Plusieurs centaines d’admirateurs ont marqué jeudi à Tokyo le 40e anniversaire de la mort de Yukio Mishima, l’un des plus grands écrivains japonais de l’après-guerre, qui s’est suicidé en se faisant hara-kiri, après avoir tenté de soulever l’armée pour faire un coup d’Etat.

L’événement a en revanche été passé sous silence par la quasi-totalité des grands médias japonais, car la personnalité sulfureuse de Mishima, mort à 45 ans, et surtout ses idées d’extrême-droite continuent de déranger les Japonais, traumatisés par les atrocités commises en Asie par l’armée nippone au nom de l’empereur.

Un millier de ses partisans, selon les organisateurs, ont participé en fin de journée à un office ordonné par un prêtre shinto dans une salle de concert de la capitale, où avait été dressé un autel surmonté d’un immense portrait de l’écrivain à côté d’un drapeau japonais.

« L’idéologie de Mishima parle à beaucoup de gens même après 40 ans », a affirmé Hiromi Tamagawa, 62 ans, l’un des organisateurs de la cérémonie. « Cette idéologie déplore le fait que le Japon n’ait toujours pas obtenu sa réelle indépendance et soit toujours prisonnier de l’héritage de la guerre. »

Au moment de sa mort le 25 novembre 1970, Mishima, qui avait été nommé trois fois pour le prix Nobel de littérature, était au sommet de sa gloire, notamment à l’étranger.

Rendu célèbre à 24 ans par l’un de ses tout premiers romans, « Confession d’un masque », où il laissait transparaître ses tendances homosexuelles, il avait écrit en tout une centaine de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre, d’essais et de poèmes.

Mais Mishima ne se sentait pas à l’aise dans le Japon de l’après-guerre, occupé par les vainqueurs américains, et regrettait l’époque où le pays était régi par le code d’honneur des samouraïs. Pendant les dix dernières années de sa vie, il s’était rapproché des idées d’extrême-droite, nostalgiques du Japon impérial, jusqu’à former sa propre armée privée appelée « Tatenokai » (« Société du bouclier »).

Le 25 novembre 1970, Mishima et quelques-uns de ses partisans se sont rendus au quartier-général à Tokyo des Forces d’autodéfense — nouveau nom donné à l’armée dans le Japon pacifiste — et ont pris en otage le commandant en chef. Vêtu d’un uniforme, les mains gantées de blanc, la tête cerclée d’un bandeau blanc frappé d’un soleil levant rouge — emblême du Japon impérial — Mishima appela les soldats à se soulever au nom de l’empereur et à réarmer le pays.

Accueilli par des quolibets, l’écrivain décida alors de passer à l’acte: après avoir crié à trois reprises « Longue vie à l’empereur », il s’ouvrit le ventre à l’aide d’un long poignard. L’un de ses partisans lui trancha ensuite la tête à l’aide d’un sabre, conformément au « seppuku », suicide traditionnel des samouraïs.

Le 40e anniversaire de sa mort survient alors que le Japon est en proie à une poussée de nationalisme provoquée par des différends territoriaux avec la Chine et la Russie.

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