Le Premier ministre, Shinzô Abe, poursuit sa conquête de l’opinion pour réviser la Constitution pacifique du Japon. Mais la population japonaise ainsi que les pays voisins restent toujours sceptiques.

Shinzô Abe, 10 mars 2014. Photo : Facebook.
Shinzô Abe, 10 mars 2014. Photo : Facebook.

Shinzô Abe continue d’insister sur la nécessité de réviser l’article 9 de la Constitution qui stipule que le Japon renonce à utiliser la guerre pour régler des contentieux internationaux. Il revendique le droit du Japon à exercer son droit d’auto-défense collective : « Cette mesure est souvent mal interprétée comme étant un moyen pour le Japon de déclencher des guerres à nouveau mais je promets que cela n’arrivera pas. »

Cette déclaration s’est faite après que les détracteurs de cette révision ait exprimé leurs inquiétudes vis-à-vis du rôle militaire du Japon qui pourrait dès lors s’impliquer dans un conflit international. Mais le Premier ministre a défendu les principes pacifiques de la Constitution : « Je pense que des préparations juridiques pour permettre au Japon d’anticiper et de réagir dans n’importe quelle situation urgente renforcera la dissuasion et évitera au Japon d’être impliqué dans un conflit ou une guerre ». Shinzô Abe a ainsi donné l’exemple d’un cas où le Japon aurait à soutenir les Etats-Unis dans la défense des soldats américains qui auraient à évacuer des citoyens japonais d’une zone de conflit.

Le Premier ministre devra aussi convaincre son allié, le Nouveau Komeito, qui reste sur ses gardes concernant cette révision de la Constitution. Le leader du parti, Natsuo Yamaguchi, a aussi tenu à faire part d’une possible « déception de la population japonaise si Abe insiste trop sur sa volonté d’exercer le droit d’auto-défense collective », et a rajouté qu’il y avait des problèmes plus importants à l’heure actuelle. Les paroles du leader du New Komeito ne sont pas dépourvues de vérité après qu’un sondage ait montré que seulement 37% de la population soutenait la légalisation du droit à l’auto-défense, alors que plus de la moitié s’y oppose.

Les pays voisins sont sceptiques et cette mesure ne fera qu’empirer les choses après la visite du Premier ministre au temple Yasukuni. « Je ne pense pas qu’il veut que le Japon parte en guerre mais plutôt qu’il se prépare à n’importe quel scénario. Mais s’il réussit à changer l’article 9, cela déclenchera des tensions et une sensation de danger », a déclaré Sven Saaler, un professeur d’histoire moderne du Japon à l’université de Sophia. « Il est important de prendre en considération la façon dont les autres pays vont accueillir cette nouvelle. »

La révision de l’article 9 voulu par Shinzô Abe ne fait donc pas l’unanimité et le Premier ministre devra faire face à de nouvelles protestations, notamment celles des survivants de la bombe atomique.

Claire Bouyssou – sources : Asahi Shimbun, Japan Times 1, Japan Times 2

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