Voici, comme chaque semaine un nouveau mini-reportage en direct du Japon, réalisé grâce à notre correspondante permanente sur place : Karyn. Présente dans la célèbre ville de Tokyo, Karyn nous propose donc de nous faire vivre l’actualité high tech de ce côté-ci du globe. Dépaysement garanti !

Trouver une adresse à Tokyo, jungle urbaine où les rues n’ont pas de nom, relève de la gageure, même pour les taxis. En effet, pour éclairer ceux, qui depuis une semaine, s’interrogent, les adresses nippones sont structurées de la façon suivante : code postal-préfecture-ville-arrondissement-nom et numéro de quartier – numéro de bloc (pâté d’immeuble)- numéro et nom d’immeuble-numéro d’appartement-nom de la personne.

Vous suivez ? Le problème, c’est que la numérotation des différents éléments ne répond à aucune logique ou nomenclature unique ! Les numéros d’immeubles dans les blocs sont par exemple plus ou moins liés à l’ordre de construction initial, aux parcelles. Bref, c’est imbittable. Même si de grandes artères, qui peuvent faire près de dix kilomètres de long, sont parfois nommées, elles ne sont pas pour autant numérotées. Traversant plusieurs arrondissements et quartiers, les adresses d’un bout à l’autre ou d’un côté à l’autre n’ont de facto rien à voir !

Bilan, le plus souvent on tourne en rond sans rien comprendre. Si bien que les Japonais ont l’habitude de ne jamais partir à l’aventure sans un plan avec comme points de repères les gares, bureaux de postes, buildings, magasins et autres lieux remarquables.

D’où l’engouement justifié que connaissent au Japon les systèmes de radioguidage automobile par satellite (GPS) qui, eux, s’y retrouvent et sont aussi de véritables centrales de divertissement automobile.

Le GPS : produit à succès au Japon, oui mais lesquels ?

Premier producteur mondial d’autoradios GPS, le Japon est aussi le pays où le taux d’équipement est le plus élevé et où ils s’en vend désormais presque autant que de voitures, soit grosso-modo quelque 3,5 millions d’unités par an, selon l’Association des industriels de l’électronique japonais.

Au total, plus d’un tiers, soit plus de 25 millions de véhicules de tous types (berlines de tourisme, camions, bus…) équipés de ce genre d’engin sillonnent les routes nipponnes, et environ une automobile particulière sur trois en est d’ores et déjà dotée. Le taux d’équipement grimpe d’autant plus vite que plus des deux tiers de ces équipements sont vendus en même temps que le véhicule lui-même (matériel installé en première monte ou en option à l’achat). Autrement dit, près de deux voitures sur trois vendues en sont pourvues, le marché de l’après-vente (un tiers du total) étant lui fort logiquement en voie de régression.

Mais attention, il ne s’agit pas de Tom-Tom et autres petits appareils d’appoint. Généralement, les clients veulent du haut de gamme, parfaitement en phase avec le reste de la bagnole et bourré de fioritures. Car si les utilisateurs plébiscitent avant tout le côté pratique des appareils de radioguidage, notamment en ville, ils n’en négligent pas l’esthétique et la qualité audio. Ils ne veulent pas de « pièce rapportée » et exigent la meilleure ergonomie possible. Soulignons que le risque de se le faire chaparder reste faible.

Pour le chef de produit « carnavigation après-vente » de Pioneer, les équipements vendus séparément ont eux l’avantage d’être amovibles, de pouvoir passer d’une voiture à l’autre lors du renouvellement et d’être proposés sous forme de modules.

« Un client qui souhaite un système GPS associé à un ensemble audio de très haute qualité, peut choisir sur étagère les différents composants. C’est impossible quand tout est déjà en première monte », plaide-t-il. Arguments de bonne guerre. Mais c’est moins joli. L’installation d’origine avec des modèles exclusifs conçus en même temps que le design du tableau de bord est donc de plus en plus fréquente sur les voitures des constructeurs nippons (Toyota, Honda, Nissan, Mitsubishi Motors, Subaru, Suzuki, Daihatsu…), lesquels monopolisent le marché automobile local.

En effet, à titre indicatif, les Renault, Peugeot-Citröen et autres constructeurs français réunis ne vendent même pas 20.000 voitures par an au Japon, sur un marché de près de 4 millions d’exemplaires. Les seuls étrangers qui ne s’en tirent pas trop mal sont les allemands BMW, Mercedes-Benz et Audi… Les Louis Vuitton de la bagnole en somme !

Le GPS multifonctions de luxe est plébiscité
La popularité des luxueux autoradios à radioguidage GPS s’explique par plusieurs facteurs, selon les constructeurs automobiles, les fournisseurs d’équipements et les utilisateurs eux-mêmes. Pour plus de la moitié des acheteurs interrogés par le fabricant Clarion, trouver une adresse est la première motivation, obtenir un itinéraire est la deuxième et éviter les embouteillages la troisième.

Le radioguidage sonore via un appareil également piloté par commandes vocales est aussi un souhait majoritaire des acheteurs, de même que la présence d’un large écran tactile (7 pouces de diagonale ou plus). Les trois quarts des systèmes en circulation peuvent afficher sur les cartes les informations sur les embouteillages diffusées en temps réel par ondes hertziennes le long des routes. Ce service, baptisé VICS, né en 1996 et qui couvre désormais tout le territoire, est fourni par le ministère des Transports. Les données sont transmises automatiquement le long des routes par infrarouge et canal FM et autres techniques de transmission.

Les Japonais sont exigeants sur la fiabilité du trajet, la qualité de la cartographie (3D, avec photos et bientôt vidéo à la place des graphismes) et l’exactitude des données de trafic. Ils veulent aussi des fonctions de divertissement et des services d’information. L’intégralité des systèmes vendus font aussi office d’auto-radio, avec lecteur de CD, de MD, de DVD, interface iPod et même télévision (analogique au départ, numérique aujourd’hui). Un peu plus de la moitié des appareils fonctionnent avec une cartographie sur DVD, et le reste sur disque dur, ou sur CD-Rom pour les plus anciens. Autant de supports qui autorisent également le stockage de contenus audio et vidéo.

Toyota, Nissan et Honda se battent non seulement sur le design, les fonctions et la puissance des bagnoles mais aussi sur l’offre de services censés améliorer le plaisir de conduire, divertir les passagers et renforcer la sécurité. Depuis quelques années, ils proposent des nouvelles fonctions connues sous le terme générique « services télématiques » qui associent l’ensemble autoradio-TV-DVD-GPS aux réseaux de télécommunication cellulaires de troisième génération (3G).

Lancées au début des années 200, ces suites servicielles payantes couplées à de véritables ordinateurs multimédias GPS ont pour nom « G-Book » chez Toyota, « Carwings » chez Nissan et « Internavi Premium Club » chez Honda. Pioneer propose un service similaire pour ceux qui ont achetés séparément des modules de son vaste catalogue d’appareils.
L’accès aux différents services dépend de la nature et de la version du terminal, lesquels sont conçus en étroit partenariat entre les constructeurs et les spécialistes locaux que sont Clarion, Pioneer, Kenwood, Fujitsu, Xanavi, Matsushita/Panasonic et autres.

Tous ont en commun le radioguidage GPS, l’information en temps réel sur l’état du trafic (VICS) et souvent le paiement sans contact des péages de voies urbaines rapides et autoroutes (ETC). Les constructeurs proposent ensuite des compléments « maison » tirés de leurs propres bases de données et ajoutent leur petite touche avant-gardiste.

La dernière version de G-Book, « G-Book mx pro », met par exemple les cartographies à jour automatiquement via une liaison à internet directe par réseau cellulaire 3G (celui de l’opérateur KDDI). Plus besoin d’attendre le DVD actualisé. Toyota envoie à ses clients les informations VICS sur l’état du trafic remoulinées par ses soins et enrichies au passage de données prévisionnelles issues de l’observation en temps réel de l’évolution de la circulation.

Le système donne aussi accès à des dizaines de services spécifiques en ligne (météo, informations, restaurants, loisirs, parkings, stations-services, boutiques), similaires à ceux proposés sur un portail internet mobile. Les guides de restaurants et hôtels sont de véritables magazines touristiques en ligne, avec photos et parfois vidéos. Toyota offre aussi un catalogue de contenus (musiques et autres) à télécharger sur le disque dur intégré dans ses terminaux.
En outre, pour éviter au conducteur d’avoir à effectuer des recherche fastidieuses voire périlleuses lors de la conduite, un service d’opérateur joignable par l’appui sur une touche peut programmer à distance la destination souhaitée, via la liaison par réseau cellulaire.

Si l’airbag se déclenche, le service d’assistance est automatiquement prévenu. Des données recueillies régulièrement dans le véhicule sont adressées au centre de maintenance qui, à l’examen de ces informations, peut détecter une anomalie et avertir le propriétaire. L’écran affiche aussi à la demande les images des caméras qui équipent le véhicule, par exemple lors de l’utilisation du système de créneau automatique (la voiture se gare toute seule).

L’une des innovations techniques les plus appréciées concerne les écrans à double image, notamment installés sur des systèmes de bord de Toyota. Le passager avant peu regarder un DVD ou la télé en plein écran, alors que le conducteur voit sur le même afficheur sa carte GPS également en plein écran. Le procédé, qui s’appuie sur des filtres pour chaque angle de vue, est signé Sharp. Son objectif est bien évidemment de conjuguer confort et sécurité.

Sans vouloir être totalement exhaustif (car l’éventail de possibilités est très large), on n’oubliera pas de mentionner la fonction domotique. Elle permet au conducteur non seulement de vérifier ce qui se passe chez lui via une webcam fixe ou un robot domestique mobile, mais aussi d’allumer à distance les lumières, de mettre en route la climatisation ou encore d’ouvrir le portail. Elle est pas belle la vie ?

Les GPS de demain d’abord au Japon ?

Nissan, troisième constructeur japonais détenu à 44% par Renault et piloté (parfois de loin) par Carlos Ghosn, propose plus ou moins une batterie de services similaires. Il est notamment très fier de son bouquet de canaux audio et textuels, sorte de chaînes thématiques en ligne pour ses abonnés, accessibles depuis le terminal de bord. Il vante aussi une fonction qui permet d’être guidé jusqu’au bout, même si la dernière partie du tronçon doit être effectuée à pied. Les informations sont alors transférées par e-mail de la voiture vers le téléphone portable, tous les mobiles japonais étant compatibles avec les traditionnels courriers électroniques. Le SMS n’est d’ailleurs pas utilisé au Japon. Il n’a aucun intérêt face aux e-mails quasi-gratuits et multimédias.

Nissan a aussi récemment lancé une campagne de tests grandeur nature de nouveaux systèmes « intelligents » d’assistance à la conduite et de détection d’état d’ébriété. Ces outils sont destinés à éviter les collisions ou les dépassements de vitesse et à prévenir les bouchons et accidents. Ils viennent aussi compléter la base publique nationale d’informations sur le trafic en temps réel VICS. Les informations collectées en temps réel par les véhicules abonnés aux services Nissan « Carwings » (position, vitesse, enchaînement des accélérations/décélérations…) remontent automatiquement vers une base de données par l’intermédiaire d’un téléphone portable relié à l’autoradio, via le réseau de télécommunications cellulaires de NTT DoCoMo, partenaire de Nissan pour ces tests. Ces mannes de données sont compulsées par des serveurs pour être ensuite délivrées aux autres abonnés en fonction de la zone dans laquelle ils se trouvent et de la direction vers laquelle ils se dirigent. Cela permet de donner aux autres conducteurs des bons tuyaux pour éviter d’être coincé dans les bouchons.

L’expérimentation, qui court jusqu’à mars 2009 dans la banlieue de Tokyo, porte aussi sur un dispositif d’alerte de la présence de véhicules à des intersections dangereuses. Le conducteur est par exemple averti de l’arrivée d’une automobile aux croisements aveugles par son autoradio/GPS. De même est-t-il rappelé à l’ordre, par un son strident accompagné d’un message visuel sur l’écran de l’autoradio, s’il dépasse la faible vitesse autorisée à proximité des établissements scolaires. Sa voiture ne démarre pas s’il est ivre.

STOP ! On arrête là.

Il y a d’ailleurs fort à parier que, sans même aller plus loin dans l’exploration du paysage technique, certaines des fonctions décrites ci-dessus vont encore faire hurler des ardents défenseurs des libertés individuelles. La voie est libre…

Espérons néanmoins que tout le monde sera d’accord pour reconnaître l’utilité sympathique d’un dernier « gadget », proposé par Nissan, et que l’on pourrait baptiser : « j’me casse ! qui m’aime me suive ». Il s’agit d’une fonction qui permet de prévenir par e-mail des amis de l’emplacement où se trouve la voiture, via l’autoradio GPS, et éventuellement de leur demander de rappliquer

Source : www.clubic.com

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