, Le déclin de l’empire japonais

Selon Miyamoto ou Hideo Kojima (Metal Gear Solid), la Mecque du jeu vidéo serait en perte de vitesse technologique et artistique face à l’Occident et, notamment, à la montée en puissance du mouvement indépendant. A l’Est, rien de neuf ?
C’est lors d’une conférence de presse tenue hier à l’occasion de la fin du développement de Metal Gear Solid 4 qu’Hideo Kojima s’est exprimé sur l’état actuel de l’industrie jeu vidéo et, en particulier, la vague de titres casual portée entre autres par le succès des machines Nintendo. Alors que de plus en plus de studios s’engouffrent dans la brèche ouverte par le constructeur, attirés par des coûts de développement modestes et, donc, la perspective de profits faciles, le designer-culte a confié avoir été à contre-courant en « travaillant dur ces quatre dernières années afin que le hardcore gaming ne meure pas, » dédiant temps et ressources à la création d’une superproduction du calibre de Metal Gear Solid. Mais selon lui, c’est désormais aux Etats-Unis ou en Europe que se prendraient le plus de risques et que le médium connaîtrait ses avancées les plus significatives. « Malheureusement, les studios [occidentaux], bien financés et extrêmement compétents, nous ont surpassé sur quelques points, a-t-il déclaré selon un compte-rendu rédigé par Gamespot. On a souvent dit que le Japon était le modèle de l’industrie mondiale du jeu vidéo, mais c’est en train de devenir de moins en moins vrai. C’est triste mais c’est la vérité. »

C’est pourtant du Japon qu’est venue la fameuse NES, celle qui a ressuscité un marché console quasi-moribond après le crash d’Atari au milieu des années 1980. C’est également du Japon que sont venus les Miyamoto, les Sega et les Sony, des acteurs majeurs – encore aujourd’hui – du paysage vidéo-ludique. Sans même parler de l’image de véritable Mecque du jeu vidéo que continue à véhiculer le pays. Mais Kojima n’est visiblement pas le seul à sentir le vent tourner. Il y a quelques mois, Akira Yamaoka, responsable du son et compositeur des musiques de la plupart des Silent Hill chez Konami disait lui aussi constater un « décalage énorme. » « Je regarde ce que font les développeurs américains et je me dis, wow… le Japon a du souci à se faire, » déclarait-il à l’époque chez Gamasutra. Les deux derniers épisodes de la série, Silent Hill : Origins et Silent Hill : Homecoming, également connu sous le nom de Silent Hill 5, ont été ou sont d’ailleurs développés en Occident, par Climax Studios et The Collective respectivement. Miyamoto lui-même, dans une interview publiée chez Wired il y a quelques jours, confiait que les Etats-Unis « ont toujours été meilleurs lorsqu’il s’agissait de créer des jeux uniques, » expliquant la proportion inhabituelle de titres créés hors-Japon dans le line-up de lancement américain du service WiiWare.

Selon Yamaoka, l’un des problèmes résiderait dans le fonctionnement même de l’industrie japonaise du jeu vidéo : la nécessité de livrer les productions le plus rapidement et le plus économiquement possible, grosse pression pour de petits salaires, éroderait les motivations et résulterait en un vieillissement de la population des game designers, non compensée par l’arrivée en nombre suffisant d’une nouvelle génération. « Lorsque je feuillette des magazines, je vois des interviews de ‘créateurs vedettes’ tels que Mr. Sakaguchi, constate-t-il. Il s’agit de quelqu’un de très talentueux mais il n’est plus tout jeune. Et je ne vois pas beaucoup de jeunes créateurs de jeux au Japon. Mais quand je regarde ce qui se passe en Occident, je vois tous ces jeunes gens émerger à droite et à gauche, c’est vraiment fantastique. » Miyamoto, pour sa part, dépeint une industrie japonaise assez frileuse et voit dans le succès du mouvement indépendant (duquel sont issus les concepteurs de titres tels que Portal, LittleBigPlanet, flOw ou Everyday Shooter) l’un des plus précieux atouts pour les américains et les européens. « Au Japon, la technologie nécessaire à la création des jeux vidéo est généralement concentrée chez les gros studios, explique-t-il. Ici, aux Etats-Unis, vous avez ces développeurs indépendants qui ont réussi à acquérir les compétences et l’expérience car ils ont également réussi à accéder à la technologie et au matériel nécessaire. Ils peuvent laisser leur personnalité et leur vision unique éclater dans les jeux qu’ils créent. »

Il existe pourtant une production indépendante japonaise. On pourrait citer en vrac les expérimentations géniales de Yoshio Ishii, le jeu d’aventure zen du collectif Terminal House, les shmups de Kenta Cho ou les pitreries primées de Takahiro Miyazawa. Selon Miyamoto, cependant, cette scène serait encore trop petite et trop isolée. « Ces gens n’ont pas réellement de contacts avec l’industrie du jeu vidéo, mais il y a toujours une possibilité de dénicher des idées uniques au sein de cette communauté, » explique-t-il, exprimant son désir de voir certain de ces créateurs rejoindre l’écurie WiiWare. Pour, peut-être, marcher sur les traces de défricheur du Japan Studio Sony ; echochrome, le dernier projet de l’équipe, est en effet basé sur les expérimentations ludiques d’un étudiant nippon.

Source : www.overgame.com

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