La saison des annonces de résultats financiers trimestriels des fleurons de l’électronique japonais s’est achevée vendredi sur un piteux bilan : des dizaines de milliers d’emplois détruits et des pertes colossales, du jamais vu en si peu de temps.

Au moins 66.000, c’est le nombre de salariés que sept des principales multinationales de l’électronique japonaises (Sony, Panasonic, Hitachi, Toshiba, NEC, Canon et Sharp) vont sacrifier.

Le choc est d’autant plus rude que cette hécatombe a été annoncée en rafale, en même temps que des comptes abominables et des prévisions annuelles désespérantes.

L’emblématique Sony, fondé par feu Akio Morita, un capitaine d’industrie qui avait en sainte horreur les licenciements, s’apprête à congédier au moins 16.000 salariés dans le monde : pas le choix, expliquent les actuels dirigeants, « nos coûts fixes sont encore trop élevés ». Les mêmes brandissaient des bénéfices records il y a un an, saluant les premiers fruits d’années de restructuration.

La tempête économique mondiale a tout balayé entre octobre et décembre : les efforts antérieurs, comme les dividendes réclamés par les actionnaires un an plus tôt.

L’éternel rival de Sony, Panasonic, qui semblait si costaud il y a six mois encore après s’être profondément transformé au cours des dernières années, s’avoue lui aussi battu.

Résultat : il va encore se délester d’activités jugées irrécupérables, fermer 27 usines (dont la moitié au Japon) et abandonner 15.000 collaborateurs dans le monde.

Le pitoyable record est détenu par le groupe NEC, qui envisage de se séparer de 20.000 employés à cause de ventes de composants en berne.

Sharp, en forme éclatante l’an passé, posant la première pierre d’un gigantesque complexe industriel, et Canon, au sommet de sa forme à l’époque, ont pour le moment annoncé des coupes moins sévères (1.500 et 1.200 postes), mais nul n’aurait cependant imaginé qu’ils en arriveraient là.

Les patrons des plus grands groupes de high-tech se disent combatifs, mais s’avouent terrifiés par la puissance du séisme qui ravage leur secteur.

A l’instar des constructeurs automobiles, qui n’ont cessé de bâtir de nouvelles usines, y compris au Japon, les électroniciens s’étaient lancés dans une course au gigantisme pour bénéficier de hauts rendements et écraser les concurrents étrangers avec des technologies de pointe et des capacités de production inégalables, dans le domaine des téléviseurs à écran plat (Panasonic, Sharp, Sony), des mémoires (Toshiba), des appareils photos (Canon) ou autres produits-vedettes et composants.

Les fournisseurs ont suivi, obligés, et les petits sous-traitants aussi; d’autant que la plupart oeuvrent parallèlement pour le monde automobile, lequel fait de plus en plus appel à l’électronique.

Même Hitachi et Toshiba, deux conglomérats plus diversifiés, se disent contraints de diminuer leurs effectifs, alors même qu’une partie de leurs activités (les équipements pour centrales électriques) devrait servir d’amortisseur.

Cela ne suffit pas, car une autre calamité, corollaire de la crise financière, pénalise tous les exportateurs japonais : la fulgurante ascension du yen, qui révèle qu’une partie des bénéfices passés était artificielle, et que la rentabilité réelle restait fragile, à la merci d’une accélération de la baisse des prix de vente, de variations de taux d’intérêts et de fluctuations fortes des monnaies, scénario-catastrophe qui s’est réalisé.

Résultat, le nombre de victimes des plans sociaux est à la mesure des pertes financières estimées pour l’exercice en cours : 6 milliards d’euros pour Hitachi, plus de 3 milliards pour Panasonic, 2,4 milliards pour NEC, idem pour Toshiba, 1,25 pour Sony et 833 millions pour Sharp.

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