Le Japon est un pays qui est souvent considéré comme misogyne de par la division des tâches très ancrée dans la société. Cependant, les droits des femmes japonaises évoluent, lentement mais sûrement, et ces dernières prennent de plus en plus leur indépendance. Retour sur 150 ans d’histoire des lois retraçant l’évolution des droits des japonaises (sans prétention d’exhaustivité).

Avant l’ère Taishô (1912 – 1926)

En 1872, le code de l’éducation japonais établit que les étudiants doivent être éduqués « sans distinction de classe ou de sexe ». Mais vingt ans plus tard, les conservateurs décident de séparer les filles des garçons à partir de la quatrième année.

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Classe de couture au lycée technique de filles de Noshiro, en 1916
Source : Lycée technique de filles de Noshiro – domaine public

De manière générale, c’est toute leur indépendance qui était bridée. Avant 1867, les voyageurs avaient besoin d’un passeport pour voyager sur la route Kiso, qui reliait Edo (ancien nom de Tôkyô) à Kyôto par l’intérieur des terres. Ces passeports étaient contrôlés régulièrement. Sur les cinquante-trois postes de contrôles, vingt ne laissaient pas passer les femmes. Si elles pouvaient hériter de biens et de propriétés au XIIe siècle, la diffusion du confucianisme leur a repris ces droits jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Durant la période Edo (1603 – 1868), les femmes n’avaient toujours pas le droit de divorcer, contrairement à leur mari, et le seul moyen de s’en séparer était d’intégrer un couvent. Au début de l’ère Meiji (1868 – 1912), les femmes ont pu commencer à demander un divorce si elles étaient accompagnées d’un homme de leur famille et si elles pouvaient prouver la désertion de leur mari, son emprisonnement ou sa débauche ou bien si le mari était malade physiquement ou mentalement. En 1898, la cruauté devient également un motif recevable pour demander un divorce, et il pouvait également être effectué si les deux parties se séparent d’un commun accord. Par ailleurs, un article du Code Civil japonais interdit aux femmes de se remarier moins de six mois après leur divorce, au motif d’éviter qu’elles ne divorcent pour se remarier avec un amant dont elles seraient tombées enceinte.

Depuis le XIXe siècles, les lois se sont succédé pour interdire l’avortement. En 1869, sa pratique est interdite dans tout le Japon, loi renforcée en 1880 par le Code Pénal qui en fait un crime. En 1907, la Loi de l’Avortement Criminel s’accompagne de peines qui viennent punir le crime. Les femmes qui y ont recours encourent une peine allant jusqu’à un an de prison, et ceux la pratiquant, jusqu’à sept ans.

Sous les ères Shôwa (1926 – 1989) et Heisei (1989 – nos jours)

Les Japonaises ont obtenu le droit de vote après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, en 1946, lorsque l’on a exigé des Japonais qu’ils respectent l’égalité des individus. Ce droit nouvellement acquis a permis peu à peu d’améliorer la condition des femmes car elles sont plus nombreuses à voter que les hommes. De fait, la proportion d’élues politiques est plus grande que celles des femmes qui font une carrière « réussie » en entreprise. Cela a permis de faire avancer les débats sur la discrimination envers les femmes ainsi que sur la question de leurs droits. La première femme a être entrée au Gouvernement était Masa Nakayama, qui est devenue Ministre de la Santé en 1960.

C’est avec le soutien des Nations Unies, que le Japon a rejoint en 1956, que la condition de la femme au Japon a pu être améliorée. De nombreuses mesures égalitaires ont ainsi été prises, telle que la Loi d’Égalité d’Opportunité d’Emploi, votée en 1986, ou encore l’application d’une politique pour une société plus égalitaire, en 1999.

Celle-ci comprend quatre thèmes principaux : le respect des droit de l’Homme pour les hommes et les femmes, la réflexion sur des systèmes ou pratiques sociales, une participation jointe dans l’organisation et la décision des politiques, ainsi que la compatibilité des activités de leur vie de famille avec les autres activités. À cela s’ajoute la coopération internationale.

En 2001, en raison de rames surchargées durant les heures de pointe, des voitures women only (réservées aux femmes) sont ajoutées aux trains. Cela permet aux femmes de se sentir plus à l’aise dans un lieu où elles étaient souvent victimes d’attouchements.

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Entrée d’une rame de train « réservée au femmes »
Source : Yoshi – flickr CC 2.0

Les protégeant encore des hommes (responsables dans plus de 90% des cas), une loi contre la violence domestique est votée en 2001. La loi n’est pas accueillie à bras ouverts par tout le monde, certains pensant que battre leur femme était leur droit. Rappelons que dans la société japonaise, la femme a longtemps un statut assimilable à un objet ou une pièce rapportée qui se doit en tout temps de satisfaire et prendre soin de sa famille.

Le divorce, par exemple, n’est devenu possible sous les mêmes conditions qu’après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Cependant, en 2015, l’article du Code Civil qui empêchait toujours les femmes de se remarier dans les six mois après leur divorce est revu et le délai est baissé à cent jours. En février 2016, cet article ne s’applique plus aux femmes qui ne sont pas enceinte durant la procédure de divorce.

La loi de 1907 sur l’avortement n’a toujours pas été revue, mais son effet est neutralisé par de nouvelles lois. En 1948, le Japon vote la Loi de Protection Eugénique et devient l’un des premiers pays à légaliser l’avortement. Cette loi est révisée et améliorée en 1996, avec la Loi de Protection du Corps Maternel. La pilule contraceptive, quant à elle est légale depuis 1999 mais reste très peu utilisée. Les pilules contraceptives d’urgences ont elles été approuvées par le Ministère de la Santé et du Travail en 2011.

Le congé payé de paternité est fixé à 52 semaines, au Japon. Cette mesure aurait pour but de valoriser le travail des femmes en leur proposant l’alternative paternelle auprès de l’enfant. En mai 2016, une autre loi visant arrêter de pousser les femmes avec des enfants à la démission en les reléguant à des tâches ingrates est entrée en vigueur.

Toutes ces lois créent un contexte de plus en plus égalitaire. Malheureusement, cela ne signifie pas pour autant que toutes ces lois sont respectées, mais elles donnent un cadre d’action légal.

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SourceSource : Library of Congress - Domaine public
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Mélanie Bancel
Rédactrice pour Japon Infos et spécialisée en langue et culture japonaise.

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