TOKYO (AFP) — La confiance des grandes entreprises nippones est restée intacte en septembre, défiant les pronostics des économistes qui redoutaient l’impact de la crise des « subprimes » et des craintes de ralentissement économique aux Etats-Unis.
L’indice Tankan de confiance des grandes entreprises manufacturières s’est affiché en septembre à +23 points, le même niveau qu’en juin et qu’en avril, a annoncé lundi la Banque du Japon (BoJ).
Les économistes s’attendaient en moyenne à ce qu’il recule de deux points, à cause des remous sur les marchés financiers cet été et des craintes concernant la santé de l’économie américaine, selon un sondage réalisé par le quotidien économique Nikkei auprès de 23 instituts de recherche.
« Par chance, le Japon a été largement épargné par les problèmes de subprimes aux Etats-Unis. La tourmente à l’étranger n’a pas eu de répercussion sur le Tankan », s’est félicité Saburo Matsumoto, stratège chez Sumitomo Trust Bank.
L’indice de confiance pour les grandes entreprises non manufacturières s’est cependant dégradé de deux points, à +20 contre +22 en juin. Mais les économistes pronostiquaient en moyenne un recul encore plus marqué, à +18.
L’enquête Tankan a également révélé que les patrons japonais restent optimistes quant à leurs perspectives d’investissement.
Les grandes entreprises nippones tous secteurs confondus prévoient ainsi de réaliser lors de l’exercice 2007-2008 (avril-mars) des investissements en capital supérieurs de 8,7% à ceux effectués lors de l’exercice précédent. Un chiffre nettement meilleur que le pronostic moyen des économistes (+7,4%).
L’investissement est actuellement le principal moteur de la croissance économique japonaise. Son récent essoufflement a entraîné au deuxième trimestre 2007 une contraction du produit intérieur brut nippon (-0,3%).
Le Tankan de septembre « est légèrement meilleur que prévu, mais pas immensément », a tempéré Hiromochi Shirakawa, économiste au Crédit Suisse.
« Les exportateurs japonais vont bien. Malgré les problèmes des prêts hypothécaires à risques aux Etats-Unis, l’économie américaine, secteur immobilier exclu, s’est bien comportée au troisième trimestre », a-t-il ajouté.
« Mais la demande intérieure japonaise est un peu faible et le secteur de la consommation ne va pas très bien », a souligné M. Shirakawa.
L’indice de confiance des moyennes entreprises a pour sa part perdu trois points à +7, et celui des petites entreprises également trois points à -5.
L’enquête Tankan, réalisée du 28 août au 29 septembre auprès de 10.750 entreprises, est l’un des indicateurs les plus attentivement observés au Japon.
Les indices trimestriels du Tankan mesurent, sur un très grand nombre de questions, la différence entre le pourcentage de sociétés estimant que la situation est favorable et celles qui jugent qu’elle ne l’est pas.
Cette vaste enquête est l’un des principaux thermomètres utilisés par la Banque du Japon (BoJ) pour décider des orientations de sa politique monétaire.
Le 21 février, la BoJ avait relevé son taux directeur d’un quart de point à 0,50%, sept mois après avoir aboli la politique de taux d’intérêt zéro qu’elle pratiquait depuis 2001 pour combattre la baisse des prix.
La banque centrale nippone ne cache pas son impatience de relever à nouveau le loyer de l’argent, le plus faible du monde industrialisé, afin de prévenir le surinvestissement et la formation de bulles spéculatives.
Un nouveau resserrement monétaire semble cependant improbable à court terme, la BoJ ayant fait savoir qu’elle attendrait que les marchés aient définitivement retrouvé leur calme après la crise estivale.
Source : AFP