Au lendemain de sa défaite aux sénatoriales, le Premier ministre de centre-gauche Naoto Kan se retrouve lundi à la tête d’un Japon ingouvernable, avec un Parlement divisé décidé à tout faire pour entraver son programme de réformes, estiment les analystes.

Le Parti Démocrate du Japon (PDJ), qui avait remporté une victoire écrasante face aux conservateurs aux élections législatives d’août 2009, a perdu dimanche le contrôle du Sénat, en ne conservant que 106 sièges sur 242.

A peine un mois après son arrivée au pouvoir, M. Kan, 63 ans, va donc devoir chercher des compromis avec l’opposition pour faire passer ses projets de loi. Cette tâche s’avère d’autant plus compliquée qu’il ne dispose pas non plus de la majorité des deux-tiers nécessaire à la Chambre des Députés pour faire passer un texte en seconde lecture, en cas de rejet du Sénat.

« Le Japon est en plein brouillard », résume Takayoshi Shibata, professeur de sciences politiques à l’Université Keizai de Tokyo. « On est dans la confusion la plus totale et il n’est pas bon que ce blocage dure trop longtemps. Je pense que quelqu’un doit débloquer la situation, mais la question est de savoir qui en est capable. »

Ancien militant de gauche converti à la rigueur budgétaire, M. Kan avait pourtant bénéficié dès sa nomination le 8 juin d’un soutien populaire de plus de 60%. Il succédait, il est vrai, au très impopulaire Premier ministre Yukio Hatoyama, contraint à la démission après moins de neuf mois, en raison de son incapacité à gouverner et de plusieurs scandales politico-financiers.

Mais M. Kan a fait l’erreur d’évoquer, à la veille de l’élection, une possible hausse de la taxe sur la consommation, actuellement de 5%.
Tous les grands quotidiens nationaux s’accordaient lundi pour attribuer la défaite du PDJ à cette « bourde », tout en jugeant nécessaire une telle hausse, également proposée par le Parti Libéral-Démocrate (PLD), le grand parti d’opposition, vainqueur du scrutin.

« Beaucoup d’électeurs pensent qu’une hausse de la taxe est inévitable pour financer les programmes de protection sociale », a écrit le journal économique Nikkei, en rappelant que le Japon doit faire face aux besoins d’une population vieillissante. « La défaite ne doit pas contraindre le gouvernement Kan à rétropédaler sur cette question. »
« Il est clair que nous ne pouvons pas laisser le déficit budgétaire continuer à enfler », a relevé pour sa part le quotidien de centre-gauche Asahi Shimbun.

Se présentant comme « un fils de salarié », contrairement à ses prédécesseurs héritiers de dynasties politiques, M. Kan s’est engagé à redonner aux Japonais confiance en l’avenir, à réduire la dette colossale du pays et à réformer le système des retraites et de protection sociale.
Mais il se trouve aujourd’hui affaibli, dans une situation similaire à celle qu’ont connue les trois derniers chefs de gouvernement conservateurs entre juillet 2007 et août 2009.

Comme eux, il va être soumis, semaine après semaine, au rouleur compresseur des sondages d’opinion qui inévitablement en arriveront à poser la question fatidique: Kan doit-il démissionner?
« Le Japon ne peut pas se payer le luxe d’une paralysie politique (..) Les partis de la majorité et de l’opposition doivent coopérer au Parlement », a insisté le Nikkei.

Pour l’Asahi Shimbun, la défaite ne doit pas être interprétée comme un appel à la démission de M. Kan.

« La valse des Premiers ministres pèse sur les politiques à long terme et nuit à l’image du Japon sur la scène internationale. Nous devons en tirer les enseignements », a-t-il écrit.

[Source AFP->

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