Les japonais ne parlent en général pas l’anglais. Cette carence est-elle due au système éducatif ? Ou au fait que la langue japonaise est radicalement différente ? Plutôt que la grammaire, le vocabulaire, ou la prononciation, le problème est peut-être tout simplement de comprendre ce qu’est une langue étrangère.

AZRA-5-icone-EigoLe Japon est une puissance de premier plan. Son système éducatif s’établit en tête des classements mondiaux. Une bonne part de sa population a fait des voyages à l’étranger. Et pourtant, les compétences en anglais de la plupart des Japonais sont faibles, voire inexistantes.

Éliminons tout de suite la raison souvent invoquée de l’éloignement linguistique. Si celui-ci était un obstacle, les Chinois de Taïwan ou de Hong-Kong, les Singapouriens, les Finnois ou encore les Maltais, locuteurs de langues aussi éloignées de l’anglais que l’est le japonais, ne devraient pas le maîtriser. Or, une grande part d’entre eux parlent anglais, souvent même à un niveau qui se rapproche de celui des natifs. Le problème est donc à chercher ailleurs.

L’enseignement des langues porte dans ce problème une responsabilité certaine. Si la méthode classique par grammaire et traduction a partiellement disparu, et si, depuis quelques décennies déjà, on a introduit des cours communicatifs et multiplié les programmes impliquant des enseignants étrangers, ces efforts ne semblent pas avoir eu d’effet sur le niveau général. Il se trouve qu’en fait, la plupart des cours s’appuient toujours sur des traductions déguisées. Tests et exercices utilisent des questionnaires à choix multiples ou encore des phrases à remettre dans l’ordre, ce qui n’enseigne en rien la communication. Les concours des lycées et universités portent toujours sur des modèles à apprendre par cœur et jamais sur la maîtrise de l’expression orale ni écrite.

Il existe cependant une explication d’ordre plus général connectée de façon indirecte à la manière dont l’anglais est enseigné dans le système éducatif. Comme on l’a vu, l’anglais n’est jamais vu comme une langue de communication mais toujours comme une simple matière à test. L’école n’offre pas non plus d’éducation culturelle. Ainsi, tout au long de la scolarité puis de la vie d’adulte, l’anglais n’est jamais utilisé pour échanger avec d’autres personnes des contenus personnels, professionnels, culturels ou autre. Ainsi, bien souvent, malgré leur éducation, les Japonais ont du mal à saisir pleinement que l’anglais, comme le japonais, est une langue porteuse de nuances et de culture(s).

Quand il ne sert pas d’outil d’évaluation pour les tests et examens, l’anglais est au mieux un code, une simple manière de transposer le japonais. On le voit clairement dans la publicité, les affichages, les noms de boutiques, les catalogues, les modes d’emploi, dans les transports, etc. Pour ne donner qu’un seul exemple, l’expression 20% under a récemment fait son apparition dans les magasins pour exprimer ce qui serait normalement, en anglais, up to 20%. En effet, elle est la traduction mot à mot de l’expression japonaise correspondante. Ainsi, l’anglais est avant tout, pour les Japonais, une langue destinée aux Japonais. Ceci explique que la plupart des formes qu’on trouve au quotidien ne seraient pas possibles en anglais usuel, comme le fameux “Close” à la porte des magasins fermés.

Dans une prochaine chronique, nous verrons que cette question est aussi liée à celle du rapport avec l’étranger et les étrangers.

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Dans cette affiche d’une grande banque, il manque l’article “a”. Mais pourquoi l’affiche est-elle en anglais?

  1. Parce qu’elle s’adresse aux étrangers.
  2. Parce ce que tout le monde comprend l’anglais.
  3. Pour atténuer le message et le rendre plus chic.

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Dans cette photo, que signifie la banderole?

  1. N’approchez pas, danger !
  2. Bonnes affaires !
  3. Pensez à éteindre (pour faire des économies énergétiques).

Pour en savoir plus : Jean-Luc Azra (2011) «Les Japonais sont-ils différents?» (Éditions Connaissances et Savoirs)

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23 Commentaires

  1. Je suis assez d’accord avec l’article de Jean-Luc, pour la majorité des Japonais, les langues étrangères sont des langues barbares et bien sur exotiques. Les Japonais les utilisent comme n’importe quel objet étranger qu’ils ont copié et adapté à la culture japonaise sans en comprendre véritablement le sens et l’utilisation mais en étant totalement sûr que ce sont eux qui ont raison car pour eux, il n’existe vraiment qu’une culture intelligente, la japonaise.

  2. « Si celui-ci était un obstacle, les Chinois de Taïwan ou de Hong-Kong, les Singapouriens, les Finnois ou encore les Maltais, locuteurs de langues aussi éloignées de l’anglais que l’est le japonais, ne devraient pas le maîtriser. Or, une grande part d’entre eux parlent anglais »

    Peut être parce que une partie de ces populations ont était sous colonie britanique ou autre non ?,…

    « pour la majorité des Japonais, les langues étrangères sont des langues barbares et bien sur exotiques. […] en étant totalement sûr que ce sont eux qui ont raison car pour eux, il n’existe vraiment qu’une culture intelligente, la japonaise. »

    t’as pas l’impression de trop en faire là, franchement ?

    • En faire un peu trop? Non, pas vraiment, c’est en fait ce que pensent tous les nationalistes, surtout quand ils ne pensent pas qu’ils le sont. La majorité des japonais en est un exemple.
      Bien sur l’on va me rétorquer que :
       » moi je connais des Japonais, ils ne sont pas nationalistes, ils aiment et ils s’intéressent aux étrangers. Ce sont des amis ».
      Mais vous connaissez ceux-la justement parce qu’ils s’intéressent à vous, c’est une minorité, quelques dizaines ou centaines de milliers sur plus de cent millions de Japonais.
      Que sont les 3 à 4 % de personnes ouvertes aux étrangers dans un pays comme le Japon?
      Les Japonais voyagent à l’étranger, oui, mais en fait ce sont toujours les mêmes qui voyages et la grande majorité n’est jamais sorti du Japon quand ce n’est pas de leur région et qu’ils gobent tous les mensonges du gouvernement et des médias. Mensonges destiné à leur fair croire que tout va bien et que les méchants viennent toujours du dehors.
      Dans « aujourd’hui le Japon » nous nous étions amusés à dresser la liste de toutes les questions bêtes que posent les Japonais dans le style  » Au Japon il y a quatre saisons, et chez vous en France, il y a quatre saisons?  »
      Bien sur on va me répondre que les Français ne font pas la difference entre le Japon, la Chine, la Corée, qu’ils demande si les Japonais mangent du chien et font tous du judo à l’école.
      Mais la grande difference c’est que dans la majorité des questions, au Japon, le « nous » et le « vous » prédominent.

      • Réponse a deepslv,
        La grande différence entre le Japon et l Europe et particulière ment la France, c est le niveau du chômage
        Ici au Japon moins de 3%,en France combien? Combien de pauvres en France? Et en Europe? Alors le reste n’est que littérature sans importance. L Europe n arrête pas de décliner, cher Monsieur.

        • Je ne vois pas le rapport entre la situation économique et le fait de parler une langue étrangère.

          Comparer le chômage au Japon et en France sans comparer les lois et réglementations des deux pays est absurde. Ce qu’il faudrait comparer c’est le taux d’emplois ( japon 70% et France 64%) et les conditions de l’emplois, Japon 35% des emplois sont des emplois précaires, 13% en France.
          Personnellement cela ne me dérangerait pas de mettre à la poubelle les 1500 pages du code du travail français et de faire baisser de moitié le nombre de personnes qui travaillent directement et indirectement pour l’Etat. Cela créerait des emplois dans le privé qui est le vrai seul producteur de richesses. un fonctionnaire de plus détruit 1,5 emplois dans le privé et augmente de 0,3% le nombre de chômeurs.
          Autour de 7% de fonctionnaires au Japon, plus de 25% en France.

          Alors oui, la France est malade de son Etat qui représente 57% du PIB et aucun politique ne veut le diminuer, ni la gauche, ni la droite et surtout pas le FN qui comme tous les partis fascistes est étatiste.

          Quant au super keynesianisme nommé abenomics, il se plantera aussi.

          • « un fonctionnaire de plus détruit 1,5 emplois dans le privé et augmente de 0,3% le nombre de chômeurs. »
            0.3% ? Tu es sûr de ton chiffre là ?
            Et j’aimerai bien comprendre par quelle mécanique l’emploi d’un fonctionnaire détruit 1,5 emploi dans le privé.

      • « Que sont les 3 à 4 % de personnes ouvertes aux étrangers dans un pays comme le Japon? »
        Pouvez-vous me dire sur quels documents vous vous appuyez pour donner des chiffres aussi précis ? Je vous remercie pour votre réponse.

        Les résultats d’études et d’enquêtes montrent certes un renforcement du sentiment nationaliste (culturel) japonais depuis les années 1990, notamment en raison de la hausse des menaces nord-coréennes et des mouvements anti-japonais en Chine et en Corée du Sud. Cela dit, la majorité des Japonais ne semblent pas soutenir les mouvements anti-coréens.

        Par ailleurs, nombre d’études ont montré que le nationalisme, l’américanisme et le matérialisme sont fortement liés dans la période d’après-guerre au Japon. Dans l’Archipel, les sentiments nationalistes ne sont pas associés aux attitudes anti-américaines comme cela est le cas dans d’autres pays d’Asie. Les nationalistes japonais semblent donc pro-US et considèrent positivement la culture américaine. Ce sont toujours des études qui démontrent cela.

        Par ailleurs, selon un sondage réalisé en 2005, 61 % des Japonais se déclaraient fiers d’être Japonais : parmi les habitants d’Asie, ils se classent ainsi en avant-dernière position, derrière les Taïwanais, en termes de fierté nationale.

        Enfin, sur la question de l’anglais, en complément de l’article de Jean-Luc Azra, voici une autre lecture intéressante : (pages 20 à 26)

        • Les 3 à 4% sont le pourcentage de Japonais adultes disant étudier une langue étrangère, je n’arrive plus retrouver la source.

          Il y a plusieurs nationalismes au Japon, le nationalisme « imperial » celui qui en est resté au hakko ichiu de la période showa et qui se rassemble au yasukuni. Les yakuza en sont proche pour des raisons souvent opportunistes.
          Ce nationalisme est le plus visible, c’est celui qui défile dans la rue avec les 4X4 noirs diffusant les marches militaires.

          Il y a le nationalisme latent qui est beaucoup plus insidieux et moins visible. C’est celui qu’a diffusé le mouvement des nihonjinron, il s’est affaiblit par manque de moyens financiers pour le soutenir après l’explosion de la bulle de 95 mais il est toujours présent. dans la publicité, à la télévision, dans le discours des medias visant à montrer que le Japon est plus unique que les autres pays. Il s’est amolli en un patriotisme bienveillant se réfugiant dans la culture populaire.

          C’est vrai qu’il n’y a pas d’anti-américanisme au Japon comme on peut le voir en France mais peut-être du au respect du vainqueur et aussi à la curiosité de ce que les Etat Unis peuvent inventer et dont on peut profiter.

          Il est impossible de comprendre un peuple globalement et il y a autant de nationalisme/patriotisme au Japon que de Japonais. Il y a seulement certaines tendances que l’on peut remarquer mais qui ne seront jamais representatives de l’ensemble.

          @ Jonasan, Le dévouement demandé au patriote à l’égard de sa patrie est pour moi une abstraction, car pour moi une nation est aussi abstraction. Trop de mes ancêtres sont morts pour de belles paroles qui n’ont servi que des intérêts particuliers.
          Le nationalisme est d’abord un narcissisme et c’est aussi être fier de choses que l’on a pas faites soi-même et detester des personnes que l’on ne connait pas soi-même.

          • « Que sont les 3 à 4 % de personnes ouvertes aux étrangers dans un pays comme le Japon? » « Les 3 à 4% sont le pourcentage de Japonais adultes disant étudier une langue étrangère, je n’arrive plus retrouver la source. »
            Pour vous, « deepslv », les personnes « ouvertes aux étrangers » sont celles qui étudient une langue étrangère ? Cela est intéressant…

            Comme je vous l’ai expliqué, même les « nationalistes » japonais sont très ouverts à la culture occidentale, en particulier américaine – même s’ils ne parlent pas ou ont du mal à comprendre l’anglais ou d’autres langues étrangères. Combien sont les étrangers qui s’intéressent fortement à certains aspects de la culture japonaise (à travers les mangas, traduits, par exemple) et qui ne parlent pas du tout le japonais ?

            Par ailleurs, les résultats de grandes enquêtes, menées de 2000 à 2010, montrent que moins de 10 % des Japonais interrogés utilisent souvent l’anglais au travail (moins de 2 % l’utilisent très souvent) ; et 17 % des Japonais estiment avoir un niveau suffisant (60 % n’ont pas besoin de l’anglais). (Ces résultats sont analysés dans un article récent, en japonais, écrit par un universitaire de Tôdai.)

  3. « l’amour des siens c’est pas la haine des autres »

    On peut très bien aimer son pays être patriote tout en s’intéressant a d’autres cultures.
    Après ceux qui s’intéresse qu’as leurs pays peuvent avoir leurs raisons aussi (pas d’intérêts, manque de temps, trop concentrer sur son « je »,etc,…) autre que du racisme ou tout autre chose pareil.

    « Les Japonais voyagent à l’étranger, oui, mais en fait ce sont toujours les mêmes qui voyages et la grande majorité n’est jamais sorti du Japon »

    et peut être qu’ils voudraient bien ne le peuvent pas pour raisons financières ou autres, non ,
    J’trouve que tu fait vite des raccourcis

  4. @ telly, lis cette étude et tu comprendras.

    La création d’emplois publics, en grande partie financés par les impôts et les taxes, créent des monopoles qui faussent le marché concurrentiel, empêchent les créations d’entreprises.

  5. Mon cher Jean-François, je n’ai, moi, aucune prétention de vous expliquer quoi que ce soit. Seulement d’essayer de montrer ce qu’on ne voit pas ou ce qu’on feint de ne pas voir.
    Dans un pays aussi occidentalisé que le Japon, où les habitants ne vivent en aucune façon dans leur manières traditionnelle, ça ne vous fait peut-être pas plaisir mais enlevez du Japon actuel les apports techniques occidentaux et les changements culturels qui y sont liés et le Japon fait un bond en arrière consequent.
    Pour vous donner une image, les Toyota ne sont pas faites pour être piloté en geta et kimono. Le Japon a choisi d’utiliser des techniques et un mode de vie occidental qui ne lui a pas été imposé comme on voudrait bien le croire.
    Donc, oui les Japonais sont ouvert à l’occident comme des clients dans un supermarché qui achètent ce qui leur plait et les arrange, tout comme vous qui pouvez acheter des daikons et les cuisiner à la française ou faire des sushi avec du foie gras frais mi-cuit ou même écouter de la J-pop.

    Mais dans tous les cas vous êtes un consommateur, seule la langue que vous apprenez permet de vous immerger plus profondément dans une culture puisque pour parler une langue vous devez aussi penser dans cette langue et cela vous rend plus proche de ces étrangers dont vous parlez la langue.

    Les chiffres que vous donnez et qui émanent de la prestigieuse université de l’Etat Todai ( puisque c’est de Todai c’est forcement vrai et sérieux, comme en France Science Po et l’ENA sont un gage de sérieux en économie politique, il n’y a qu’a voir les politiciens qui en sont sortis).
    Si conformément à l’etude presque 1 Japonais sur 5 estime avoir un niveau suffisant en anglais et si 1 japonais sur 10 utilise l’anglais souvent, je ne vois pas vraiment l’utilité de l’article de Jean-Luc Azra car le niveau est tout à fait honorable.

    Dans ce cas la je ne vois l’utilité de cette discussion sur un problème qui n’en est pas un si l’on en croit l’étude de Todai.

    • « Mon cher Jean-François » ?

      Montrer ce que beaucoup feignent ne pas voir est important ; vous trouverez d’ailleurs sur Japon Infos nombre d’articles qui traitent d’aspects peu évoqués.

      Votre point de vue est d’ailleurs très intéressant ; merci de le partager. J’ai cependant du mal, à travers vos interventions, à bien comprendre ce que vous voulez dire précisément. D’abord vous affirmez que seuls 3 à 4 % des Japonais sont « ouverts à l’étranger » (en justifiant cela uniquement par le fait qu’ils étudient une langue étrangère, excluant les autres…) ; ensuite vous écrivez que, oui, les Japonais sont ouverts à l’occident.

      Autre exemple : « pour eux [les Japonais], il n’existe vraiment qu’une culture intelligente, la japonaise. » Cette phrase est sidérante.

  6. Je vais essayer de m’expliquer. Au Japon, acheter un produit étranger, même un produit culturel comme un livre ou un CD/DVD, aller voir un film étranger n’est pas toujours un signe d’ouverture à l’étranger du fait justement de l’occidentalisation du Japon, pour certains Japonais consommer Français est un acte volontaire de différenciation, un signe extérieur de différenciation, c’est cela que la publicité utilise.
    Par exemple, vous avez sans doute remarqué que dans une publicité d’une voiture étrangère c’est toujours un Japonais qui conduit la voiture alors que l’on emploie souvent des étrangers pour une pub de voiture japonaise roulant très souvent en Europe où justement cette voiture n’est pas exporté.
    Dans le cas de la voiture européenne, le conducteur japonais exprime son besoin d’être different de la masse par un signe d’internationalisation de ses achats et aussi un signe de réussite sociale. Le produit étranger n’est pas le but, c’est un moyen.
    Dans le cas de la voiture japonaise, le conducteur européen exprime son admiration pour la voiture japonaise et comble le spectateur japonais dans son incessante recherche de reconnaissance internationale.
    Pour donner un autre exemple, je ne crois pas qu’un Japonais veuille exprimer son admiration pour la Suisse quand il achète une Rolex.
    Le système produit japonais/mannequin étranger – produit étranger/ mannequin japonais est une constante dans la publicité nippone.

    Ainsi, je ne crois pas qu’on puisse dire que la consommation de produits étrangers sont un signe veritable d’ouverture.
    Les activités artistiques ne sont pas non plus des preuves d’ouverture.

    (en justifiant cela uniquement par le fait qu’ils étudient une langue étrangère, excluant les autres…) je n’ai jamais dit cela.

    • Désolé pour les fautes. Les commentaires ne permettent pas toujours d’exprimer correctement les avis et finissent par être plus long que les articles mais cette capacité de discussion propre à l’occident montre que l’on ne s’est pas encore réduit au consensus stérilisant que la pensé unique voudrait imposer au nom d’un relativisme égalitariste.

      Il va de soi que lorsque j’utilise  » les Japonais » je parle de la majorité des Japonais et pas seulement de ceux de Tokyo ou encore de ceux du carré Shinjuku, Shibuya, Minato, Chiyoda qui sont habitués à côtoyer des étrangers ( étrangers pris dans le sens d’occidentaux).

      Le problème quand on donne des pourcentages est que le chiffre ne donnent pas une image parlante du nombre de personnes. Ainsi, 4% de Japonais adulte qui disent apprendre une langue étrangère représente autour de 4 millions de personnes et 10% qui utiliserait l’anglais pour le travail 10 millions de personnes.

      J’ai montré dans mes exemples précédent pourquoi je pensais que la véritable ouverture à l’étranger ne peut se faire que par la langue.

      Apprendre à la musique et à jouer d’un instrument non-japonais n’est pas un signe d’ouverture parce que la musique occidentale est devenue universelle tout comme d’autres arts, la peinture, la danse.

      Un Français qui achète une Toyota ne le fait pas parce que c’est spécialement une voiture japonaise mais parce que c’est une bonne voiture ( en général). De même si vous achetez un appareil photo Nikon, ce n’est pas un signe d’ouverture vers le Japon, les marques japonaises ont encore un quasi monopole dans la photo et si les acheteurs français de TV délaissent Sony ou Panasonic ce n’est pas qu’ils se ferment aux produits japonais mais que LG et Samsung sont moins chers.

      Il en va de même pour les manga et les dessins animés, ce sont des produits et seule un petite minorité de personnes veulent en faire un acte militant d’ouverture au Japon et ceux la souvent finissent par apprendre le japonais.

      (Autre exemple : « pour eux [les Japonais], il n’existe vraiment qu’une culture intelligente, la japonaise. » Cette phrase est sidérante.)
      Cette phrase vous sidère peut-être mais elle représente une réalité.

      • Merci pour vos compléments. Je comprends bien votre point de vue.

        Une question me taraude : comment pouvez-vous parler d’une majorité sans vous appuyer sur les résultats de statistiques et d’enquêtes générales ? Ainsi, je me demande bien comment vous pouvez affirmer que pour la majorité des Japonais la seule culture intelligente est la leur et qu’ils sont majoritairement fermés aux étrangers. Les grandes enquêtes, lorsqu’elles existent, constituent une bonne base.

        Par ailleurs, je ne trouve pas la source qui indiquerait que 3-4% de Japonais adultes affirment apprendre une langue étrangère. Peut-être que les personnes qui connaissent la langue (mais ne l’étudient plus) ne sont pas comprises ? Je précise en outre que, selon l’étude en question, si 10% des Japonais utilisent souvent l’anglais au travail, ils sont 40% en incluant ceux qui doivent y avoir recours de temps en temps.

        Nous ne sommes en tout cas pas d’accord sur le lien entre apprentissage d’une langue et ouverture aux pays. Chaque individu qui se dit ouvert aux autres cultures devrait être polyglotte ? Cela serait absurde. La traduction d’ouvrages et les sous-titres des films sont, sur ce point, très importants. Le succès des romans et mangas japonais (et autres) traduits, en France, ne sont-ils pas souvent le signe d’un intérêt pour l’étranger ? Plus généralement, au Japon, pourquoi la prise de petits déjeuners traditionnels, à la maison, recule au profit de repas occidentaux, pris à l’extérieur ? Suite à l’augmentation des touristes venus d’Indonésie et de Malaisie, pourquoi certains Japonais, dans tout le pays (Tokyo, Hokkaidô, Kyôto, etc.), entreprennent des efforts pour les accueillir le mieux possible, en prenant en compte l’alimentation et les coutumes des musulmans ? Même si cela permet aussi de faire des affaires, ne s’agit-il pas aussi d’un intérêt de ces Japonais, qui ne parlent pas forcément le malais ou l’indonésien, pour ces autres cultures ? Je pourrais multiplier les exemples, même si je ne nie pas que certains habitants sont moins ouverts que d’autres. Au risque de me répéter, même les nationalistes sont ouverts aux cultures américaines et occidentales : il s’agit du résultat d’enquêtes et d’études.

        • Comme je vous l’ai dit, je ne retrouve plus le document d’où j’ai tiré ce chiffre.
          Je fais la distinction entre un intérêt pour ce qui se passe hors du Japon et une ouverture au mode de pensée extérieur au Japon qui ne signifie pas l’abandon de celui d’origine mais la capacité de raisonner selon plusieurs modes différents ce qu’impose l’apprentissage des langues étrangères. Mais peut-être que j’en demande trop et que mes critère sont plutôt élitistes.
          Il est vrai que des films, des livres et des manga peuvent servir d’introduction à la culture japonaise mais ce n’est pas parce que j’ai vu Albator et Candy à la TV debut 80 que je suis au Japon actuellement.

          10% des adultes japonais utilisent souvent l’anglais, ce chiffre m’étonne un peu, car même dans les entreprises étrangères au Japon, c’est en général le japonais qui est utilisé quotidiennement sauf si utiliser l’anglais se resume à quelques phrases comme celles que vous balancent les employés de McDo « sankyuu ».
          Le petit déjeuner traditionnel japonais est plus long à preparer que de faire griller des toast, c’est peut être une raison quand on voit que les femmes travaillent de plus en plus à l’extérieur.

          Vous le dites vous-même, s’adapter aux modes culinaires d’autres cultures permet aussi de faire des affaires, le Japon à fait des efforts louables pour le tourisme. Il y a de plus en plus d’informations écrites en anglais, coréen, chinois et espagnol dans les sites fréquentés par les touristes et les résidents étrangers. C’est très positif.

          • Suite –
            Ceci permet de revenir à la question premiere de l’article, pourquoi et comment sont utilisées les langues étrangères et dont en premier lieu l’anglais. Une trop grande quantité des panneaux et des plaquettes d’informations rédigés le sont en une langue intermédiaire entre l’anglais pour les vocabulaire et le japonais pour la syntaxe. Je suis presque sûr que la personne qui a rédigé le texte est convaincu que c’est de l’anglais comme dans l’ascenseur de mon immeuble qui annonce clairement  » the car is watched around the clock » pour dire qu’il y a une surveillance video 24/24, ou bien de documents officiels dont la traduction anglaise veut dire l’inverse de l’original japonais.
            Quelques fois le résultat est amusant comme ce restaurant du centre de Tokyo qui affichait un  » curse menu » pour halloween ( il fallait bien sur lire  » course menu »).

            Est-ce que comme dans l’hypothèse Sapir-Worth, ce qui ne peut être dit ne peut être pensé et que notre conception du monde dépend de la capacité de la langue à la formuler?

            La langue est en même temps le véhicule de la culture et son moteur.

  7. Je ne sais pas si vous êtes encore actifs dans cette conversation, mais je fais justement une étude sur l’usage de l’anglais dans certains pays asiatiques, le Japon entre autres, et je m’interrogeais sur le pourcentage de Japonais qui parlent anglais (qui peuvent entretenir une conversation de tous les jours, sans avoir besoin d’être extrêmement élaborée).

    Merci!

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