Vendredi 25 octobre, le gouvernement de Shinzo Abe a fait passer une loi afin de durcir la législation concernant les « secrets d’État ». Une mesure impopulaire auprès de la population et des journalistes. 

Shinzo Abe à Londres en 2013 (© Chatham House)
Shinzo Abe à Londres en 2013 (© Chatham House)

Le gouvernement pourra dorénavant classer « secrets d’État » des informations se rapportant à la défense, la diplomatie, le contre-espionnage, et l’anti-terrorisme. Les personnes directement touchées sont les fonctionnaires qui risquent jusqu’à 10 ans de prison s’ils divulguent ces informations. Pour tout autre individu qui détiendrait des documents rentrant dans cette catégorie, une condamnation est également prévue.

Selon un récent sondage mené samedi et dimanche par l’agence de presse Kyodo, 50.6% de la population japonaise désapprouve une telle loi. Parmi elle, la star de la télé Norika Fujiwara a déclaré : « en tant que citoyenne japonaise, je suis très inquiète. La population a le droit de savoir. »

Cette loi ne définit pas clairement ce qui peut être considéré comme « secret d’État ». Le gouvernement pourrait donc classer comme tel des dossiers gênants. Par conséquent, les journalistes verraient donc leur marge de manœuvre considérablement entravée sur des questions comme les tensions avec la Chine et la Corée du Nord, ou encore la situation à la centrale nucléaire de Fukushima.

Shinzo Abe et son gouvernement se défendent en disant que cette « loi est nécessaire au renforcement de la défense nationale ».

Daï Kaho – sources : The Japan Times, The Japan News

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17 Commentaires

  1. On voit qu’avec Abe le Japon se radicalise de plus en plus. ce qui me parait le plus inquiétant est que seulement la moitié de la population se déclare contre cette loi.
    Déjà que la transparence n’était pas une qualité japonaise…

  2. Drôle d’ambiance au Japon quand même depuis un certain temps…
    J’ai appris que des lettres pour « dénoncer des activités anti-japonaises » apparaissaient dans le monde universitaire.
    La part de nationalisme habituelle au Japon?
    Ou un sérieux stimulant officiel de l’Etat actuel qui fait passer des lois qui encouragent les personnalités paranoïaques.
    Heureusement que d’autres personnalités come Norika Fujiwara sont là!
    Allez Norika !!

  3. SLV et Telly soulèvent deux questions très intéressantes. La première est effectivement de savoir ce que l’Etat « peut » considérer comme un secret d’Etat, et sur quels critères bien précis il s’appuie pour cela. Car dans la situation actuelle, cette loi muselle purement et simplement les journalistes concernant les questions et problèmes « gênants ». Ensuite comme l’a dit Telly, le fait que seulement 50,6% se dit être contre cette loi peut en dire long sur le niveau d’intérêt que la population japonaise a concernant la politique de son gouvernement. Car avec une loi similaire en France, ce serait immédiatement des manifestations à l’échelle nationale!
    En tout cas c’est un dossier que nous allons essayer de suivre de près à la rédaction de Japon Infos.

  4. @DaiKaho
    Le même type de loi existe déjà en France. L’appellation est différente, on dit « secret défense » pour que le public ait moins l’impression de se faire rouler dans la farine. « Secret d’état » ça donne trop l’impression que le gouvernement veut cacher ses cadavres.
    Mais la méthode est la même: classification ordonnée par le ministre en charge + le premier ministre. Classification pour une durée maximale de 100 ans (donc plus poussé encore que la nouvelle version japonaise de la loi). Toute divulgation / aide a l’accès pour une personne non autorisée est puni de 7 ans de prison et 100,000 euros d’amende, soit plus que l’ancienne version de la loi japonaise.
    Il y a plusieurs catégories, qui sont, tout comme dans les lois japonaise et américaine relativement floues de manières a pouvoir y placer un peu ce que l’on veut.
    Quelqu’un a déjà réussi a obtenir les données exactes dont disposait le gouvernement français en 86 lors de Tchernobyl ? On a des relevés fait par des personnes extérieurs, mais aucun document interne au gouvernement n’a été divulgue a ma connaissance. J’aimerais bien voir les prescriptions données aux différents ministres et qui ont été classifiés, savoir si ils ont menti sciemment… même si il y a peu de place au doute.
    Les infos en france sont particulièrement difficiles a declassifier. Sauf en cas de gué-guerre politique comme ça a été le cas sur le tueur au scooter de Toulouse et les allégations sur la DCRI.

    • Merci pour vos pertinentes précisions Sai!
      En effet des lois similaires existent en occident, et comme vous l’avez dit cela est relativement flou. Il suffit de prendre pour exemple la très récente affaire Snowden et des écoutes de la NSA qui fait scandale.
      Sinon concernant le choix de traduction et l’appellation « secret défense », j’ai un peu hésité à l’utiliser au tout départ. Mais n’étant pas expert en matière de législation, j’ai préféré utiliser le terme « secret d’état » afin d’éviter toute confusion avec la loi française.
      Enfin comme je l’ai dit, outre le débat éthique entre ce qui « peut être dit’, et ce qui « doit être gardé pour assurer la sécurité de la nation », c’est surtout l’aspect sociologique de cette question que je trouve fascinant. En d’autres mots le rapport de confiance entre les citoyens japonais et leur gouvernement. En France, je pense que nous sommes beaucoup plus méfiants par rapport aux politiciens (et surtout maintenant!) que ne peuvent l’être les japonais.

      • Je suis d’accord avec vous, Daï Kaho, concernant l’intérêt sociologique que vous décrivez.
        Il serait interessant de voir comment de nouvelles lois peuvent bouleverser les pensées et les activités sociales ou médiatiques au Japon, pays où, selon moi, les lois tacites sont en général plus fortes et plus suivies que les lois écrites…

  5. Ne pas confondre un  » secret defense » qui a trait à la sécurité d’un pays ( services secrets, armée, technique, système d’arme et stratégie militaire) et  » secret d’Etat » qui lui protege un appareil politique de révélations qui peuvent le mettre en danger en affaiblissant sa position, la confiance des citoyens d’une démocratie ( maladie du chef de l’Etat, intérêts privés dans des marchés publics, corruption, accords internationaux secret…).

  6. Des personnalités de la télévision japonaise réagissent vivement contre le projet de loi et son aspect menaçant envers la liberté d’expression:

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