, La querelle russo-japonaise sur les îles Kouriles s’invite au sommet

L’internaute féru de géographie qui consulte le site du sommet du G8 (www.g8summit.go.jp) relèvera sans doute une légère incongruité sur la carte du Japon par rapport aux cartes de l’archipel nippon habituellement publiées. Au nord-est du pays, tout en haut de l’île d’Hokkaido, trois petites îles et un petit archipel font partie intégrante du territoire national : Etorofu, Kunashiri, Shikotan et les îles Habomai, qui constituent pour le gouvernement japonais les « Territoires du Nord ». Erreur !, répondrait un Russe interrogé sur la question : il s’agit des quatre îles méridionales de l’archipel des Kouriles, territoire indivisible de la Fédération de Russie.

Depuis le XVIIIe siècle, Tokyo et Moscou se déchire sur la souveraineté de cet archipel stratégique. En août 1945, quelques semaines avant la capitulation japonaise, la Russie déclare la guerre au Japon et déploie ses troupes sur ce groupe d’îles dispersées entre la péninsule du Kamtchatka au nord, et la grande île d’Hokkaido au sud. Le traité de San Francisco, en 1951, attribuera l’archipel aux Soviétiques, mais Tokyo refusera d’y inclure les quatre îles les plus au sud, affirmant qu’elles constituent les « Territoires du Nord ».

Cette querelle sémantique perdure jusqu’à aujourd’hui. Tokyo et Moscou n’ont toujours pas signé de traité de paix à cause de cette question, même si aucun état de guerre ne subsiste évidemment entre les deux capitales. Les 15 000 habitants japonais de l’époque ont été pour la plupart déportés par les Soviétiques dès leur arrivée, et les îlots sont devenus durant la guerre froide hautement stratégiques pour l’Armée rouge, qui y avait déployé des unités terrestres et aériennes.

RESSOURCES HALIEUTIQUES

Si la « question des Kouriles » est évoquée lors de chaque rencontre bilatérale entre les deux pays, le conflit persiste néanmoins autour de cet archipel riche en ressources halieutiques. La dernière visite du premier ministre japonais, Yasuo Fukuda, à Moscou, en avril, n’y a rien changé, même si cette question figurait sur le programme de travail de ce déplacement.

La partie russe s’est donc émue de voir figurer en toutes lettres le « dossier des Territoires du Nord » sur le site Internet du sommet du G8, qui explique que les quatre îles concernées « font partie du territoire intégral du Japon, et n’ont jamais appartenu à un autre pays. Encouragé par le soutien de la nation, le gouvernement japonais tente de résoudre cette question avec le gouvernement russe », affirme le document.

« Le G8 ne doit pas être utilisé pour résoudre les questions bilatérales », a déploré un diplomate russe devant la presse. « Nous avons bien noté que les Japonais essaient de soulever, autour du sommet, le problème des Territoires dits du Nord, mais (…) ce n’est pas correct, d’autant plus que le Japon est la puissance invitante du sommet », a ajouté l’officiel russe. Une plainte qui n’a pas troublé la partie japonaise. Trois jours après les protestations russes, le texte explicatif sur les « Territoires du Nord » figure toujours, en anglais et en japonais, sur le site Internet du sommet du G8.
Alexandre Billette

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