qu’il a été surpris que l’on puisse adapter ce travail académique à une réalité de mode. Pourtant tout le challenge était là. Le travail du reality Lab n’est pas de créer de l’utopie, mais de concevoir des choses à la fois belles et viables.
Issey Miyake dévoile sa nouvelle collection

{{Une chose est tout de même assez obscure dans cette collection: son nom, 132 5. Pouvez-vous nous l’expliquer?}}

Chacun de ces chiffres a une signification. « 1 », c’est parce que nous utilisons à chaque fois une seule pièce de tissu par vêtement. . « 3 » c’est parce que l’origami se déplie en 3 dimensions pour former la jupe, le pantalon ou la robe. « 2 » c’est pour faire référence au pliage en bidimension de la pièce de tissu. Enfin le « 5 » c’est sans doute le chiffre le plus poétique, c’est l’espoir que le concept de ce vêtement nous conduise à la découverte de nouvelles dimensions. Vous savez, la technique m’amuse, et il faut continuer à s’amuser en s’habillant.

{{D’autres projets, de nouveaux matériaux que vous allez expérimenter bientôt?}}

Nous travaillons actuellement à la création d’une série de lampes sous le nom de IN-EI (l’ombre en japonais) élaborées sur le même principe de pliages mathématiques. Et puis j’ai l’intention de créer une ligne de vêtements en papier lavable, mais cela est une toute autre histoire, nous en reparlerons une prochaine fois…

[Propos recueillis par B.Nitot pour L’Express Styles->http://www.lexpress.fr/styles/mode-beaute/mode/issey-miyake-devoile-sa-nouvelle-collection_935725.html]

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