Le combustible nucléaire de trois réacteurs de la centrale de Fukushima (nord-est du Japon) pourrait avoir percé les cuves sous pression après avoir fondu dans les jours qui ont suivi le tsunami du 11 mars, indique un rapport du gouvernement japonais rendu public mardi.
Ce document de 750 pages est destiné à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui organisera une conférence ministérielle sur la sûreté nucléaire du 20 au 24 juin à Vienne, siège de l’organisme.
Lors d’une conférence de presse, Goshi Hosono, conseiller spécial du Premier ministre Naoto Kan sur la crise nucléaire, a déclaré qu’en rédigeant ce rapport, le Japon avait voulu partager cette leçon avec le monde.
Nous ne devons pas répéter les mêmes erreurs, a-t-il dit. Il faudra du temps pour passer en revue tous les faits d’un accident de cette ampleur. Mais nous avons décidé de faire savoir à la communauté internationale tout ce que nous savons jusqu’ici.
Dans son rapport, le gouvernement reconnaît que les instances de contrôle des centrales nucléaires n’ont pas été capables de répondre correctement à la crise survenue à Fukushima Daiichi (N°1) après le séisme et le tsunami géant du 11 mars qui ont endommagé quatre des six réacteurs.
Le document explique que le combustible est entré en fusion dans les réacteurs 1, 2 et 3 et qu’il est possible qu’il ait percé la cuve sous pression de chacun des réacteurs. Le combustible se serait accumulé au fond des enceintes de confinement qui entourent les cuves.
L’opérateur de la centrale, Tokyo Electric Power (Tepco), avait reconnu le mois dernier que le combustible avait partiellement ou totalement fondu, mais n’avait pas émis l’hypothèse qu’il ait pu percer les cuves sous pression.
Chacune de ces cuves est entourée d’une enceinte de confinement reposant sur une dalle de béton de huit mètres d’épaisseur.
Toutes ces données restent toutefois des suppositions, les techniciens n’ayant pas la possibilité de voir l’état réel de l’intérieur des réacteurs.
Le document reconnaît également que l’archipel n’était pas préparé à un accident de cette ampleur qui a dépassé les prévisions. Il en conclut qu’il est nécessaire désormais de séparer l’Agence de sûreté nucléaire et industrielle, chargée de superviser les centrales, du ministère de l’Industrie dont elle dépend aujourd’hui.
A l’issue d’une mission d’enquête d’une semaine au Japon fin mai, des experts de l’AIEA avaient déjà pointé du doigt le fait que les risques de tsunami avaient été sous-estimés et critiqué le manque d’indépendance de l’autorité de régulation nucléaire.
D’autre part, l’Agence de sûreté nucléaire a multiplié par deux son estimation de la quantité de particules radioactives émises dans l’atmosphère pendant la première semaine suivant l’accident de Fukushima, le plus grave depuis la catastrophe de Tchernobyl en 1986.
Elle pense que 770.000 terabecquerels se sont échappés des réacteurs endommagés et non pas 370.000 terabecquerels comme estimé précédemment.
Une autre commission gouvernementale avait toutefois d’emblée évalué à 630.000 terabecquerels la radioactivité émise à la suite des explosions d’hydrogène et par les panaches de vapeur.
Les experts soulignent cependant que la majeure partie des particules ont été emportées par les vents vers l’océan Pacifique, sans survoler les zones habitées.
Tepco espère parvenir d’ici janvier à refroidir progressivement le combustible et à le maintenir sous la barre des 100 degrés Celsius, étape cruciale pouvant mener à une sortie de crise à Fukushima.
TOKYO – (©AFP / 07 juin 2011 15h03) – Article original sur romandie.com